Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
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mandrake
Elgregou
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Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Voilà.
Je me décide à poster ici une nouvelle que j'ai écrite il y a quelques temps, pour avoir quelques retours dessus.
Par souci d'honnêteté, je tiens à préciser que j'avais rédigé ce texte pour un concours (Concours International Arts et Lettres de France), et que j'ai remporté une Première Mention (ce qui n'est pas mal du tout, a priori). J'avais fait cela pour regagner un peu confiance envers mon écriture après des déboires en fac de Lettres Modernes.
Maintenant, on en vient à une chose qui me tient extrêmement à coeur. Cette nouvelle, c'est moi qui l'ai écrite. J'y ai mis un peu de sueur, et beaucoup de coeur. Par conséquent, je tiens à préciser que je pose un énorme copyright dessus. Je n'accepterai en aucun cas qu'on la reprenne, qu'on la copie, qu'on la plagie, qu'on en tire profit sous quelque forme que ce soit, en intégralité ou en partie.
A ceux qui iraient contre cette simple règle de bienséance, je préviens que j'irai très loin dans ma démarche, et que je n'hésiterai pas à porter plainte devant la justice, avec les avocats et les méchants juges que cela implique. Je précise également que je détiens une sorte de diplôme de la part du concours pour ma remise de prix, avec la date et le titre de la nouvelle (entre autres), ce qui constitue une preuve indéniable que j'en suis l'auteur. Par conséquent, j'espère que cela dissuadera toute personne mal intentionnée de vouloir me voler mon travail.
Si une personne veut reproduire de quelque manière cette nouvelle ou la poster ailleurs, il est IMPERATIF qu'elle me contacte avant cela.
J'espère que tout a bien été clair ?
Merci donc de me laisser vos avis, aussi bien positifs que négatifs, mais surtout (dans les deux cas) d'argumenter un peu votre jugement. Je suis bien entendu ouvert à toute discussion concernant cette nouvelle, ce que vous en pensez, ce qu'elle vous inspire, si le style d'écriture vous convient, etc...
Ah. Petite précision : la nouvelle est assez courte (5 pages) car c'était la limite imposée par le concours.
EDIT : Les alinéas, qu'il est tenu de mettre normalement en début de paragraphe, ne passent pas sur le site. Par conséquent, la lecture risque d'être moins aérée et un peu plus contraignante. J'espère que cela ne vous gênera pas trop, et que vous ne m'en voudrez pas de ne pas avoir le courage de les refaire manuellement.
Je me décide à poster ici une nouvelle que j'ai écrite il y a quelques temps, pour avoir quelques retours dessus.
Par souci d'honnêteté, je tiens à préciser que j'avais rédigé ce texte pour un concours (Concours International Arts et Lettres de France), et que j'ai remporté une Première Mention (ce qui n'est pas mal du tout, a priori). J'avais fait cela pour regagner un peu confiance envers mon écriture après des déboires en fac de Lettres Modernes.
Maintenant, on en vient à une chose qui me tient extrêmement à coeur. Cette nouvelle, c'est moi qui l'ai écrite. J'y ai mis un peu de sueur, et beaucoup de coeur. Par conséquent, je tiens à préciser que je pose un énorme copyright dessus. Je n'accepterai en aucun cas qu'on la reprenne, qu'on la copie, qu'on la plagie, qu'on en tire profit sous quelque forme que ce soit, en intégralité ou en partie.
A ceux qui iraient contre cette simple règle de bienséance, je préviens que j'irai très loin dans ma démarche, et que je n'hésiterai pas à porter plainte devant la justice, avec les avocats et les méchants juges que cela implique. Je précise également que je détiens une sorte de diplôme de la part du concours pour ma remise de prix, avec la date et le titre de la nouvelle (entre autres), ce qui constitue une preuve indéniable que j'en suis l'auteur. Par conséquent, j'espère que cela dissuadera toute personne mal intentionnée de vouloir me voler mon travail.
Si une personne veut reproduire de quelque manière cette nouvelle ou la poster ailleurs, il est IMPERATIF qu'elle me contacte avant cela.
J'espère que tout a bien été clair ?
Merci donc de me laisser vos avis, aussi bien positifs que négatifs, mais surtout (dans les deux cas) d'argumenter un peu votre jugement. Je suis bien entendu ouvert à toute discussion concernant cette nouvelle, ce que vous en pensez, ce qu'elle vous inspire, si le style d'écriture vous convient, etc...
Ah. Petite précision : la nouvelle est assez courte (5 pages) car c'était la limite imposée par le concours.
EDIT : Les alinéas, qu'il est tenu de mettre normalement en début de paragraphe, ne passent pas sur le site. Par conséquent, la lecture risque d'être moins aérée et un peu plus contraignante. J'espère que cela ne vous gênera pas trop, et que vous ne m'en voudrez pas de ne pas avoir le courage de les refaire manuellement.
Dernière édition par Elgregou le Mar 22 Nov 2011 - 6:39, édité 1 fois
Elgregou- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Mort annoncée
« … quelques éclaircies sur la moitié Nord du pays. Tout de suite, les annonces pré-mortuaires de la semaine présentées par Richard Mole.
– Merci Catherine. Comme vous le savez tous, c’est dans le courant de cette semaine que décèdera le chanteur Jack Colegran. La star a annoncé qu’elle était, je cite, moralement prête à faire le grand saut et qu’elle remerciait toute sa famille, ses amis, et ses fans d’avoir rendu sa vie aussi merveilleuse qu’elle pouvait l’être. Les obsèques auront lieu le mercredi 16 novembre en petit comité mais un hommage est d’ores et déjà prévu pour le samedi 19, avec notamment une interprétation des plus grands succès de Colegran par d’autres chanteurs tels que Nazim, Rick Hopooly , ou encore Lucie Noëlie.
Une autre prévision de décès faisant parler d’elle, celle de Marc Lodon, PDG des entreprises Filgo. Alors que son successeur, Philippe Calliou, se prépare à prendre la tête de la société, de nombreux employés émettent des doutes quant à… »
Hector éteignit la télé. Il jeta un rapide coup d’œil à sa montre. 7h35 déjà, il allait être en retard. Il ingurgita d’une seule bouchée la moitié restante de son toast, fit descendre le tout avec une gorgée de café, et commença à enfiler sa veste. Il n’avait pas encore ajusté son col qu’un cri retentit à l’étage.
– Hector ! Hector !
C’était Judith, sa femme. Hector grimpa les escaliers en quatre enjambées. Judith s’appuyait sur le rebord du lit, se maintenant debout avec effort. Son visage, crispé par la douleur, présentait pourtant un sourire timide et joyeux.
– Hector ! Je crois que ça y’est ! Je sens les contractions. Hector ! Il faut y aller. Maintenant !
– Ca… Calme-toi, balbutia nerveusement Hector. Je t’emmène à l’hôpital. Habille-toi, je vais aller démarrer la voiture.
C’était une de ces matinées typique du mois de novembre. Une fine et fraiche brume décorait le paysage citadin en lui donnant l’éclat blafard d’une ville fantôme, et le givre fondait à peine sous les premiers rayons d’un Soleil tiède. L’aboiement d’un lointain cabot rompit ce silence religieux qu’appellent les frimas de l’automne, et déjà quelques timides rugissements mécaniques dénoncèrent l’habituel départ des travailleurs. D’ordinaire, Hector aimait à profiter de ces 2 minutes, celles où il sortait et où la nature doucereusement brute réveillait en lui, l’espace d’un instant, quelques mystérieux instincts ancestraux et sauvages. Mais aujourd’hui, il n’apprécia pas ; il ne fallait pas. L’heure n’était pas à la contemplation. Il allait être père, bon sang ! Il galopa dans l’allée tout en fouillant ses poches à la recherche de ses clés. Enfin. Ca y’est. C’était maintenant, le moment qu’il attendait et redoutait tant depuis des mois. Son petit garçon allait naître, son enfant, leur enfant… L’éduquer, le regarder partir à l’école pour la première fois… Découvrir ses passions, son caractère… Parler de ses premières amours, lui dire que la cigarette c’est mal, lui apprendre à se raser, boire une bière avec lui, et finalement le voir grandir… Mais une pensée, toujours la même, horrible, vint frapper son esprit : « Est-ce que je serai capable si sa vie… si sa vie… ». La pensée elle-même était trop insoutenable pour qu’il ose terminer de l’élaborer à l’intérieur de sa caboche fatiguée. C’était à chaque fois pareil. Il fuyait cette horrible réflexion, et pourtant la fin de son raisonnement était là, lui souriant malicieusement, lui rappelant ce qui était inéluctable. Qu’il le veuille ou non, il allait bientôt savoir, savoir si « ça en valait la peine ». Cet égoïsme qu’il se découvrait et abhorrait, voilà ce qui le tétanisait au plus haut point. Avec quels yeux verra-t-il son enfant quand il saura la fameuse date ? Aura-t-il le courage de faire son « boulot de père » ?
Hector chassa une fois de plus ce flot d’idées noires et ouvrit la portière de la voiture. Il fit tourner la clé de contact ; il fallait faire chauffer le moteur. Il ressortit, pressa le pas jusqu’à la porte d’entrée, puis finalement considéra qu’il pouvait bien s’octroyer 15 secondes de répit. Il s’arrêta pour inspirer une bouffée de cet air frais qu’il aimait tant et se passa les mains sur son visage et dans ses cheveux roux et clairsemés. Il commençait à les perdre, c’était pas de bol quand même… Bon sang ! Ca n’était pas le moment ! Il respira une dernière bouffée, expira bruyamment et, considérant un léger frisson de stress s’échapper le long de son dos, se jugea enfin prêt à affronter la situation. Il rentra chercher Judith.
