[Test] Bram Stocker's DRACULA (Sega-CD)

[dami1]

Support : SEGA-CD

Sortie : fin 1993

Versions alternatives : Megadrive, Super Nintendo, Game Boy, Game Gear, Master System, NES, Amiga, PC.

Du fin fond des Carpates, une légende raconte que jadis SONY éditait des jeux sur les machines de Nintendo et Sega. De ce pacte contre nature, les vieux grimoires se souviennent d’une version SEGA-CD dont le développement fut conduit par les forces des ténèbres…

En 1989, SONY décide d'étendre ses activités en investissant à la fois dans le cinéma, avec les rachats successifs de Columbia Pictures et Tri-Star Pictures, et dans le jeu vidéo avec la création de SONY Imagesoft. À une époque où le septième et le dixième art entretiennent des liens étroits, les différentes entités du groupe vont collaborer de manière rapprochée grâce aux connections logiques à l’intérieur du groupe. Après avoir exploité les films Hudson Hawk (avec Bruce Willis) et Hook sur consoles, la filiale vidéoludique jette son dévolu sur le « Dracula de Coppola ». Un choix surprenant quand on sait que l’adaptation de 1992 avec sa vision érotico-horrifique, ne s'adresse pas vraiment aux « kids » des années 90. Mais ainsi soit-il et, à la fin de l'année 1993, nous assistons à une véritable invasion de vampires sur les machines 8 et 16 bits (et accessoirement, Amiga, et PC). Dans ce florilège de versions, la véritable vitrine de Bram Stocker’s Dracula, est son portage Sega-CD. Contrairement à bon nombre de titres sur l'add-on, nous n’aurons pas de « version remix » (comprendre le jeu Megadrive avec des musiques stéréo et des cinématiques) mais bel et bien une aventure originale, techniquement ambitieuse.

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Révolution vampiresque ?

Attendu en Europe (comme en atteste la pub ci-dessus), Dracula sur l’add-on de SEGA restera cantonné au marché américain. Pourtant, à son annonce, le titre fait jaser et devient rapidement l’un des softs les plus attendus du support pour la presse, promettant des cinématiques et une expérience visuelle à la hauteur. S’il est difficile de connaître les raisons de cette annulation, nul doute que les gars de Psygnosis ont soigné la forme. Après une courte intro (dispensable) où l’écran titre se forme en lettres de sang, le jeu se lance sous les images du long-métrage ! En 1993, la chose fait son petit effet, puisque seule la version MEGA-CD dévoile des vidéos de l’œuvre cinématographique. Dans une bouillie de pixels dont seul le cd-rom du début des années 90 a le secret, on découvre un petit montage composé de courts extraits, pas toujours très cohérent. 

Puis, sans transition, une seconde cinématique nous montrant Bram Stocker nous sert de transition scénaristique. Ce qui nous fait irrésistiblement penser à un certain Dracula the undead sur Lynx. 

Sur la forme, le soft veut en mettre plein la vue…et ça se voit Graphiquement, l’ensemble est numérisé : sprites, décors, arrières plans, le tout est relativement beau, d’autant que la palette limitée de couleurs héritée de la MegaDrive est exploitée à bon escient. Mieux, nous avons parfois des passages où des plans du décors se déplacent de façon efficace avec un effet de perspective réussie, le tout en restant fluide. Bref, comme attendu, Bram Stocker’s Dracula se révèle être une prouesse graphique sur 16 bits en 1993.

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Jonathan Van Johnson

Seulement, le jeu montre rapidement ses limites, notamment à travers un gameplay aussi lourd que son protagoniste. Pour rappel, le joueur incarne Jonathan Harker, survivant du château de Dracula. Contrairement aux autres versions consoles qui tentaient d'imiter le personnage du film de Coppola, la version Sega-CD nous offre une réédition plus grossière de celle sur Amiga. Harker, ici, ressemble davantage à un boxeur trapu qu'à un héros raffiné : une silhouette plus proche d'un habitué des tavernes que d’un élégant gentleman. Devenu adepte des coups de poing, son agilité s'illustre dans un high-kick d'une grâce toute relative. Côté allure et finesse, nous sommes donc plus proche de « René » que de Keanu Reeves (qui incarne Harker dans le film).

Côté arsenal, ne vous attendez à rien de sophistiqué. Contrairement aux autres portages consoles, ici il n’y a ni arme ni gadget à l'horizon, vos seuls atouts seront vos poings et vos pieds, rendant rapidement l'expérience répétitive. En plus d’un manque flagrant de variété, le gameplay souffre d'une difficulté infernale et d'une jouabilité taillée dans les pires joysticks. Il ne suffira pas de marteler les boutons pour s'en sortir, et l'utilisation de cheat codes sera presque incontournable pour jouer dans des conditions acceptables.
Malgré ce tableau noir, les boss se distinguent par leur taille imposante et leur design fidèle au film. Dracula, avec sa cape rouge emblématique, laisse notamment une forte impression.

Song for a vampire


Si visuellement, le jeu s’en tire plutôt bien, c’est surtout pour ses musiques fabuleuses qu’il mérite des éloges. Bien que le célèbre score du compositeur polonais Wojciech Kilar ne soit malheureusement pas repris pour l’occasion, les compositions de Steve Hilliker sont tout simplement brillantes, se hissant parmi les meilleures de la ludothèque Mega-CD. Les thèmes atmosphériques collent parfaitement à l'ambiance du jeu, d'autant plus à une époque où les compositions horrifiques étaient rares sur console. Ces musiques sont sublimées par la qualité sonore offerte par le support CD « made in Sony » que tout acheteur de l'add-on était en droit d’attendre.

Vitrine des promesses du Mega/Sega-CD, Bram Stoker’s Dracula s’apparente davantage à une démo technique qu’à un jeu pleinement abouti. Malgré ses qualités visuelles et auditives indéniables, le titre souffre d'un gameplay limité, faisant de cette aventure un plaisir sensoriel, mais loin d’être une expérience véritablement mémorable.

[syl02]

En tout cas la vidéo ne donne pas envie, bravo pour l'avoir testé

[dami1]

 
Joueur du grenier si tu nous lis...

[syl02]

Je veux dire par là que le jeu est bien trop dur, je ne critique pas celui qui a fait le test.

[dami1]

Oui, j'avais compris :)

[Jacques Atari]

10:33 pour Dracula: