Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
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Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
Evidemment que le travail des institutionnels, des associations et des musées sont indispensables mais ce n'est pas suffisant.Lyacos a écrit:Ce qui me gêne avec cette vision de la sauvegarde du patrimoine vidéoludique, c'est justement l'apport du grand public qui n'est pas nécessaire; pour faire prendre conscience de l'importance de le faire, avec la hausse du rétrogaming.
Pour le micro, tu as l'association MO5 (en France), pour les consoles et les jeux vidéos en général, tu as des particuliers, souvent des anciens gérants de boutiques, des musées déjà existant et d'autres en chantier ou en passe de l'être (projet odyssée), la BnF en France et autres méconnus ailleurs dans le monde, des institutions aussi qui ont une autre approche, dématérialisé pour être sûr. Sans compter sur les constructeurs qui font également ce travail de dématérialisation, exemple Nintendo avec ses émulateurs dans son offre payante du online, je n'y adhère pas car lié à un abonnement, je préfère acheter à l'unité.
1/ Avant que ces acteurs s'intéressent aux jeux vidéo, il y a surtout eu des initiatives privées multiples qui ont permis à sauvegarder pas mal de choses. Ces initiatives (création d'émulateurs, des ROM sets, etc.) ont perduré grâce au soutient des amateurs de ces vieux jeux et du grand public ensuite.
2/ Ces institutionnels, associations et musées ont besoin du grand public pour leur apporter des fonds, que ce soit par des aides de l'Etat, des abonnements ou des visites au musée.
3/ Et en plus, certaines découvertes se font par des interventions d'inconnus qui peuvent aider grandement ces 3 types d'acteurs.
4/ L'existence de ces 3 types d'organismes n'empêche pas la création à côté d'autres projets privées. Et c'est une bonne chose car ces organismes sont obligés de suivre la loi mais la loi met régulièrement des bâtons dans les roues de la conservation du patrimoine. Les projets privées n'hésitent pas à aller dans l'illégalité.
Non, vraiment le grand public a un rôle à jouer aussi à plusieurs niveaux. Pas tout le grand public évidemment mais, sans lui, les organismes que tu mets en avant et qui sont censés pouvoir être suffisant pour la conservation selon tes dires n'existeraient même pas.
Tu parles de mentalité. Je vais parler même de culture. Le Japon et l'Asie de manière générale n'a pas la culture de l'ancien. La conservation du patrimoine est un concept qui est arrivé avec la colonisation par les pays européens. Donc aujourd'hui, il existe des musées en Asie mais les gens continuent à ne pas considérer tout ce qui est ancien, à part par curiosité. Donc ce n'est pas limité aux jeux vidéo ou aux films mais à tout en général.Lyacos a écrit:Le Japon c'est une autre mentalité, qui ne porte pas forcément d'intérêt à des produits tel que le jeu vidéo (le jeu vidéo comme nous, nous le concevons, est désormais marginal dans ce pays). L'exemple le plus flagrant, autre que le jeu vidéo, chez Tower Records, tu as un coffret regroupant 100 clips en Bluray d'un artiste à 24000 yens, tu vas dans le bookoff du coin, tu as une chance de le trouver à 2000/3000 yens, j'ai même vu du 110 yens parfois, état : neuf, faut le voir pour le croire. Il y a bien des exceptions, des films, des séries, des jeux vidéos rétro chers, mais l'inverse est plus LA tendance.
C'est un pays qui sait encore ce que veut dire le mot " occasion " sur du matériel/produit daté.
C'est tellement vrai que ce sont des européens qui vont donner des interviews aux concepteurs des 1er jeux vidéo au Japon, ce sont des américains qui montent des associations de conservation du jeu vidéo japonais. En voyant ces étrangers faire tout ça, les institutions japonaises finissent par suivre, plus par amour propre de ne pas vouloir laisser des étrangers faire ça tout seul que par conviction.
L'Occident et la France en particulier a toujours mis en avant le concept de patrimoine. Ce qui devient vieux peut devenir ancien et finisse par entrer dans le patrimoine. C'est ce qui est en train d'arriver pour le domaine du jeu vidéo. Comme pleins de monde s'y intéressent de plus en plus, les prix montent, les produits se raréfient sur les marchés de 1ère et de 2de main, ça finit par rentrer dans l'Histoire. C'était pareil pour la peinture, la sculpture, etc. Les exceptions que je vois sont la musique et les romans classiques (que j'oppose aux romans "graphiques" c-à-d BD, comics et mangas), qui restent très largement accessibles.