C’était une salle d’attente d’hôpital, ça ne faisait aucun doute. Assis sur une chaise en plastique bon marché, Hector observait consciencieusement la décoration simple et symétrique qui conférait à la pièce un aspect encore plus aseptisé que de raison. Une simple table noire et carrée recouverte de magazines bon marché trônait en son centre, tandis que deux ficus mal arrosés se dévisageaient placidement, rompant la monotonie des murs auxquels ils étaient adossés. 2-3 tableaux sans génie aucun – qu’est-ce que ces lignes entrecroisées pouvaient bien signifier, se demandait Hector – achevaient l’esthétisme « vite fait bien fait » de ce qui, à l’évidence, n’était pas une pièce rentrant dans les priorités de l’établissement. Bien que l’un des côtés donnât directement sur le couloir où déambulaient les infirmières, jamais Hector ne s’était senti aussi coupé du monde extérieur.
Il regardait ses genoux, qu’il tapotait frénétiquement ; c’est à peu près la seule occupation digne de ce nom qu’il avait été capable de trouver. Il n’avait pas voulu assister à l’accouchement, prétextant qu’il n’aurait pas le cœur assez accroché. La vérité était qu’il avait peur de sa réaction face à Judith, peur que l’inquiétude qui l’assaillait ne transparaisse sur son visage et gâche ce précieux moment. Et puis, il avait, encore et toujours, besoin de réfléchir. Il n’en eut pas le temps : un homme, la quarantaine grisonnante, entra dans la salle, haletant. Puis, voyant qu’il y avait du monde, il se ravisa.
– Bonjour, dit-il d’un air affable.
– ‘jour…
Hector n’avait jamais été très doué pour le dialogue. Pour lui, un bon silence n’était jamais embarrassant pourvu que l’on sache comment s’y prendre. Enfin… c’est ce qu’il se disait pour tâcher de se convaincre. La vérité était qu’il n’aimait pas parler, point. L’homme, visiblement, n’en avait cure.
– Alors ? Vous aussi vous allez être père ? C’est votre première fois ? demanda-t-il en retirant son écharpe.
– Mmmh mmmh… acquiesça Hector d’un hochement de tête.
– Faut pas vous en faire, vous savez. Moi c’est le deuxième. Nous on a eu peur aussi la première fois. Je veux dire, ma femme et moi. Faut dire qu’avec ces lois sur l’espérance de vie, ça fout un peu les chocottes, c’est compréhensible.
Hector releva la tête. Etait-ce si visible ? Pouvait-on voir sur son visage ce qui le rongeait, ou bien vivait-il finalement ce que chaque père avait vécu avant lui ? Quoiqu’il en soit, ce mouvement n’échappa pas à son interlocuteur, qui vit là une opportunité pour continuer la conversation.
– Ouais. Vous en faites pas. Une fois que vous le tiendrez dans vos bras, votre enfant, vous vous en ficherez du reste. Qu’il vive jusqu’à 30 ans ou 80, vous verrez que ça ne change rien.
– Rien ? Comment ça ? avança Hector.
– Ben rien quoi. Je veux dire, c’est votre enfant. C’est normal que vous l’aimiez, non ? répondit l’homme en écarquillant soudainement les yeux.
– Mmh mmmh… Hector baissa la tête et regarda à nouveau ses genoux.
Normal ? Pouvait-on parler de normalité quand même la naissance d’un enfant devait côtoyer l’idée de mort ? Cette loi, cette stupide loi ! Ces foutus chercheurs !
Il se souvenait bien de comment tout cela avait commencé. La date en revanche… C’était il y a douze, treize ans ? Il ne connaissait même pas Judith à l’époque, pffiou ça ne le rajeunissait pas ! Il regardait, comme à son habitude, les infos du matin à la télé. Puis, au milieu des catastrophes, guerres et énièmes salons de l’auto, ce petit reportage s’était glissé, là, anodin de primes abords. Quelques études lancées au hasard sur le génome humain avaient permis de localiser un gène intéressant ; ce dernier semblait effectivement contenir des informations vitales – un bien mauvais jeu de mots – sur l’espérance de vie d’un sujet. Ni une ni deux, la perspective de découvrir le pourquoi du comment de la vie et, bien entendu, le moyen de la contrôler avait séduit les hommes en blouse blanche. « Une découverte qui laisse présager de nombreux progrès pour la science ». Cette phrase passe-partout avait conclu le reportage. Après tout, qui risquait de s’intéresser aux fariboles de ces chercheurs quand le monde avait les yeux rivés sur les dernières frasques amoureuses de la dernière starlette en vogue ?
Pourtant, ces deux minutes trente d’informations avaient marqué Hector. Il se souvenait être resté assis quelques instants sur le canapé, sans bouger, sans écouter les braillements supplémentaires de la télévision. Il pensait. Oh, ce n’était pas le plus grand penseur de son temps, ni même quelqu’un de particulièrement éclairé, mais il avait une éthique. Et il avait ce don qu’ont les gens simples de savoir repérer un feu trop vif pour être contrôlé, ou ne serait-ce qu’approché. Pour lui, la vie n’était pas un jouet à mette entre les mains de quiconque. Que l’Homme puisse contrôler la vie était un danger. Qui pouvait se vanter de posséder assez de sagesse pour décider d’une chose pouvant bouleverser jusqu’aux fondements de l’existence humaine ? Mais déjà, c’était l’heure de partir travailler. Il y repenserait ce soir, c’est ce qu’il s’était dit… Cela dit, la fatigue de la journée et un dîner rapide lui firent vite oublier sa résolution du matin. En y repensant maintenant, il s’étonnait de voir à quel point les hommes peuvent négliger les réflexions importantes au profit d’une vie bien rangée.
Mais la télé l’avait vite rappelé à l’ordre. Quelque chose comme 5 semaines s’étaient écoulées lorsque le petit écran lui annonça la nouvelle ; et c’était pire, bien pire que ce qu’il avait imaginé. Le fameux gène en question n’avait apporté aucune connaissance supplémentaire sur le sens de la vie, sa création, ou quelque moyen de la contrôler. Non. Ce qu’il indiquait en revanche sans faille aucune était l’âge auquel un individu mourrait. Pas à deux ou trois ans près, loin s’en fallait, mais avec une précision chirurgicale, une marge d’erreur d’une semaine au grand maximum.
Une limite était franchie. Même le présentateur du journal n’avait pu masquer une moue inquiète, l’espace d’une seconde, avant d’enchaîner sur les dernières revendications des agriculteurs en colère. Mais Hector, lui, était fusillé. La science n’avait pas percé le secret de la vie. Elle n’avait même rien découvert du tout, sinon les limites de sa puissance. La mort, l’inéluctable, l’issue que chacun n’ignorait pas d’atteindre un jour ou l’autre… Le seul moyen de l’oublier était le souverain hasard avec lequel elle frappait tout un chacun. Cette connaissance maintenant faussée, savoir que la mort pouvait frapper à chaque instant, était ce qui paradoxalement nous faisait oublier son omnipotence. Mais maintenant, on avait une date, on pouvait savoir ! Chaque jour, dès le lever, on se dirait : « J’ai encore tant de temps à vivre ».
« Heureux les ignorants ! » avait pensé Hector. Il préférait ne pas savoir. Et s’il découvrait qu’il mourrait au cours de l’année ? Tout ce qu’il avait fait, ses études, ses démarches pour trouver un travail et un appartement, ses amours… Tout ça aurait-il un sens dorénavant ? Et quand bien même apprendrait-il qu’il mourrait dans trente ans, respecterait-il toujours autant la vie ? Une personne qui se sait immortelle pour un temps ne va-t-elle pas commettre les plus folles actions ?
Ses craintes ne tardèrent pas à trouver un écho, 6 ou 7 mois plus tard, sous la forme d’un fait divers qui fit frissonner tout le globe. Un homme qui s’était fait prédire sa mort découvrit que son heure arriverait 3 ans plus tard – et des broutilles – .Qu’il fut psychologiquement déséquilibré ou non, personne ne le sut vraiment. Toujours est-il qu’il décida qu’étant encore sur Terre pour un temps, il pouvait se permettre de se jouer du danger pendant encore 3 années. D’après les dires de ses amis, il s’amusait ainsi à traverser les carrefours en plein trafic puis courait entre les voitures et, dans la cacophonie des klaxons, riait de son duel avec la Faucheuse qu’il savait gagné jusqu’à la date prévue. Son arrogance fut fauchée en même temps que ses jambes lorsqu’un automobiliste un peu plus distrait ou fatigué que les autres le heurta de plein fouet. Il n’était pas mort, mais il ne valait guère mieux. Transporté à l’hôpital, on apprit plus tard qu’il était plongé dans un profond coma. 3 ans plus tard, en allumant le poste de télévision au petit matin, Hector avait, comme tant d’autres, appris la nouvelle : l’homme en question venait de décéder, son état n’ayant jamais connu d’amélioration notable.
On savait donc maintenant l’horrible fiabilité du Gène Omega, appellation dont les medias l’avaient banalement paré. Bien sûr, dans l’ombre, quelques infortunés s’étant fait prédire une mort précoce avaient bien fini par décéder à la date annoncée. Mais il fallait du sang pour impressionner ; il fallait du sensationnel. Dès lors, dans l’esprit des gens, puisque la télévision avait démontré la toute-puissance des prévisions inscrites dans le gène, on prenait enfin conscience de notre impuissance. La panique suivit. Nombreux furent ceux qui tentèrent par tous les moyens d’échapper à la fatalité. Certains s’enfermaient un mois à l’avance dans leur maison, sans en sortir, vivres et produits hygiéniques prévus en conséquence. Une simple crise cardiaque, une chute malencontreuse la tête la première sur le coin d’une table, une intoxication alimentaire, une crise d’asthme, une fuite de gaz, un incendie, l’intrusion de cambrioleurs peu soucieux de la vie d’autrui… Peu importaient les multiples protections dont s’entouraient les personnes, il se passait inévitablement quelque chose à l’heure dite ; en 5 secondes c’était fini, elles n’avaient même pas le temps de voir l’événement se profiler. Certains choisissaient le suicide avant l’heure fatale ; quand on ne se déballonnait pas une fois le calibre dans la main, on se ratait. Dans d’autres cas, quelqu’un venait nous sauver, ou les médicaments n’étaient pas assez rapides pour éviter une intervention aux urgences. Les sauts des 5ème étages n’étaient jamais fatals : ils permettaient juste à la victime de survivre, un certain temps donné, LE temps donné. Qu’importe ce qu’on faisait, on n’y pouvait rien.