Je pense que tu as plus un état d'esprit entre l'Asie et l'Occident. Tu aimerais que, comme en Asie, le grand public ne touche pas au retrogaming et reste le domaine d'une niche de passionnés mais que, comme en Occident, la conservation de l'histoire du jeu vidéo se fasse de façon sérieuse et dans les grandes largeurs. C'est juste impossible. De toutes façons, c'est largement trop tard, le grand public s'y intéresse très largement et la montée des prix accélérée depuis le Covid en est la preuve.
Et puis, en vérité, le jeu vidéo est devenu un produit culturel grand public depuis au moins la génération 32 bits, depuis que c'est devenu un produit d'intérêt pour les adultes aussi.
xinyingho- Interne
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Loenji, corben et BULSARA offrent 1 suppo à ce post!
Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
xinyingho a écrit:Tu parles de mentalité. Je vais parler même de culture. Le Japon et l'Asie de manière générale n'a pas la culture de l'ancien. La conservation du patrimoine est un concept qui est arrivé avec la colonisation par les pays européens. Donc aujourd'hui, il existe des musées en Asie mais les gens continuent à ne pas considérer tout ce qui est ancien, à part par curiosité. Donc ce n'est pas limité aux jeux vidéo ou aux films mais à tout en général.
C'est tellement vrai que ce sont des européens qui vont donner des interviews aux concepteurs des 1er jeux vidéo au Japon, ce sont des américains qui montent des associations de conservation du jeu vidéo japonais. En voyant ces étrangers faire tout ça, les institutions japonaises finissent par suivre, plus par amour propre de ne pas vouloir laisser des étrangers faire ça tout seul que par conviction.
L'Occident et la France en particulier a toujours mis en avant le concept de patrimoine. Ce qui devient vieux peut devenir ancien et finisse par entrer dans le patrimoine. C'est ce qui est en train d'arriver pour le domaine du jeu vidéo. Comme pleins de monde s'y intéressent de plus en plus, les prix montent, les produits se raréfient sur les marchés de 1ère et de 2de main, ça finit par rentrer dans l'Histoire. C'était pareil pour la peinture, la sculpture, etc. Les exceptions que je vois sont la musique et les romans classiques (que j'oppose aux romans "graphiques" c-à-d BD, comics et mangas), qui restent très largement accessibles.
Je pense que tu as plus un état d'esprit entre l'Asie et l'Occident. Tu aimerais que, comme en Asie, le grand public ne touche pas au retrogaming et reste le domaine d'une niche de passionnés mais que, comme en Occident, la conservation de l'histoire du jeu vidéo se fasse de façon sérieuse et dans les grandes largeurs. C'est juste impossible. De toutes façons, c'est largement trop tard, le grand public s'y intéresse très largement et la montée des prix accélérée depuis le Covid en est la preuve.
Et puis, en vérité, le jeu vidéo est devenu un produit culturel grand public depuis au moins la génération 32 bits, depuis que c'est devenu un produit d'intérêt pour les adultes aussi.
Je nuancerais quand même ce point-là : je ne dirais pas que l'Asie et le Japon en particulier n'ont pas la culture de l'ancien, mais plutôt que ça se manifeste différemment, de manière plus immatérielle et donc nettement moins matérialiste, avec davantage de réactualisation.
Regardons les mangas et animes, les jeux vidéo, voire le cinéma : vous avez vu un peu, le nombre phénoménal d'oeuvres qui se passent soit à une époque plus ou moins reculée du Japon, ou qui font référence à de vielles légendes japonaises ou même chinoises, ou à divers contes ? Et même quand, par exemple, des mangas ou animes se passent à l'époque contemporaine, ils trouvent facilement le moyen d'y caser par exemple un petit passage où on voit de vieilles illustrations racontant des légendes et avec une graphie datée, voire du japonais ancien. Quand je lis un manga policier comme Détective Conan, on nous parle d'auteurs comme Natsume Sôseki, d'Oda Nobunaga et de l'époque Sengoku, on nous montre même carrément des haikus avec une graphie et un japonais datés, et j'en passe. Ils ont même des jeux de société très particuliers comme le Karuta qui jouent beaucoup sur des poèmes écrits en japonais ancien.