Les actes les plus fous étaient parfois tentés. Hector se rappelait particulièrement le cas de cette femme qui avait découvert que son heure arriverait d’ici 8 mois à peine. Désespérée, elle avait consulté devins, voyants et autres charlatans qui avaient infirmé la prédiction, en assurant que sa ligne de vie lui assurait encore de nombreuses années sur cette terre. Cela ne l’avait évidemment que bien peu rassurée et, l’échéance approchant, elle décida elle-même d’accroitre son existence ; à l’aide d’un cutter, elle prolongea simplement la ligne de vie de sa main, aussi loin et profondément qu’elle le put. Ce ne fut qu’un mois plus tard qu’on la découvrit, rigide sur son lit. Rictus sardonique, contraction de la mâchoire, raideur musculaire… Les médecins avaient conclu que le tétanos en était à un stade déjà bien avancé. Sans doute le cutter n’avait-t-il pas été de la plus parfaite des hygiènes. Elle décéda, comme de bien entendu, quelques temps plus tard, à l’heure dite…
En se remémorant ceci, Hector laissa poussa un petit rire contrit, un de ceux que l’Homme laisse échapper lorsqu’il constate son impuissance. A l’école, il avait toujours trouvé les tragédies immortalisées par le théâtre particulièrement ennuyeuses. Que les personnes soient le jouet d’un destin implacable et inévitable lui semblait grotesque, et il se plaisait à imaginer leurs auteurs comme de vieux rabat-joies surfant sur la mode du maussade. Aujourd’hui, il se retrouvait comme tous les autres vulgaire pantin d’une mascarade orchestrée par des puissances qu’on avait à peine pu frôler du doigt avant de comprendre que tout ce qui nous était permis de faire était de constater, passivement.
Après le déni, la colère, et la peur, vint donc la résignation. L’un mourrait grand-père ? Il haussait les épaules. L’un mourrait dans l’année ? Il profitait de ses derniers instants au maximum ou au contraire vaquait à ses habituelles occupations, sans oublier toutefois de bien organiser ses propres funérailles à l’avance.
Et puis il y avait eu ce coup de massue, ce décret. Si on ne pouvait contrôler la vie ou la mort, on pouvait en revanche utiliser ce nouveau savoir. Pourquoi embaucher des personnes qui mourraient un an plus tard ? Pourquoi aider des personnes condamnées à courte échéance ? Pourquoi favoriser autant que les autres ceux qui ne pouvaient, qui ne pourraient contribuer pleinement à l’essor de la nation ? Comme on jette une pomme un peu talée d’un panier, quelques puissants politiciens avaient décidé de purger la population, de ne garder que le meilleur. Oh bien sûr, ils avaient tourné ça à leur manière : « Nous épargnerons ainsi aux décédés précoces le parcours laborieux de l’embauche alors qu’ils se savent condamnés », ou encore « Les chefs d’entreprise pourront ainsi mieux appréhender les changements au sein du personnel et garantir la prospérité du pays, en évitant également de laborieuses démarches administratives », et puis aussi « Epargner à l’Homme les inquiétudes d’une fatalité hasardeuse ne peut qu’être un progrès pour le bien-être de l’Humanité ». Manque d’argumentation total, mais les phrases joliment tournées ont toujours su convaincre. Toujours est-il que la loi fut adoptée ; sans doute y avait-il une majorité de politiciens fantasmant sur le contrôle des morts et naissances. Bien entendu, il y eut quelques manifestations de groupes horrifiés par cette violation de l’éthique. On les laissa juste vociférer leurs slogans et brandir leurs pancartes pendant quelques semaines avant qu’ils ne décident, lassés, de rentrer chez eux.
Ainsi, tout se tassa. Une simple prise de sang à la naissance, une analyse rapide de ce petit bout de quelques risibles picobarn, et on savait. Si les parents prenaient connaissance dans l’heure suivant l’accouchement de l’espérance de vie de leur enfant, ils devaient cependant garder le secret envers ce dernier jusqu’à sa majorité. Cela évitait ainsi l’éventuel désintérêt pour l’école, et des débordements violents de jeunes adolescents n’ayant plus rien à espérer de l’avenir.
Bien sûr, dès la mise en place du décret, tous les adultes avaient dû se rendre chez leur médecin afin de procéder aux analyses et d’être en règle, socialement parlant. Hector, comme sans doute tous les autres, avait eu peur de tout perdre. Heureusement, la feuille médicale qu’il reçut le surlendemain à son domicile lui annonçait qu’il avait encore 52 ans à vivre. Bon, ça lui ferait 79 ans, ça aurait pu être bien pire. En tout cas, il garderait son travail.
Deux ans plus tard, il rencontrait Judith. Et au milieu des premiers dîners et bouquets de fleurs, il ne pouvait s’empêcher d’y penser : « Est-ce que ça vaut le coup de continuer avec elle ? ». Il l’aimait, mais il voulait aussi se construire une vie durable. Ce fut elle qui, un soir, sur le canapé, devant un film, l’air faussement désinvolte, lui demanda :
– Tiens au fait, tu meurs quand toi ?
– Ah… Heu, hé bien à 79 ans…
– Ah ? Moi c’est à 84.
Elle se tut, et fit mine de regarder à nouveau le film. Et Hector sut. Il sut qu’elle aussi n’avait eu que cette pensée en tête depuis leur rencontre. Il sut que si sa mort avait été trop prématurée, il n’aurait pas retrouvé Judith dans le lit à son réveil. Même l’amour était faussé. Tout devenait tellement factice ! A présent, des sites de rencontre spéciaux fleurissaient sur Internet pour les Précoces (comme on les appelait). « Salut, je vais mourir à 34 ans et j’ai quand même envie de construire une famille avant ça. Si ça te dit, appelle-moi… ». Voici le type d’annonce terrifiante qu’on pouvait y lire. Partout ailleurs, la ségrégation commençait à se manifester. Rejetés sur le marché de l’emploi, certains Précoces construisaient leurs propres villages et tenaient leurs petits commerces, en autarcie. Et quand tout ce beau monde se révolterait, que se passerait-il ? Des morts ? Ah ! Hector ne put s’empêcher de rire.
– Monsieur Merios ?
Hector s’extirpa de ses pensées. Une infirmière venait de pénétrer dans la salle d’attente.
– Oui. C’est moi, dit-il en se levant nerveusement.
– Félicitations, c’est un beau petit garçon, lui annonça-t-elle d’une manière qui lui sembla peut-être un peu trop professionnelle. Si vous voulez bien me suivre…
Le quadragénaire grisonnant lui adressa un grand sourire, et l’applaudit silencieusement. Hector inclina la tête en guise de remerciement ; au fond de lui, il admirait qu’on puisse s’adapter aussi facilement au « progrès ». Peut-être fallait-il juste ne pas vouloir penser ?
Hector emboîta le pas à l’infirmière. On l’amenait dans la chambre d’hôpital où Judith l’attendait. Il allait la voir souriante, tenant leur enfant dans ses bras. Il trembla. Il s’arrêta un moment. Puis devant l’air pressant de l’infirmière, il reprit sa marche. La prise de sang avait sans doute déjà été effectuée. Dans une heure, il saurait. Quand, quand, quand ? A quel âge ? Il s’immobilisa à nouveau, s’accouda à un mur, puis éclata en sanglots. L’infirmière se retourna et lui sourit.
– Ne vous en faites pas, c’est bien normal d’être ému. Vous pouvez être fier, c’est un bien joli garçon !
– Merci Catherine. Comme vous le savez tous, c’est dans le courant de cette semaine que décèdera le chanteur Jack Colegran. La star a annoncé qu’elle était, je cite, moralement prête à faire le grand saut et qu’elle remerciait toute sa famille, ses amis, et ses fans d’avoir rendu sa vie aussi merveilleuse qu’elle pouvait l’être. Les obsèques auront lieu le mercredi 16 novembre en petit comité mais un hommage est d’ores et déjà prévu pour le samedi 19, avec notamment une interprétation des plus grands succès de Colegran par d’autres chanteurs tels que Nazim, Rick Hopooly , ou encore Lucie Noëlie.
Une autre prévision de décès faisant parler d’elle, celle de Marc Lodon, PDG des entreprises Filgo. Alors que son successeur, Philippe Calliou, se prépare à prendre la tête de la société, de nombreux employés émettent des doutes quant à… »
Hector éteignit la télé. Il jeta un rapide coup d’œil à sa montre. 7h35 déjà, il allait être en retard. Il ingurgita d’une seule bouchée la moitié restante de son toast, fit descendre le tout avec une gorgée de café, et commença à enfiler sa veste. Il n’avait pas encore ajusté son col qu’un cri retentit à l’étage.
– Hector ! Hector !
C’était Judith, sa femme. Hector grimpa les escaliers en quatre enjambées. Judith s’appuyait sur le rebord du lit, se maintenant debout avec effort. Son visage, crispé par la douleur, présentait pourtant un sourire timide et joyeux.
– Hector ! Je crois que ça y’est ! Je sens les contractions. Hector ! Il faut y aller. Maintenant !
– Ca… Calme-toi, balbutia nerveusement Hector. Je t’emmène à l’hôpital. Habille-toi, je vais aller démarrer la voiture.
C’était une de ces matinées typique du mois de novembre. Une fine et fraiche brume décorait le paysage citadin en lui donnant l’éclat blafard d’une ville fantôme, et le givre fondait à peine sous les premiers rayons d’un Soleil tiède. L’aboiement d’un lointain cabot rompit ce silence religieux qu’appellent les frimas de l’automne, et déjà quelques timides rugissements mécaniques dénoncèrent l’habituel départ des travailleurs. D’ordinaire, Hector aimait à profiter de ces 2 minutes, celles où il sortait et où la nature doucereusement brute réveillait en lui, l’espace d’un instant, quelques mystérieux instincts ancestraux et sauvages. Mais aujourd’hui, il n’apprécia pas ; il ne fallait pas. L’heure n’était pas à la contemplation. Il allait être père, bon sang ! Il galopa dans l’allée tout en fouillant ses poches à la recherche de ses clés. Enfin. Ca y’est. C’était maintenant, le moment qu’il attendait et redoutait tant depuis des mois. Son petit garçon allait naître, son enfant, leur enfant… L’éduquer, le regarder partir à l’école pour la première fois… Découvrir ses passions, son caractère… Parler de ses premières amours, lui dire que la cigarette c’est mal, lui apprendre à se raser, boire une bière avec lui, et finalement le voir grandir… Mais une pensée, toujours la même, horrible, vint frapper son esprit : « Est-ce que je serai capable si sa vie… si sa vie… ». La pensée elle-même était trop insoutenable pour qu’il ose terminer de l’élaborer à l’intérieur de sa caboche fatiguée. C’était à chaque fois pareil. Il fuyait cette horrible réflexion, et pourtant la fin de son raisonnement était là, lui souriant malicieusement, lui rappelant ce qui était inéluctable. Qu’il le veuille ou non, il allait bientôt savoir, savoir si « ça en valait la peine ». Cet égoïsme qu’il se découvrait et abhorrait, voilà ce qui le tétanisait au plus haut point. Avec quels yeux verra-t-il son enfant quand il saura la fameuse date ? Aura-t-il le courage de faire son « boulot de père » ?
Hector chassa une fois de plus ce flot d’idées noires et ouvrit la portière de la voiture. Il fit tourner la clé de contact ; il fallait faire chauffer le moteur. Il ressortit, pressa le pas jusqu’à la porte d’entrée, puis finalement considéra qu’il pouvait bien s’octroyer 15 secondes de répit. Il s’arrêta pour inspirer une bouffée de cet air frais qu’il aimait tant et se passa les mains sur son visage et dans ses cheveux roux et clairsemés. Il commençait à les perdre, c’était pas de bol quand même… Bon sang ! Ca n’était pas le moment ! Il respira une dernière bouffée, expira bruyamment et, considérant un léger frisson de stress s’échapper le long de son dos, se jugea enfin prêt à affronter la situation. Il rentra chercher Judith.
C’était une salle d’attente d’hôpital, ça ne faisait aucun doute. Assis sur une chaise en plastique bon marché, Hector observait consciencieusement la décoration simple et symétrique qui conférait à la pièce un aspect encore plus aseptisé que de raison. Une simple table noire et carrée recouverte de magazines bon marché trônait en son centre, tandis que deux ficus mal arrosés se dévisageaient placidement, rompant la monotonie des murs auxquels ils étaient adossés. 2-3 tableaux sans génie aucun – qu’est-ce que ces lignes entrecroisées pouvaient bien signifier, se demandait Hector – achevaient l’esthétisme « vite fait bien fait » de ce qui, à l’évidence, n’était pas une pièce rentrant dans les priorités de l’établissement. Bien que l’un des côtés donnât directement sur le couloir où déambulaient les infirmières, jamais Hector ne s’était senti aussi coupé du monde extérieur.
Il regardait ses genoux, qu’il tapotait frénétiquement ; c’est à peu près la seule occupation digne de ce nom qu’il avait été capable de trouver. Il n’avait pas voulu assister à l’accouchement, prétextant qu’il n’aurait pas le cœur assez accroché. La vérité était qu’il avait peur de sa réaction face à Judith, peur que l’inquiétude qui l’assaillait ne transparaisse sur son visage et gâche ce précieux moment. Et puis, il avait, encore et toujours, besoin de réfléchir. Il n’en eut pas le temps : un homme, la quarantaine grisonnante, entra dans la salle, haletant. Puis, voyant qu’il y avait du monde, il se ravisa.
– Bonjour, dit-il d’un air affable.
– ‘jour…
Hector n’avait jamais été très doué pour le dialogue. Pour lui, un bon silence n’était jamais embarrassant pourvu que l’on sache comment s’y prendre. Enfin… c’est ce qu’il se disait pour tâcher de se convaincre. La vérité était qu’il n’aimait pas parler, point. L’homme, visiblement, n’en avait cure.
– Alors ? Vous aussi vous allez être père ? C’est votre première fois ? demanda-t-il en retirant son écharpe.
– Mmmh mmmh… acquiesça Hector d’un hochement de tête.
– Faut pas vous en faire, vous savez. Moi c’est le deuxième. Nous on a eu peur aussi la première fois. Je veux dire, ma femme et moi. Faut dire qu’avec ces lois sur l’espérance de vie, ça fout un peu les chocottes, c’est compréhensible.
Hector releva la tête. Etait-ce si visible ? Pouvait-on voir sur son visage ce qui le rongeait, ou bien vivait-il finalement ce que chaque père avait vécu avant lui ? Quoiqu’il en soit, ce mouvement n’échappa pas à son interlocuteur, qui vit là une opportunité pour continuer la conversation.
– Ouais. Vous en faites pas. Une fois que vous le tiendrez dans vos bras, votre enfant, vous vous en ficherez du reste. Qu’il vive jusqu’à 30 ans ou 80, vous verrez que ça ne change rien.
– Rien ? Comment ça ? avança Hector.
– Ben rien quoi. Je veux dire, c’est votre enfant. C’est normal que vous l’aimiez, non ? répondit l’homme en écarquillant soudainement les yeux.
– Mmh mmmh… Hector baissa la tête et regarda à nouveau ses genoux.
Normal ? Pouvait-on parler de normalité quand même la naissance d’un enfant devait côtoyer l’idée de mort ? Cette loi, cette stupide loi ! Ces foutus chercheurs !
Il se souvenait bien de comment tout cela avait commencé. La date en revanche… C’était il y a douze, treize ans ? Il ne connaissait même pas Judith à l’époque, pffiou ça ne le rajeunissait pas ! Il regardait, comme à son habitude, les infos du matin à la télé. Puis, au milieu des catastrophes, guerres et énièmes salons de l’auto, ce petit reportage s’était glissé, là, anodin de primes abords. Quelques études lancées au hasard sur le génome humain avaient permis de localiser un gène intéressant ; ce dernier semblait effectivement contenir des informations vitales – un bien mauvais jeu de mots – sur l’espérance de vie d’un sujet. Ni une ni deux, la perspective de découvrir le pourquoi du comment de la vie et, bien entendu, le moyen de la contrôler avait séduit les hommes en blouse blanche. « Une découverte qui laisse présager de nombreux progrès pour la science ». Cette phrase passe-partout avait conclu le reportage. Après tout, qui risquait de s’intéresser aux fariboles de ces chercheurs quand le monde avait les yeux rivés sur les dernières frasques amoureuses de la dernière starlette en vogue ?
Pourtant, ces deux minutes trente d’informations avaient marqué Hector. Il se souvenait être resté assis quelques instants sur le canapé, sans bouger, sans écouter les braillements supplémentaires de la télévision. Il pensait. Oh, ce n’était pas le plus grand penseur de son temps, ni même quelqu’un de particulièrement éclairé, mais il avait une éthique. Et il avait ce don qu’ont les gens simples de savoir repérer un feu trop vif pour être contrôlé, ou ne serait-ce qu’approché. Pour lui, la vie n’était pas un jouet à mette entre les mains de quiconque. Que l’Homme puisse contrôler la vie était un danger. Qui pouvait se vanter de posséder assez de sagesse pour décider d’une chose pouvant bouleverser jusqu’aux fondements de l’existence humaine ? Mais déjà, c’était l’heure de partir travailler. Il y repenserait ce soir, c’est ce qu’il s’était dit… Cela dit, la fatigue de la journée et un dîner rapide lui firent vite oublier sa résolution du matin. En y repensant maintenant, il s’étonnait de voir à quel point les hommes peuvent négliger les réflexions importantes au profit d’une vie bien rangée.
Mais la télé l’avait vite rappelé à l’ordre. Quelque chose comme 5 semaines s’étaient écoulées lorsque le petit écran lui annonça la nouvelle ; et c’était pire, bien pire que ce qu’il avait imaginé. Le fameux gène en question n’avait apporté aucune connaissance supplémentaire sur le sens de la vie, sa création, ou quelque moyen de la contrôler. Non. Ce qu’il indiquait en revanche sans faille aucune était l’âge auquel un individu mourrait. Pas à deux ou trois ans près, loin s’en fallait, mais avec une précision chirurgicale, une marge d’erreur d’une semaine au grand maximum.