A l'inverse, vous en voyez beaucoup, des films français ou séries français qui, se passant à l'époque moderne, nous parlent d'un coup de la Guerre de 100 ans, du Petit Chaperon Rouge, ou bien nous sort des citations en vieux français de La Chanson de Roland ? Des trucs comme Kaamelott ou Les Visiteurs, c'est assez rare, quand même (et c'est toujours une grosse galère à produire, pour trouver du financement).
En fait, le Français est paradoxal : il adule et méprise son propre patrimoine en même temps. Ou bien ils n'osent pas, ont peur du "Qu'en dira-t-on, je ne suis pas en train de faire énième film social ou une énième comédie".
Il y a un peu plus d'effort à ce niveau-là dans la BD franco-belge, ceci dit. Et ces deux ou trois dernières années, il y a peut-être un petit effort qui commence à être fait dans le cinéma, notamment avec les deux films récents Les trois mousquetaires et Le Comte de Monte Cristo dont le succès énorme - 9 millions d'entrées - traduit peut-être un certain "manque" de la part des spectateurs français qui voudraient peut-être voir un peu plus leur propre patrimoine en scène avec sérieux et talent).
Quant au jeu vidéo, là aussi, c'est paradoxal, en occident. Oui, c'est vrai, on aime bien la collection de vieilleries. Mais par contre, regardez du côté des grands développeurs occidentaux : vous voyez vraiment Ubi Soft rééditer ses vieux jeux Amstrad CPC, là où beaucoup de gros studios japonais rééditent leurs vieux jeux ?
Non, je pense quand même qu'à peu près tous les peuples sont sensibles à l'ancien et au patrimoine, pour une question d'identité, sinon, c'est la porte ouverte au mal-être identitaire, mais nous ne le manifestons pas tous de la même manière. Pour certains, ça consiste à conserver du vieux, et pour d'autres, à le réactualiser.
Rudolf III.- Docteur *
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Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
Parenthèse a ce sujet : on a surtout bien appris aux français qu'aimer son pays, son drapeau, sa culture, son patrimoine, sa langue, son histoire, ses illustres personnages, ses us et coutumes, etc... c'était être au mieux quelqu'un de complètement nul et dépassé, au pire un vilain gros fachoux. On est certainement le seul pays occidental ou on en est arrivé à ce point d'ailleurs, et c'est affligeant. Ça fait belle lurette que la majorité des films et séries FR préférent nous bassiner avec des thèmes douteux donnant des contenus eux aussi affligeants et douteux (et qui hormis choper les subventions du cnc et des prix anecdotiques de concours sans intérêt n'ont aucun succès en salle, à raison... totalement l'inverse des films de qualité tels qui ne prennent pas les gens pour des abrutis tels que Monte-Cristo ou Un ptit truc en plus dernièrement). a écrit:En fait, le Français est paradoxal : il adule et méprise son propre patrimoine en même temps. Ou bien ils n'osent pas, ont peur du "Qu'en dira-t-on, je ne suis pas en train de faire énième film social ou une énième comédie".
Au Japon c'est effectivement une autre façon de voir les choses et de faire, notamment pour les JV. Malheureusement, les occidentaux en ont profité durant bien 2 décennies avant de tout y chambouler. Je serai curieux de voir l'évolution année après année des étals d'un magasin très connu comme super potato à Tokyo disons rien que de 2010 à aujourd'hui, ça doit être très parlant.
RetroBalboa007- Infirmier
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Date d'inscription : 08/05/2023
Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
Oui, merci pour la nuance importante. Effectivement, la question idenditaire est toute aussi importante en Asie qu'en Europe. Mais en Asie, cette transmission patrimoniale se fait principalement à l'oral et repose plus sur l'organisation sociale que par la conservation d'anciens bâtiments ou autres objets physiques. C'est d'ailleurs ce détachement au matériel qui permet aux temples bouddhistes et aux sanctuaires shintoïstes de garder une certaines fraîcheurs : ils sont régulièrement reconstruits.Rudolf III. a écrit:Je nuancerais quand même ce point-là : je ne dirais pas que l'Asie et le Japon en particulier n'ont pas la culture de l'ancien, mais plutôt que ça se manifeste différemment, de manière plus immatérielle et donc nettement moins matérialiste, avec davantage de réactualisation.