Une limite était franchie. Même le présentateur du journal n’avait pu masquer une moue inquiète, l’espace d’une seconde, avant d’enchaîner sur les dernières revendications des agriculteurs en colère. Mais Hector, lui, était fusillé. La science n’avait pas percé le secret de la vie. Elle n’avait même rien découvert du tout, sinon les limites de sa puissance. La mort, l’inéluctable, l’issue que chacun n’ignorait pas d’atteindre un jour ou l’autre… Le seul moyen de l’oublier était le souverain hasard avec lequel elle frappait tout un chacun. Cette connaissance maintenant faussée, savoir que la mort pouvait frapper à chaque instant, était ce qui paradoxalement nous faisait oublier son omnipotence. Mais maintenant, on avait une date, on pouvait savoir ! Chaque jour, dès le lever, on se dirait : « J’ai encore tant de temps à vivre ».
« Heureux les ignorants ! » avait pensé Hector. Il préférait ne pas savoir. Et s’il découvrait qu’il mourrait au cours de l’année ? Tout ce qu’il avait fait, ses études, ses démarches pour trouver un travail et un appartement, ses amours… Tout ça aurait-il un sens dorénavant ? Et quand bien même apprendrait-il qu’il mourrait dans trente ans, respecterait-il toujours autant la vie ? Une personne qui se sait immortelle pour un temps ne va-t-elle pas commettre les plus folles actions ?
Ses craintes ne tardèrent pas à trouver un écho, 6 ou 7 mois plus tard, sous la forme d’un fait divers qui fit frissonner tout le globe. Un homme qui s’était fait prédire sa mort découvrit que son heure arriverait 3 ans plus tard – et des broutilles – .Qu’il fut psychologiquement déséquilibré ou non, personne ne le sut vraiment. Toujours est-il qu’il décida qu’étant encore sur Terre pour un temps, il pouvait se permettre de se jouer du danger pendant encore 3 années. D’après les dires de ses amis, il s’amusait ainsi à traverser les carrefours en plein trafic puis courait entre les voitures et, dans la cacophonie des klaxons, riait de son duel avec la Faucheuse qu’il savait gagné jusqu’à la date prévue. Son arrogance fut fauchée en même temps que ses jambes lorsqu’un automobiliste un peu plus distrait ou fatigué que les autres le heurta de plein fouet. Il n’était pas mort, mais il ne valait guère mieux. Transporté à l’hôpital, on apprit plus tard qu’il était plongé dans un profond coma. 3 ans plus tard, en allumant le poste de télévision au petit matin, Hector avait, comme tant d’autres, appris la nouvelle : l’homme en question venait de décéder, son état n’ayant jamais connu d’amélioration notable.
On savait donc maintenant l’horrible fiabilité du Gène Omega, appellation dont les medias l’avaient banalement paré. Bien sûr, dans l’ombre, quelques infortunés s’étant fait prédire une mort précoce avaient bien fini par décéder à la date annoncée. Mais il fallait du sang pour impressionner ; il fallait du sensationnel. Dès lors, dans l’esprit des gens, puisque la télévision avait démontré la toute-puissance des prévisions inscrites dans le gène, on prenait enfin conscience de notre impuissance. La panique suivit. Nombreux furent ceux qui tentèrent par tous les moyens d’échapper à la fatalité. Certains s’enfermaient un mois à l’avance dans leur maison, sans en sortir, vivres et produits hygiéniques prévus en conséquence. Une simple crise cardiaque, une chute malencontreuse la tête la première sur le coin d’une table, une intoxication alimentaire, une crise d’asthme, une fuite de gaz, un incendie, l’intrusion de cambrioleurs peu soucieux de la vie d’autrui… Peu importaient les multiples protections dont s’entouraient les personnes, il se passait inévitablement quelque chose à l’heure dite ; en 5 secondes c’était fini, elles n’avaient même pas le temps de voir l’événement se profiler. Certains choisissaient le suicide avant l’heure fatale ; quand on ne se déballonnait pas une fois le calibre dans la main, on se ratait. Dans d’autres cas, quelqu’un venait nous sauver, ou les médicaments n’étaient pas assez rapides pour éviter une intervention aux urgences. Les sauts des 5ème étages n’étaient jamais fatals : ils permettaient juste à la victime de survivre, un certain temps donné, LE temps donné. Qu’importe ce qu’on faisait, on n’y pouvait rien.
Les actes les plus fous étaient parfois tentés. Hector se rappelait particulièrement le cas de cette femme qui avait découvert que son heure arriverait d’ici 8 mois à peine. Désespérée, elle avait consulté devins, voyants et autres charlatans qui avaient infirmé la prédiction, en assurant que sa ligne de vie lui assurait encore de nombreuses années sur cette terre. Cela ne l’avait évidemment que bien peu rassurée et, l’échéance approchant, elle décida elle-même d’accroitre son existence ; à l’aide d’un cutter, elle prolongea simplement la ligne de vie de sa main, aussi loin et profondément qu’elle le put. Ce ne fut qu’un mois plus tard qu’on la découvrit, rigide sur son lit. Rictus sardonique, contraction de la mâchoire, raideur musculaire… Les médecins avaient conclu que le tétanos en était à un stade déjà bien avancé. Sans doute le cutter n’avait-t-il pas été de la plus parfaite des hygiènes. Elle décéda, comme de bien entendu, quelques temps plus tard, à l’heure dite…
En se remémorant ceci, Hector laissa poussa un petit rire contrit, un de ceux que l’Homme laisse échapper lorsqu’il constate son impuissance. A l’école, il avait toujours trouvé les tragédies immortalisées par le théâtre particulièrement ennuyeuses. Que les personnes soient le jouet d’un destin implacable et inévitable lui semblait grotesque, et il se plaisait à imaginer leurs auteurs comme de vieux rabat-joies surfant sur la mode du maussade. Aujourd’hui, il se retrouvait comme tous les autres vulgaire pantin d’une mascarade orchestrée par des puissances qu’on avait à peine pu frôler du doigt avant de comprendre que tout ce qui nous était permis de faire était de constater, passivement.
Après le déni, la colère, et la peur, vint donc la résignation. L’un mourrait grand-père ? Il haussait les épaules. L’un mourrait dans l’année ? Il profitait de ses derniers instants au maximum ou au contraire vaquait à ses habituelles occupations, sans oublier toutefois de bien organiser ses propres funérailles à l’avance.
Et puis il y avait eu ce coup de massue, ce décret. Si on ne pouvait contrôler la vie ou la mort, on pouvait en revanche utiliser ce nouveau savoir. Pourquoi embaucher des personnes qui mourraient un an plus tard ? Pourquoi aider des personnes condamnées à courte échéance ? Pourquoi favoriser autant que les autres ceux qui ne pouvaient, qui ne pourraient contribuer pleinement à l’essor de la nation ? Comme on jette une pomme un peu talée d’un panier, quelques puissants politiciens avaient décidé de purger la population, de ne garder que le meilleur. Oh bien sûr, ils avaient tourné ça à leur manière : « Nous épargnerons ainsi aux décédés précoces le parcours laborieux de l’embauche alors qu’ils se savent condamnés », ou encore « Les chefs d’entreprise pourront ainsi mieux appréhender les changements au sein du personnel et garantir la prospérité du pays, en évitant également de laborieuses démarches administratives », et puis aussi « Epargner à l’Homme les inquiétudes d’une fatalité hasardeuse ne peut qu’être un progrès pour le bien-être de l’Humanité ». Manque d’argumentation total, mais les phrases joliment tournées ont toujours su convaincre. Toujours est-il que la loi fut adoptée ; sans doute y avait-il une majorité de politiciens fantasmant sur le contrôle des morts et naissances. Bien entendu, il y eut quelques manifestations de groupes horrifiés par cette violation de l’éthique. On les laissa juste vociférer leurs slogans et brandir leurs pancartes pendant quelques semaines avant qu’ils ne décident, lassés, de rentrer chez eux.
Ainsi, tout se tassa. Une simple prise de sang à la naissance, une analyse rapide de ce petit bout de quelques risibles picobarn, et on savait. Si les parents prenaient connaissance dans l’heure suivant l’accouchement de l’espérance de vie de leur enfant, ils devaient cependant garder le secret envers ce dernier jusqu’à sa majorité. Cela évitait ainsi l’éventuel désintérêt pour l’école, et des débordements violents de jeunes adolescents n’ayant plus rien à espérer de l’avenir.
Bien sûr, dès la mise en place du décret, tous les adultes avaient dû se rendre chez leur médecin afin de procéder aux analyses et d’être en règle, socialement parlant. Hector, comme sans doute tous les autres, avait eu peur de tout perdre. Heureusement, la feuille médicale qu’il reçut le surlendemain à son domicile lui annonçait qu’il avait encore 52 ans à vivre. Bon, ça lui ferait 79 ans, ça aurait pu être bien pire. En tout cas, il garderait son travail.
Deux ans plus tard, il rencontrait Judith. Et au milieu des premiers dîners et bouquets de fleurs, il ne pouvait s’empêcher d’y penser : « Est-ce que ça vaut le coup de continuer avec elle ? ». Il l’aimait, mais il voulait aussi se construire une vie durable. Ce fut elle qui, un soir, sur le canapé, devant un film, l’air faussement désinvolte, lui demanda :
– Tiens au fait, tu meurs quand toi ?
– Ah… Heu, hé bien à 79 ans…
– Ah ? Moi c’est à 84.
Elle se tut, et fit mine de regarder à nouveau le film. Et Hector sut. Il sut qu’elle aussi n’avait eu que cette pensée en tête depuis leur rencontre. Il sut que si sa mort avait été trop prématurée, il n’aurait pas retrouvé Judith dans le lit à son réveil. Même l’amour était faussé. Tout devenait tellement factice ! A présent, des sites de rencontre spéciaux fleurissaient sur Internet pour les Précoces (comme on les appelait). « Salut, je vais mourir à 34 ans et j’ai quand même envie de construire une famille avant ça. Si ça te dit, appelle-moi… ». Voici le type d’annonce terrifiante qu’on pouvait y lire. Partout ailleurs, la ségrégation commençait à se manifester. Rejetés sur le marché de l’emploi, certains Précoces construisaient leurs propres villages et tenaient leurs petits commerces, en autarcie. Et quand tout ce beau monde se révolterait, que se passerait-il ? Des morts ? Ah ! Hector ne put s’empêcher de rire.
– Monsieur Merios ?
Hector s’extirpa de ses pensées. Une infirmière venait de pénétrer dans la salle d’attente.
– Oui. C’est moi, dit-il en se levant nerveusement.
– Félicitations, c’est un beau petit garçon, lui annonça-t-elle d’une manière qui lui sembla peut-être un peu trop professionnelle. Si vous voulez bien me suivre…
Le quadragénaire grisonnant lui adressa un grand sourire, et l’applaudit silencieusement. Hector inclina la tête en guise de remerciement ; au fond de lui, il admirait qu’on puisse s’adapter aussi facilement au « progrès ». Peut-être fallait-il juste ne pas vouloir penser ?
Hector emboîta le pas à l’infirmière. On l’amenait dans la chambre d’hôpital où Judith l’attendait. Il allait la voir souriante, tenant leur enfant dans ses bras. Il trembla. Il s’arrêta un moment. Puis devant l’air pressant de l’infirmière, il reprit sa marche. La prise de sang avait sans doute déjà été effectuée. Dans une heure, il saurait. Quand, quand, quand ? A quel âge ? Il s’immobilisa à nouveau, s’accouda à un mur, puis éclata en sanglots. L’infirmière se retourna et lui sourit.
– Ne vous en faites pas, c’est bien normal d’être ému. Vous pouvez être fier, c’est un bien joli garçon !
Elgregou- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Le film Time Out parle aussi du temps de vie préprogrammé
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Je sais... Mais j'ai eu l'idée avant eux ^^ .
De plus, le sujet de Time Out n'est pas tout à fait le même : il s'agit d'une course à la jeunesse initiée par le capitalisme, alors que dans ma nouvelle il s'agit plutôt de la réalisation d'une impuissance, et de la détresse que peut parfois engendrer la connaissance.
Enfin, je n'ai pas vu le film Time Out, mais je pense que ça doit un peu trop virer "action", avec ce temps qu'on peut "acheter", et les mecs qui se battent pour lui. Je trouve que le sujet d'une mort inéluctable est plus poignant quand on montre que, justement, celle-ci ne peut être évitée.
De plus, le sujet de Time Out n'est pas tout à fait le même : il s'agit d'une course à la jeunesse initiée par le capitalisme, alors que dans ma nouvelle il s'agit plutôt de la réalisation d'une impuissance, et de la détresse que peut parfois engendrer la connaissance.
Enfin, je n'ai pas vu le film Time Out, mais je pense que ça doit un peu trop virer "action", avec ce temps qu'on peut "acheter", et les mecs qui se battent pour lui. Je trouve que le sujet d'une mort inéluctable est plus poignant quand on montre que, justement, celle-ci ne peut être évitée.
Elgregou- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
J'ai lu, c'est pas mal.
Quelques remarques :
-Déjà, les descriptions du début sont bien trop pompeuses à mon avis. "L’aboiement d’un lointain cabot rompit ce silence religieux qu’appellent les frimas de l’automne", ou "la nature doucereusement brute"... Je trouve ça complètement inutile, mais pas seulement dans ta nouvelle, hein, dans tous les bouquins.
-Ensuite, concernant l'histoire elle-même: comment un gêne peut-il prédire que tu vas te faire renverser par un bus par exemple, alors que c'est complètement accidentel, aléatoire ? Pour une maladie, je veux bien, mais là...
-Tu dis que même ceux qui essaient de se suicider avant la date prévue n'y arrivent jamais. Mais prenons un cas extrême : et si un type qui doit mourir dans trois mois se jette du 100e étage d'un building ? Ou s'il demande à un pote de la décapiter ? Ou s'il se jette dans un bassin remplis de requins blancs qui n'ont mangé que du yahourt depuis 3 semaines ?
Quelques remarques :
-Déjà, les descriptions du début sont bien trop pompeuses à mon avis. "L’aboiement d’un lointain cabot rompit ce silence religieux qu’appellent les frimas de l’automne", ou "la nature doucereusement brute"... Je trouve ça complètement inutile, mais pas seulement dans ta nouvelle, hein, dans tous les bouquins.
-Ensuite, concernant l'histoire elle-même: comment un gêne peut-il prédire que tu vas te faire renverser par un bus par exemple, alors que c'est complètement accidentel, aléatoire ? Pour une maladie, je veux bien, mais là...
-Tu dis que même ceux qui essaient de se suicider avant la date prévue n'y arrivent jamais. Mais prenons un cas extrême : et si un type qui doit mourir dans trois mois se jette du 100e étage d'un building ? Ou s'il demande à un pote de la décapiter ? Ou s'il se jette dans un bassin remplis de requins blancs qui n'ont mangé que du yahourt depuis 3 semaines ?
Alto_3- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
ha tres sympa , dommage qu'on ne sache pas "a quel age?" pour le gamin
Perso en gros ca m'a bien plu , l'idée est bonne et qqs phrases pompeuses se laissent lire tres bien .
Dans la continuité de cette idée , en sachant determiner l'age de la mort grace au gene omega , le mariage , les enfants puissent se faire qu'entre les personnes à longévité acceptable d'où découle une évolution du génome qui donne au finale une population a grande espérance de vie . Belle et réelle évolution de l'humanité.
Ben c'est ca la SF ... trouver le gene de l'inéluctable destin et savoir le lire ...
Perso en gros ca m'a bien plu , l'idée est bonne et qqs phrases pompeuses se laissent lire tres bien .
Dans la continuité de cette idée , en sachant determiner l'age de la mort grace au gene omega , le mariage , les enfants puissent se faire qu'entre les personnes à longévité acceptable d'où découle une évolution du génome qui donne au finale une population a grande espérance de vie . Belle et réelle évolution de l'humanité.
Alto_3 a écrit:
-Ensuite, concernant l'histoire elle-même: comment un gêne peut-il prédire que tu vas te faire renverser par un bus par exemple, alors que c'est complètement accidentel, aléatoire ? Pour une maladie, je veux bien, mais là...
Ben c'est ca la SF ... trouver le gene de l'inéluctable destin et savoir le lire ...
Espece de sceptique vaAlto_3 a écrit:
-Tu dis que même ceux qui essaient de se suicider avant la date prévue n'y arrivent jamais. Mais prenons un cas extrême : et si un type qui doit mourir dans trois mois se jette du 100e étage d'un building ? Ou s'il demande à un pote de la décapiter ? Ou s'il se jette dans un bassin remplis de requins blancs qui n'ont mangé que du yahourt depuis 3 semaines ?
Dernière édition par BigB le Mar 22 Nov 2011 - 10:26, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Alto ----> L'important dans la SF n'est pas la véracité des technologies qu'on décrit. L'important, en revanche, c'est d'IMAGINER. De se poser des questions, de se dire "Et si ?". Bien entendu qu'une histoire de gêne est tout à fait invraisemblable.... tout comme le voyage dans le temps, la prédiction des crimes (Minority Report), une guerre avec des Terminator, etc...
Après, tu peux tenter de décrire avec le plus de vraisemblance possible des choses qui n'existent pas, mais ce n'est pas pour moi le plus important dans la SF et encore moins dans l'anticipation. Sinon, tu te retrouves avec des trucs super chiants comme "L'Eve future" de Villiers de l'Isle Adams, un pavé super chiant où le personnage principal crée une femme artificielle, mais passe le plus clair du temps dans le bouquin à décrire comment elle fonctionne... Absolument barbant, je te promets !
A vouloir trop faire du vraisemblable sur des choses qui n'existent pas, tu finis plutôt par justifier ce que tu écris au lieu de de le développer. en clair, tu n'avances pas.
Ensuite, concernant cette remarque :
"-Tu dis que même ceux qui essaient de se suicider avant la date prévue n'y arrivent jamais. Mais prenons un cas extrême : et si un type qui doit mourir dans trois mois se jette du 100e étage d'un building ? Ou s'il demande à un pote de la décapiter ? Ou s'il se jette dans un bassin remplis de requins blancs qui n'ont mangé que du yahourt depuis 3 semaines ?"
---> Faut déjà le vouloir pour se suicider. Crois-moi, ce n'est pas facile, il ne suffit pas de se dire "Je vais me tuer". Une fois devant l'acte, en général, les personnes flacnhent ou font un "appel à l'aide".
Et, come dit dans la nouvelle, tu peux t'en sortir mais être dans un état déplorable. De toutes manières, là encore, l'importance n'est pas forcément le réalisme mais l'imagination : c'est sur ce concept que fonctionne la SF d'ailleurs...
Enfin, pour ça :
"-Déjà, les descriptions du début sont bien trop pompeuses à mon avis. "L’aboiement d’un lointain cabot rompit ce silence religieux qu’appellent les frimas de l’automne", ou "la nature doucereusement brute"... Je trouve ça complètement inutile, mais pas seulement dans ta nouvelle, hein, dans tous les bouquins."
---> Effectivement, dans tous les bouquins il faut quelque chose comme ça. Un livre ne peut se contenter d'aller à l'essentiel, il faut créer une atmosphère. Encore plus dans la nouvelle qui est (généralement) un récit court.
Le fait de dire que tu trouves ça inutile dans tous les bouquins, c'est un peu chaud quand même... Tu enlèves les descriptions dans Le Seigneur des Anneaux, tu te retrouves avec un bouquin de 300 pages mortellement concis et basique. Un livre doit faire passer des émotions ; il ne doit pas juste raconter.