[...]
Non, je pense quand même qu'à peu près tous les peuples sont sensibles à l'ancien et au patrimoine, pour une question d'identité, sinon, c'est la porte ouverte au mal-être identitaire, mais nous ne le manifestons pas tous de la même manière. Pour certains, ça consiste à conserver du vieux, et pour d'autres, à le réactualiser.
En Asie, la transmission des histoires, de la pensée et des symboles sont plus importantes que les efforts de conservation d'objets physiques forcément éphèmères et voués à disparaître.
Même si les studios japonais proposent plus de rééditions et de refontes de leur vieux jeux, les studios occidentaux ne sont pas en reste. Tous les studios font des efforts surtout pour des jeux qui ont eu beaucoup de succès. Et les studios occidentaux n'ont pas eu tellement de succès avant les années 2000...Rudolf III. a écrit:Quant au jeu vidéo, là aussi, c'est paradoxal, en occident. Oui, c'est vrai, on aime bien la collection de vieilleries. Mais par contre, regardez du côté des grands développeurs occidentaux : vous voyez vraiment Ubi Soft rééditer ses vieux jeux Amstrad CPC, là où beaucoup de gros studios japonais rééditent leurs vieux jeux ?
Mais de manière générale, les studios historiques sont très mauvais à garder le patrimoine qu'ils ont créé : pour eux, il s'agit que de travail. Pendant longtemps, il n'y a pas eu de budget dédié pour l'archivage et la conservation des documents de préproduction et de production. Avec les compils des vieux jeux accompagnées d'entrevues avec des développeurs et de ces fameux documents d'archive, ça change.
xinyingho- Interne
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Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
xinyingho a écrit:Comme pleins de monde s'y intéressent de plus en plus, les prix montent, les produits se raréfient sur les marchés de 1ère et de 2de main, ça finit par rentrer dans l'Histoire. C'était pareil pour la peinture, la sculpture, etc. Les exceptions que je vois sont la musique et les romans classiques (que j'oppose aux romans "graphiques" c-à-d BD, comics et mangas), qui restent très largement accessibles.
Je fais une énorme distinction entre l'art plus " classique "; pour reprendre l'exemple des Van Gogh, entre des tableaux qui valent plusieurs millions d'euros et qui n'existent qu'en un seul exemplaire " UNIQUE " et réserver exclusivement à un marché de niche pour grande fortune; le grand public lui se contenant de reproductions qu'il peut aisément se procurer à la demande ou non. 100 millions d'euros le tableau : une nuit étoilée, contre 30/40 euros pour sa reproduction, qui plus est, autorisé par les ayants droits; quand c'est le cas.
À l'inverse, le jeu vidéo c'est d'office un bien de consommation produit à une grande échelle; ce que tu achètes n'est qu'une reproduction faite à partir du code original. Même si le marché se raréfie, le jeu vidéo n'est pas prêt d'obtenir ce statut si singulier de l'art dit " traditionnel ". Par traditionnel, je fais bien entendu un raccourci car ne maîtrisant par le jargon de ce monde, j'entends les peintures, les sculptures, etc, plus au moins moderne ou non et qui n'ont pas vocation première à finir dans des Ikéa (-> le salon de monsieur tout le monde) ou autres.
Voilà, le jeu vidéo ce n'est que du pur divertissement dont l'objectif principal est : l'argent; ce que je ne critique absolument pas, et produit en quantité extrêmement importante pour que ça touche le plus de consommateurs possible. C'est le " GROS " point fort de ce secteur, son accessibilité à la portée de toutes les bourses.
Maintenant, ce qui se passe aujourd'hui, des personnes essayent de créer un besoin artificiel basé sur la rareté mais... 100 exemplaires de la copie d'un jeu en physique qui sort en 2024 ou juste 100 exemplaires encore existant et en vente d'un jeu des années 90's, ça n'en reste pas moins que ce sont 100 exemplaires issus de la copie de l'original. Et cette quantité est très importante si on la rapporte à mon exemple de tableau ci-dessus.
Je pense que dans ce débat, il y a réellement deux visions qui s'affrontent et qui ne peuvent difficilement cohabiter ensemble.
xinyingho a écrit:Je pense que tu as plus un état d'esprit entre l'Asie et l'Occident. Tu aimerais que, comme en Asie, le grand public ne touche pas au retrogaming et reste le domaine d'une niche de passionnés mais que, comme en Occident, la conservation de l'histoire du jeu vidéo se fasse de façon sérieuse et dans les grandes largeurs.
C'est exactement ça, j'ai le cul entre deux chaises (mondes). Le grand public ne s'intéresse au rétrogaming que par appât du gain, je reprends ce que je viens de dire, par un besoin, créer artificiellement, la crise aidant. Si l'achat et même la revente était désintéressé en ne dénaturant pas tout un marché... eh bien, je ne m'exprimerai pas ici.
De l'autre, ce qui doit être fait pour sa préservation et qui est déjà fait en grande partie, doit être fait par ceux qui en ont les moyens et fait de manières sérieuses; aide de l'état ou d'organisme de préservation, ce qu'un particulier seul, ne peut accomplir. On le voit bien avec le musée Odyssée, la campagne à donner une grande visibilité au projet en montrant sa possible viabilité " SI " réalisé, maintenant le reste du financement vont provenir de fonds autre que monsieur et madame tout le monde, l'appel aux associations, etc.
Lyacos- Patient contaminé
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Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
Je comprends la distinction que tu fais entre l'art classique et l'art de masse. Elle est tout à fait légitime.Lyacos a écrit:Je fais une énorme distinction entre l'art plus " classique "; pour reprendre l'exemple des Van Gogh, entre des tableaux qui valent plusieurs millions d'euros et qui n'existent qu'en un seul exemplaire " UNIQUE " et réserver exclusivement à un marché de niche pour grande fortune; le grand public lui se contenant de reproductions qu'il peut aisément se procurer à la demande ou non. 100 millions d'euros le tableau : une nuit étoilée, contre 30/40 euros pour sa reproduction, qui plus est, autorisé par les ayants droits; quand c'est le cas.
À l'inverse, le jeu vidéo c'est d'office un bien de consommation produit à une grande échelle; ce que tu achètes n'est qu'une reproduction faite à partir du code original. Même si le marché se raréfie, le jeu vidéo n'est pas prêt d'obtenir ce statut si singulier de l'art dit " traditionnel ". Par traditionnel, je fais bien entendu un raccourci car ne maîtrisant par le jargon de ce monde, j'entends les peintures, les sculptures, etc, plus au moins moderne ou non et qui n'ont pas vocation première à finir dans des Ikéa (-> le salon de monsieur tout le monde) ou autres.
Mais le monde n'est pas aussi simple qu'il faille faire une distinction aussi nette.
Tu as dû voir qu'en économie l'un des principes de base est le principe de l'offre et de la demande. Sur les arts classiques à exemplaire quasi-unique, il y a très peu de monde qui chercheraient à se procurer la Joconde. Tout le monde est content qu'elle soit au Louvres. Mais si les lois françaises changaient et que l'Etat français se mettrait à vendre la Joconde, elle se vendrait pour plusieurs millions sans aucun doute.
Maintenant le jeu vidéo est un domaine intermédiaire entre le produit unique des arts classiques et le produit de masse des arts modernes (musique, cinéma). En effet, les arts modernes ont des supports qui ont duré plusieurs dizaines d'années avec des capacités comparables, donnant une stabilité pour la reproduction légale et régulière à l'identique des films, musiques, etc.
Le jeu vidéo est un média dont les supports périment tous les 5-10 ans pour être remplacés par d'autres aux capacités très différentes :
- Aujourd'hui, on peut utiliser les émulateurs pour reproduire les vieux jeux à l'identique. C'est une solution utilisée pour les reproductions légales depuis pas longtemps. Et donc les gens continuent à vouloir les vieux jeux sur les supports d'origine.
- Pour les jeux récents, il faut faire un portage en recodant le moteur de zéro pour faire une réédition presqu'à l'identique, la puissance des machines ne permettant pas encore de faire de l'émulation. Au lieu de dépenser du budget sur un jeux déjà sorti, la plupart optent pour un nouveau jeu ou une refonte du jeu original.
- Et en fait, le support original lui-même fait parti du folklore du jeu vidéo. Ce qui n'est pas le cas pour les films et la musique.