Après, tu peux tenter de décrire avec le plus de vraisemblance possible des choses qui n'existent pas, mais ce n'est pas pour moi le plus important dans la SF et encore moins dans l'anticipation. Sinon, tu te retrouves avec des trucs super chiants comme "L'Eve future" de Villiers de l'Isle Adams, un pavé super chiant où le personnage principal crée une femme artificielle, mais passe le plus clair du temps dans le bouquin à décrire comment elle fonctionne... Absolument barbant, je te promets !
A vouloir trop faire du vraisemblable sur des choses qui n'existent pas, tu finis plutôt par justifier ce que tu écris au lieu de de le développer. en clair, tu n'avances pas.
Ensuite, concernant cette remarque :
"-Tu dis que même ceux qui essaient de se suicider avant la date prévue n'y arrivent jamais. Mais prenons un cas extrême : et si un type qui doit mourir dans trois mois se jette du 100e étage d'un building ? Ou s'il demande à un pote de la décapiter ? Ou s'il se jette dans un bassin remplis de requins blancs qui n'ont mangé que du yahourt depuis 3 semaines ?"
---> Faut déjà le vouloir pour se suicider. Crois-moi, ce n'est pas facile, il ne suffit pas de se dire "Je vais me tuer". Une fois devant l'acte, en général, les personnes flacnhent ou font un "appel à l'aide".
Et, come dit dans la nouvelle, tu peux t'en sortir mais être dans un état déplorable. De toutes manières, là encore, l'importance n'est pas forcément le réalisme mais l'imagination : c'est sur ce concept que fonctionne la SF d'ailleurs...
Enfin, pour ça :
"-Déjà, les descriptions du début sont bien trop pompeuses à mon avis. "L’aboiement d’un lointain cabot rompit ce silence religieux qu’appellent les frimas de l’automne", ou "la nature doucereusement brute"... Je trouve ça complètement inutile, mais pas seulement dans ta nouvelle, hein, dans tous les bouquins."
---> Effectivement, dans tous les bouquins il faut quelque chose comme ça. Un livre ne peut se contenter d'aller à l'essentiel, il faut créer une atmosphère. Encore plus dans la nouvelle qui est (généralement) un récit court.
Le fait de dire que tu trouves ça inutile dans tous les bouquins, c'est un peu chaud quand même... Tu enlèves les descriptions dans Le Seigneur des Anneaux, tu te retrouves avec un bouquin de 300 pages mortellement concis et basique. Un livre doit faire passer des émotions ; il ne doit pas juste raconter.
Dernière édition par Elgregou le Mar 22 Nov 2011 - 10:27, édité 1 fois
Elgregou- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Big B, en ce qui concerne la fin, c'est peut-être la chose qu'on m'a dit le plus souvent... et pourtant la fin est exactement conforme à ce que je voulais faire. ^^
Explications :
Déjà, pour moi, le moment de la naissance d'un enfant n'appartient qu'au couple. Le fait que Hector quitte ainsi la scène pour rejoindre sa femme le fait un peu sortir de notre vie pour aller retrouver la sienne, ce qui est encore tout ce qui lui reste dans sa société où même la vie est bafouée.
Ensuite, j'ai bien entendu volontairement tu l'âge de la mort de l'enfant. Pourquoi ? Parce que si je lui avais donné une grande espérance de vie, le lecteur aurait été soulagé, happy end, et tout ça. Si j'avais fait le contraire, là bien sûr il aurait été triste. Mais pour moi, ça aurait été bien trop manichéen de finir la nouvelle d'une manière aussi carrée. En terminant ainsi, montrant un Hector en pleurs avant même le verdict, j'ai montré que ce qui est horrible n'est pas le verdict en lui-même, mais le fait qu'on sache. Que l'enfant meurt jeune ou vieux, cela ne change (presque) rien. Hector devra vivre avec, toujours, le poids de cette connaissance.
Cela, et puis aussi le fait d'associer la mort dès la naissance de l'enfant et ainsi de bafouer ce moment qui devrait, en temps normal, n'appartenir qu'au couple, c'est ça la vraie horreur de la chose.
Voilà ce que j'ai donc voulu montrer par cette fin ouverte.
Explications :
Déjà, pour moi, le moment de la naissance d'un enfant n'appartient qu'au couple. Le fait que Hector quitte ainsi la scène pour rejoindre sa femme le fait un peu sortir de notre vie pour aller retrouver la sienne, ce qui est encore tout ce qui lui reste dans sa société où même la vie est bafouée.
Ensuite, j'ai bien entendu volontairement tu l'âge de la mort de l'enfant. Pourquoi ? Parce que si je lui avais donné une grande espérance de vie, le lecteur aurait été soulagé, happy end, et tout ça. Si j'avais fait le contraire, là bien sûr il aurait été triste. Mais pour moi, ça aurait été bien trop manichéen de finir la nouvelle d'une manière aussi carrée. En terminant ainsi, montrant un Hector en pleurs avant même le verdict, j'ai montré que ce qui est horrible n'est pas le verdict en lui-même, mais le fait qu'on sache. Que l'enfant meurt jeune ou vieux, cela ne change (presque) rien. Hector devra vivre avec, toujours, le poids de cette connaissance.
Cela, et puis aussi le fait d'associer la mort dès la naissance de l'enfant et ainsi de bafouer ce moment qui devrait, en temps normal, n'appartenir qu'au couple, c'est ça la vraie horreur de la chose.
Voilà ce que j'ai donc voulu montrer par cette fin ouverte.
Elgregou- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
nan j'ai bien compris ... c'est une fin malheureusement trop commune et attendu dans le monde de la SF "la verité est ailleurs" en gros ...
elle est bien , je ne critique pas cet etat de faits ...
Mais je m'attendais a qqchose de bien "stunning" plutot qu'a un truc convenu ... genre , "môssieux, nous sommes désolés, mais avant que les analyses reviennent , l'enfant est dcd"
ou
"une malformation génétique , fait que l'enfant n'a pas de gene omega" => et voila on embraye sur un bouquin de 150 pages ...
enfin, je suis assez médiocre du coté des idées (c'est pour ca que je lis bcp) mais voila , c'était juste que je m'attendais a une surprise, car tu a commencé dessus
elle est bien , je ne critique pas cet etat de faits ...
Mais je m'attendais a qqchose de bien "stunning" plutot qu'a un truc convenu ... genre , "môssieux, nous sommes désolés, mais avant que les analyses reviennent , l'enfant est dcd"
ou
"une malformation génétique , fait que l'enfant n'a pas de gene omega" => et voila on embraye sur un bouquin de 150 pages ...
enfin, je suis assez médiocre du coté des idées (c'est pour ca que je lis bcp) mais voila , c'était juste que je m'attendais a une surprise, car tu a commencé dessus
Invité- Invité
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
BigB a écrit:nan j'ai bien compris ... c'est une fin malheureusement trop commune et attendu dans le monde de la SF "la verité est ailleurs" en gros ...
elle est bien , je ne critique pas cet etat de faits ...
Mais je m'attendais a qqchose de bien "stunning" plutot qu'a un truc convenu ... genre , "môssieux, nous sommes désolés, mais avant que les analyses reviennent , l'enfant est dcd"
ou
"une malformation génétique , fait que l'enfant n'a pas de gene omega" => et voila on embraye sur un bouquin de 150 pages ...
enfin, je suis assez médiocre du coté des idées (c'est pour ca que je lis bcp) mais voila , c'était juste que je m'attendais a une surprise, car tu a commencé dessus
Oui, mais avec ta première idée, il n'y aurait pas eu, à mon sens, de réel message. On avait une bad end, et c'est tout.
En revanche, ta 2ème idée est vraiment excellente je trouve. Après, faudrait effectivement trouver un déroulement et surtout une conclusion qui expliquent pourquoi il n'a pas ce gène... Plus compliqué déjà !
Elgregou- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Elgregou a écrit:
En revanche, ta 2ème idée est vraiment excellente je trouve. Après, faudrait effectivement trouver un déroulement et surtout une conclusion qui expliquent pourquoi il n'a pas ce gène... Plus compliqué déjà !
l'explication est toute trouvé , malformation génétique ... et le keum devient une espèce de super héros, une légende , avec promesse de vie éternelle dans un monde des condamnés a mort à la naissance ...
Invité- Invité
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Elgregou a écrit:Alto ----> L'important dans la SF n'est pas la véracité des technologies qu'on décrit. L'important, en revanche, c'est d'IMAGINER. De se poser des questions, de se dire "Et si ?". Bien entendu qu'une histoire de gêne est tout à fait invraisemblable.... tout comme le voyage dans le temps, la prédiction des crimes (Minority Report), une guerre avec des Terminator, etc...
Après, tu peux tenter de décrire avec le plus de vraisemblance possible des choses qui n'existent pas, mais ce n'est pas pour moi le plus important dans la SF et encore moins dans l'anticipation. Sinon, tu te retrouves avec des trucs super chiants comme "L'Eve future" de Villiers de l'Isle Adams, un pavé super chiant où le personnage principal crée une femme artificielle, mais passe le plus clair du temps dans le bouquin à décrire comment elle fonctionne... Absolument barbant, je te promets !
A vouloir trop faire du vraisemblable sur des choses qui n'existent pas, tu finis plutôt par justifier ce que tu écris au lieu de de le développer. en clair, tu n'avances pas.
Ensuite, concernant cette remarque :
"-Tu dis que même ceux qui essaient de se suicider avant la date prévue n'y arrivent jamais. Mais prenons un cas extrême : et si un type qui doit mourir dans trois mois se jette du 100e étage d'un building ? Ou s'il demande à un pote de la décapiter ? Ou s'il se jette dans un bassin remplis de requins blancs qui n'ont mangé que du yahourt depuis 3 semaines ?"