Du coup, la disponibilité de certains vieux jeux n'est plus en rapport avec la demande des gens qui ont connu ces jeux à l'époque et les plus jeunes qui veulent découvrir ces jeux sur le support d'époque. Mécaniquement, les prix des vieux jeux sur les supports d'origine montent car les éditeurs ont déjà assez de taff sur les supports récents et ne s'intéressent pas aux vieux supports. Des prix qui passent lentement à des centaines puis des milliers d'€. Et ça risque de continuer. Il suffit de voir les Metal Slug AES qui se vendent déjà en dizaines de milliers d'€ malgré les portages et rééditions.
Donc tu peux dire ce que tu veux, le domaine du jeu vidéo n'est pas tellement un marché de masse en fait. Il y a des contraintes technologiques et des considérations patrimoniales sur les supports de diffusion originaux qui font qu'il y a des phénomènes de raréfaction qui apparaissent avec le temps. Ce que j'appelerai un marché de masse à flux tendu.
Encore une fois, les institutions ne peuvent pas marcher sans monsieur et madame tout le monde. On n'a pas 2 vases non-communiquants. Tout le monde a un rôle à jouer dans la préservation des supports physiques. Les institutions et le grand public ensemble.Lyacos a écrit:De l'autre, ce qui doit être fait pour sa préservation et qui est déjà fait en grande partie, doit être fait par ceux qui en ont les moyens et fait de manières sérieuses; aide de l'état ou d'organisme de préservation, ce qu'un particulier seul, ne peut accomplir. On le voit bien avec le musée Odyssée, la campagne à donner une grande visibilité au projet en montrant sa possible viabilité " SI " réalisé, maintenant le reste du financement vont provenir de fonds autre que monsieur et madame tout le monde, l'appel aux associations, etc.
D'ailleurs, tu le dis toi-même, le projet musée Odyssey s'est lancé grâce aux fonds apportés par le grand public. Pourquoi restes-tu sur la position que les institutions n'ont pas besoin du grand public alors que toi-même tu donnes l'exemple du contraire ?
xinyingho- Interne
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Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
Pour te répondre, je me contenterai de dire que tu as pris le temps d'expliciter ton avis sans y mettre la moindre once de mépris, chose que Maximilien n'a pas été fichu de faire dans son post (mais c'est sa manière de faire, j'ai beau y être habitué car il l'a déjà fait plusieurs fois sur ce forum, je n'apprécie toujours pas pour autant les propos à connotations méprisantes, voire hautaines et déplacées).Srogneugneu a écrit:killvan a écrit:Personnellement j'aimerai justement que le capitalisme que tu défends se mette à fabriquer en série, et en nombre suffisamment grand pour les intéressés
Étant de plus en plus ouvert à une forme de décroissance, comme ça, je ne suis pas favorable à encourager les reprint industriels à gogo de tout ce qui pourrait valoir de la valeur sur le marché de l'occasion rétro (c'est déjà en cours un peu partout dans le monde, dans plein de domaines culturels : ça engraisse bien des gens sur le dos de la passion en plus d'entretenir une culture de la soumission à ses pulsions matérialistes complétionnistes).
De la même manière, à notre époque des émulateurs et stores en ligne, je ne suis pas spécialement favorable à l'émergence et la généralisation des "Mini".
Je pense autrement qu'il y a des bienfaits énormes (vis à vis de notre rapport à la société de consommation) d'être parfaitement serein à l'idée de ne pas posséder tout ce que l'on désire.
Et cela donne même plus de valeur à la démarche et au sens qu'on lui donne. Exemple : une collection de milliardaire du Qatar m'indiffère totalement. Par contre, celle de quelqu'un au revenu moyen (qui doit donc prioriser des trucs, faire des choix et sélectionner) me parle infiniment plus.
J'avais déjà entendu le genre de propos que tient Maximilien ("aujourd'hui où l'on peut jouer à tout, autrement qu'en original : se réjouir de la montée des prix du matos original dans une optique de préservation"), je trouve l'approche au moins intéressante, à défaut d'y adhérer là comme ça.
Toujours est-il que je ne perçois pas le caractère "stupide" de ce raisonnement (j'ai l'impression que tu te bases sur le sentiment d'"injustice" vis à vis de l'accès inégalitaire à ces objets cotés convoités pour appuyer ton jugement, et le ressentiment n'est jamais bon guide !), mais il repose sur des prémisses parfaitement sensées : on accorde collectivement plus de considération à ce qui a de la valeur économique (ce qui ne vaut rien peut être mis à la benne), ainsi cela pourrait favoriser la préservation du matos original à différentes échelles (particuliers comme structures plus professionnalisantes ou institutionnelles).