---> Faut déjà le vouloir pour se suicider. Crois-moi, ce n'est pas facile, il ne suffit pas de se dire "Je vais me tuer". Une fois devant l'acte, en général, les personnes flacnhent ou font un "appel à l'aide".
Et, come dit dans la nouvelle, tu peux t'en sortir mais être dans un état déplorable. De toutes manières, là encore, l'importance n'est pas forcément le réalisme mais l'imagination : c'est sur ce concept que fonctionne la SF d'ailleurs...
Enfin, pour ça :
"-Déjà, les descriptions du début sont bien trop pompeuses à mon avis. "L’aboiement d’un lointain cabot rompit ce silence religieux qu’appellent les frimas de l’automne", ou "la nature doucereusement brute"... Je trouve ça complètement inutile, mais pas seulement dans ta nouvelle, hein, dans tous les bouquins."
---> Effectivement, dans tous les bouquins il faut quelque chose comme ça. Un livre ne peut se contenter d'aller à l'essentiel, il faut créer une atmosphère. Encore plus dans la nouvelle qui est (généralement) un récit court.
Le fait de dire que tu trouves ça inutile dans tous les bouquins, c'est un peu chaud quand même... Tu enlèves les descriptions dans Le Seigneur des Anneaux, tu te retrouves avec un bouquin de 300 pages mortellement concis et basique. Un livre doit faire passer des émotions ; il ne doit pas juste raconter.
J'ai justement trouvé LSDA mortellement chiant à cause de ça...
Alto_3- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Pareil pour moi ^^ .
Il y a effectivement un juste équilibre à avoir. Mais tu ne peux pas retirer non plus toutes les descriptions dans un roman, sinon tu retires toute l'ambiance.
Il y a effectivement un juste équilibre à avoir. Mais tu ne peux pas retirer non plus toutes les descriptions dans un roman, sinon tu retires toute l'ambiance.
Elgregou- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Oui évidemment. Mais c'est marrant parce que contrairement à ce que tu dis, je trouve que ça sert à rien de créer une ambiance pour une nouvelle. Comme c'est un genre court, faut aller à l'essentiel !
Alto_3- Infirmier
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Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Déjà, ce n'est pas un genre nécessairement court. La description de la nouvelle est bien plus compliquée que cela, et je ne me risquerai pas sur ce terrain que je laisse aux spécialistes littéraires. Tu as certaines nouvelles qui font plus de 200 pages, à l'aise.
Tu peux effectivement aller à l'essentiel, mais si tu fais ça de manière un peu trop automatique, sans offrir "l'enrobage" (un bien méchant mot) avec l'ambiance, les descriptions, l'univers mis en place, tu ne fais pas rentrer le lecteur dans l'histoire... Enfin, c'est comme ça que je vois les choses.
PS : Je ne sais pas si tu as déjà lu "Boule de Suif" de Maupassant, qui est une nouvelle assez longue qui se permet pas mal de descriptions, notamment sur les personnages si je me souviens bien...
Tu peux effectivement aller à l'essentiel, mais si tu fais ça de manière un peu trop automatique, sans offrir "l'enrobage" (un bien méchant mot) avec l'ambiance, les descriptions, l'univers mis en place, tu ne fais pas rentrer le lecteur dans l'histoire... Enfin, c'est comme ça que je vois les choses.
PS : Je ne sais pas si tu as déjà lu "Boule de Suif" de Maupassant, qui est une nouvelle assez longue qui se permet pas mal de descriptions, notamment sur les personnages si je me souviens bien...
Elgregou- Infirmier
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Date d'inscription : 05/08/2009
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Ouais, la description c'est le nerf de la guerre ! Pas mal du tout cette nouvellette Gregou, on dirait du Werber, sans le pessimisme chiant !
Jon- Infirmier
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Date d'inscription : 14/09/2009
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Merci beaucoup. J'aime bien Werber, mais justement je trouve que c'est un auteur qui gagnerait beaucoup à rester dans le cadre de la nouvelle, et non le roman.
Il part toujours d'une idée assez originale et bien pensée, traite tous les tenants et aboutissants dans la première moitié de ses livres... puis généralement à la fin ça se casse la gueule : il essaie de multiplier les événements, les coups de théâtre, et ça devient franchement rocambolesque.
Par exemple, dans le 2ème volet des Fourmis, j'ai apprécié le parallèle philosophique des fourmis qui ne s'imaginent même pas l'immensité du monde qui les entoure (réduisant les humains à des doigts, déjà bien trop immenses pour eux, et le nombre de ces doigts à environ 20 sur Terre...). Mais après, ça part en live avec les mecs qui recueillent la fourmi, qui dialoguent avec elle, puis qui tentent d'unifier le monde des Hommes avec celui des fourmis en contactant les politiques... Bref...
Pareil pour les Thanatonautes : je trouve que le premier roman se suffisait à lui seul. Dans sa suite (le Domaine des Dieux, si je me souviens bien du titre ??? J'ai un doute...), le concept des Anges Gardiens est sympathique... mais après ça vire au grand n'importe quoi avec l'attaque des mauvais esprits, et Marylin Monroe qui est là, et pfffouuuu....
En conclusion, c'est un bon écrivain, mais qui ne sait pas s'arrêter à temps. :)
Il part toujours d'une idée assez originale et bien pensée, traite tous les tenants et aboutissants dans la première moitié de ses livres... puis généralement à la fin ça se casse la gueule : il essaie de multiplier les événements, les coups de théâtre, et ça devient franchement rocambolesque.
Par exemple, dans le 2ème volet des Fourmis, j'ai apprécié le parallèle philosophique des fourmis qui ne s'imaginent même pas l'immensité du monde qui les entoure (réduisant les humains à des doigts, déjà bien trop immenses pour eux, et le nombre de ces doigts à environ 20 sur Terre...). Mais après, ça part en live avec les mecs qui recueillent la fourmi, qui dialoguent avec elle, puis qui tentent d'unifier le monde des Hommes avec celui des fourmis en contactant les politiques... Bref...
Pareil pour les Thanatonautes : je trouve que le premier roman se suffisait à lui seul. Dans sa suite (le Domaine des Dieux, si je me souviens bien du titre ??? J'ai un doute...), le concept des Anges Gardiens est sympathique... mais après ça vire au grand n'importe quoi avec l'attaque des mauvais esprits, et Marylin Monroe qui est là, et pfffouuuu....
En conclusion, c'est un bon écrivain, mais qui ne sait pas s'arrêter à temps. :)
Dernière édition par Elgregou le Mar 22 Nov 2011 - 14:03, édité 1 fois
Elgregou- Infirmier
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Date d'inscription : 05/08/2009
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
J'ajoute une dernière chose pour les descriptions que j'ai utilisées dans ma nouvelle. J'ai tenté de montrer la vision du monde et du paysage matinal par les yeux de Hector, le personnage principal. Tout cela pour faire ressortir que c'est encore un homme qui apprécie les choses simples, un homme qui ne peut s'adapter au progrès qui le frappe de plein fouet. J'ai d'ailleurs introduit l'autre personnage du quadragénaire dans la salle d'attente pour créer un contraste, pour montrer que certains peuvent accepter la modernité et le progrès sans se poser des questions d'ordre moral ou éthique. En quelque sorte, pour montrer les capacités d'adaptation parfois inquiétantes de l'être humain face à des choses qu'il devrait au contraire refuser.
Elgregou- Infirmier
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Age : 44
Localisation : Lyon
Date d'inscription : 05/08/2009
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
A l'inverse de toi, ce que j'aime chez Werber c'est la partie "aventure", quitte à virer au délire... Quand j'ai lu les Fourmis la première fois, en sixième, je n'avais rien compris au sous texte, je zappais les encyclopédies, tout ce qui m’intéressais c'était les aventures farfelus des persos.
Ce qui me déplaît c'est dans sa façon de traiter les "méchants" qui n'ont aucune dualité, et ses "héros" masculin, auquel il s'identifie tellement qu'il en fait des monsieur Propre sans reproches.
Ce qui me déplaît c'est dans sa façon de traiter les "méchants" qui n'ont aucune dualité, et ses "héros" masculin, auquel il s'identifie tellement qu'il en fait des monsieur Propre sans reproches.
Jon- Infirmier
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Date d'inscription : 14/09/2009
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Je te rejoins totalement, Elgregou, sur B.Werber. C'est super au début et ça devient du n'importe quoi ensuite. Mais je n'ai pas lu ses derniers, car je trouve que son style s'est appauvri...
Alto_3- Infirmier
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Date d'inscription : 15/10/2009
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
Je viens de lire la nouvelle et je l'ai trouvée très sympa. Les expressions pompeuses ne m'ont pas du tout gêné, j'ai passé un très bon moment à la lire.
Je ne lis pas beaucoup, en fait je n'ai lu que des bd depuis quelques années donc pour la critique "constructive" je passe mon tour.
Merci de l'avoir partagée, et si tu en as d'autres à partager je les lirais volontiers
Je ne lis pas beaucoup, en fait je n'ai lu que des bd depuis quelques années donc pour la critique "constructive" je passe mon tour.
Merci de l'avoir partagée, et si tu en as d'autres à partager je les lirais volontiers
juanito13- Guéri miraculeux
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Age : 35
Localisation : entre Manosque et Aix-en Provence
Date d'inscription : 19/11/2010
Re: Une petite nouvelle de SF que j'ai écrite...
J'ai lu, j'ai aimé. Pour ma part j'écris également, et je viendrais peut-être vous en parler en temps venue.
Bref, je te souhaite une bonne continuation.
Bref, je te souhaite une bonne continuation.
Mister Citron- Patient contaminé
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Age : 34
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Date d'inscription : 06/06/2011
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