Bref, absolument rien de "stupide" là dedans. Cela pourrait se défendre, et il serait nécessaire de creuser la question avec plus de détails et de données concrètes pour statuer de manière plus lucide et avec l'aplomb dont tu sembles faire preuve sur le sujet.
Bien que je trouve tes idées intéressantes, j'ai cependant du mal à considérer le fait que le JV rétro devienne un produit de luxe dont seuls les plus nantis d'entre nous pourront continuer à en jouir. Et c'est clairement ce qui est en train de se passer avec la raréfaction des vieux jeux sur le marché, que l'on retrouve de fait à des prix de plus en plus élevés. Pour ma part je suis plutôt content pour ceux qui auront senti le coup venir et qui auront monté leurs collections depuis plus de 20 ans mais je trouve cela dommageable pour ceux qui ne pourront pas jouer sur le support d'origine, dans les conditions d'origine, un jeu qu'ils aiment (dans une compil rétro, en émulation...) sous prétexte que le marché s'est emballé et connait depuis quelques années de nombreuses dérives. Partant de là, comment peut-on prétendre continuer à transmettre à de futures générations notre propre passion pour la collection et plus généralement pour les vieux jeux vidéo ? (ce n'est pas comme si on avait quelques musées de dispos dans lesquels on pourrait facilement jouer dans les conditions d'origine dans quelques villes en France...).
killvan- Docteur *
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Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
Aujourd'hui, jouer ne coûte pas cher avec toutes les solutions qui existent.
Collectionner coûte cher.
Après si on veut jouer avec le matériel d'origine, le loose est accessible.
Par contre, je l'ai déjà dit et tout le monde l'omet, un jeu "cher" à l'achat reste "cher" à la revente.
Ça ne perd pas de valeur, on ne perd pas d'argent.
Par contre, un FIFA perd quasiment 100% de sa valeur en 1 an.
Collectionner coûte cher.
Après si on veut jouer avec le matériel d'origine, le loose est accessible.
Par contre, je l'ai déjà dit et tout le monde l'omet, un jeu "cher" à l'achat reste "cher" à la revente.
Ça ne perd pas de valeur, on ne perd pas d'argent.
Par contre, un FIFA perd quasiment 100% de sa valeur en 1 an.
GuiM- Infirmier
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Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
xinyingho a écrit:Le truc que tu vois pas est que les gens qui font comme toi à chérir un vieux truc à 1 € sont une minorité. Le fait que ces vieux trucs prennent de la valeur va faire que les adeptes du jetable vont y regarder à 2 fois avant de tout jeter à la benne. C'est dans ce sens là que la montée des prix est une bénédiction pour la sauvegarde du patrimoine vidéoludique.Lyacos a écrit:...sauf que non, ça ne marche pas comme ça, ce jeu PC à 1 euro, crois-moi que je vais le chérir, comme je chéri un petit cadeau de mon père à trois francs six sous. Qu'importe le prix, si c'est un objet que tu convoites, tu en prends soin.
Il n'y a que les adeptes du jetable; j'achète, je termine le jeu et je le revends dans la foulée pour un autre; ce qui fait le bonheur de gens comme nous pour des jeux difficilement trouvable en commerce, qui ont ce genre de raisonnement de foutre à la benne; aucun attachement, aucun recul. Tout ce que je constate, ce que vous souhaitez privé une partie des joueurs, qui ne sont pas si différent de vous, de posséder eux aussi des jeux vidéos.
Alors c'est clairement très chiant pour nous les collectionneurs qui chérissont même le vieux truc à 1 € pour lequel on a une grosse affection. Mais ça ne change pas le fait que ce qu'on perd d'un côté fait gagner de l'autre.
Par exemple, au Japon, les vieux trucs sont considérés comme du jetable sans grand intérêt, c'est pour ça que pendant longtemps on pouvait trouver des jeux rétro pour que dalle : les trucs en mauvais état vont à la benne et les trucs en bon état vont dans les magasins de 2de main comme les Book Off ou les Hard Off pour rentrer dans un cycle vertueux d'utilisateurs qui achètent pour jouer et revendre aussi tôt au même magasin. Mais naturellement, le stock de vieux jeux se réduit au fur et à mesure qu'il y a des casses.
Ca s'est accéléré avec l'arrivée des américains qui ont découvert le Japon à la fin des années 2000 : ils ont tout raflé dans les années 2010. Aujourd'hui, c'est dur de trouver du rétro à bon prix au Japon mais j'imagine que les américains chérissent ces vieux jeux dans leur collection. C'est devenu plus pérenne d'une certaine façon.
c'est un peu HS mais j'adore ce discours qui replace un peu le japon face à ses propres responsabilités. Dans une interview récente Florent Gorges disait la même chose.
Les japonais se plaignent de la hausse du prix du retro et de la disparition des jeux retro mais des jeux ont été édités à des millions d'exemplaires, il devrait y en avoir pour tout le monde et il rappelle que dans les années 2000 les magasins mettaient à la benne les jeux super famicom ou famicom qui n'étaient pas mint. Le moindre signe oust ! poubelle parce que cela prenait de la place en magasin et que cela ne se vendait pas vraiment à l'époque.
Le nombre de jeux partis à la poubelle est faramineux. s'ils avaient été conservés, il y aurait beaucoup moins de pénurie maintenant.
corben- Interne
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Localisation : Finistère
Date d'inscription : 03/08/2013
Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
Lyacos a écrit:
Je fais une énorme distinction entre l'art plus " classique "; pour reprendre l'exemple des Van Gogh, entre des tableaux qui valent plusieurs millions d'euros et qui n'existent qu'en un seul exemplaire " UNIQUE " et réserver exclusivement à un marché de niche pour grande fortune; le grand public lui se contenant de reproductions qu'il peut aisément se procurer à la demande ou non. 100 millions d'euros le tableau : une nuit étoilée, contre 30/40 euros pour sa reproduction, qui plus est, autorisé par les ayants droits; quand c'est le cas.
À l'inverse, le jeu vidéo c'est d'office un bien de consommation produit à une grande échelle; ce que tu achètes n'est qu'une reproduction faite à partir du code original. Même si le marché se raréfie, le jeu vidéo n'est pas prêt d'obtenir ce statut si singulier de l'art dit " traditionnel ". Par traditionnel, je fais bien entendu un raccourci car ne maîtrisant par le jargon de ce monde, j'entends les peintures, les sculptures, etc, plus au moins moderne ou non et qui n'ont pas vocation première à finir dans des Ikéa (-> le salon de monsieur tout le monde) ou autres.
Faire une comparaison entre une peinture et un jeu en boite est bien-sur un non sens tant les deux ne jouent pas dans le même catégorie.
Pour moi un jeu en boite ne peut être considéré comme de l'art , seul son logiciel peut l'être !
Film et musique peuvent être aussi considéré comme de l'art mais pas le DVD ou le CD sur le quel le fichier est installé.
Une peinture ce n'est ni le cadre ni la toile qui fait sa valeur (art) mais l'idée mise dessus, sont support a peut d’importance. (comme pour les JV, Films ,Zik...)
Par contre pour la collection le support devient essentiel et l'art n'est pas un critère de collection , tout aujourd'hui peut se collectionner , suffit juste de trouver des gens que cela intéresse !
Perso je ne vois pas pourquoi un collectionneur de JV devrait être moins considéré qu'un numismate ou qu'un philatéliste par exemple.
Nous sommes aussi face a de la production de masse sur des produits de grande consommation mais avec le temps ou avec des productions plus restreinte , nous nous retrouvons aussi avec des monnaies ou timbres en plus petite quantité de circulation et cela a une incidence sur le prix final.
Le JV en boite fait parti de la même catégorie de collection , un produit avec une grosse production mais qui comme pour les autres collections peut avoir des pièces plus difficiles a trouver et cela influe sur le prix de celle-ci.
Il n'y a rien d'anormal a cela et ce n'est pas propre aux JV mais a toute collection ou beaucoup de monde s’intéresse au même produit.
RPG- Patient incurable
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Date d'inscription : 29/05/2020
Sauzâ et Arrakis offrent 1 suppo à ce post!
Re: Coup de gueule : Retrogaming trop cher ?
Beaucoup de frustration ici ^^
kimengumi- Patient incurable
- Nombre de messages : 1389
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Date d'inscription : 19/06/2020
Sauzâ offre 1 suppo à ce post!
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