Bonjour les gens!
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Jacques Atari
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Bonjour les gens!
Fan et collectionneur sur tout ce qui touche la marque Atari, même si je peux pécher sur quelques autres machines parfois, je me joins à vous pour partager mon expérience et quelques photos/vidéos. :)
Jacques Atari- Interne
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Re: Bonjour les gens!
salut à toi ami Atariste !!! je le suis également !!
pour ma part j'ai commencé avec la 2600, puis le ST a changé ma vie...
soit le bienvenu !!
pour ma part j'ai commencé avec la 2600, puis le ST a changé ma vie...
soit le bienvenu !!
Anarwax- Docteur *
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eraserhead- Docteur *
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Paradis- Docteur *
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Re: Bonjour les gens!
Bon, je voulais attaquer directement avec ma collection et quelques reviews mais on dirait que les noobs n'ont pas le droit de poster d'images ou de liens avant 7 jours... Ok, on attendra.
Jacques Atari- Interne
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Localisation : Chez moi
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Re: Bonjour les gens!
Bienvenue! Je suis arrivée une heure avant toi donc je peux te la souhaiter ^^
J'ai juste pris beaucoup de temps pour faire ma présentation haha.
L'Atari j'ai eu que peu l'occasion de faire joujou avec chez moi c'était plutôt ordinateur à l'époque, avec Amstrad au commencement.
J'ai juste pris beaucoup de temps pour faire ma présentation haha.
L'Atari j'ai eu que peu l'occasion de faire joujou avec chez moi c'était plutôt ordinateur à l'époque, avec Amstrad au commencement.
Mokàcyd- Patient en incubation
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SnesGTI- Patient contaminé
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wulf- Patient incurable
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Re: Bonjour les gens!
Welcome !
killvan- Docteur *
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Localisation : Nan ! Si !
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Re: Bonjour les gens!
MES ANNEES INFORMATIQUE - PARTIE 1 - LE TEMPS DU REVE ET DU SQUATTAGE
Alors que la plupart des gamins nés depuis 20 ans poussent dans un environnement où l’informatique est omniprésente, et presque « normale » à leurs yeux, il n’en fut pas de même pour notre génération, celle née avant les années 80 et je pourrai inclure celle du début des années 90 car, avoir un ordinateur chez soi, même à cette période, ce n’était pas donné à tout le monde.
Il est amusant de comparer le « CV » de l’ancienne et la nouvelle génération de geeks. Les jeunes ont tous le même parcours : ils ont démarré avec un PC ou un Mac, et puis c’est tout. Seul l’OS a changé mais pas le reste. La seule chose qui remplace cet historique de bécanes chez eux est leur téléphone portable. Là, les machines tournent, et très régulièrement. Mais pour les sacs à puces, l’uniformisation est de rigueur depuis que les PC ont pris le pouvoir au milieu des années 90. C’est comme s’ils n’avaient eu qu’un seul partenaire dans leur vie et s’étaient mariés tout de suite avec. Quel ennui ! Les plus vieux ont navigué, multiplié les partenaires et expériences plus ou moins douteuses ou honteuses, utilisé des accessoires, ils ont souvent payé, pratiqué l’échangisme parfois, et toujours avec ce même moteur : l’envie et le désir ! Pas de lassitude. Chaque jeu, chaque programme, chaque périphérique, même merdeux, était une fête et une joie nouvelle. Forcément, on n’avait rien d’autre.
A partir de la seconde moitié des années 80, le mot « ordinateur » s’était démocratisé. Il était passé des obscurs locaux scientifiques et autres salles dédiées dans les bureaux où il était confiné, salles dans lesquelles les femmes n’avaient pas le droit d’accéder à cause de leurs collants qui produisaient de l’électricité statique et pouvaient bousiller la précieuse et encombrante machine, pour entrer chez les gens par la grande porte sous forme de « grosses calculatrices » reliées à la télé. La folie électronique submergeait le monde. C’était le summum du progrès et cela humidifiait délicatement les slips Petit Bateau de millions de gamins comme moi. Le peu qu’on en voyait à la télé, souvent de gros pixels faisant bip-bip, suffisait à enflammer nos imaginations. Je me souviens de conversations avec d’autres rêveurs ignares dans mon genre à ce moment-là, répétant (mal) ce qu’ils avaient entendu, ou inventant n’importe quoi pour se rendre intéressant, disant que les derniers ordinateurs pouvaient, par exemple, vous faire vos devoirs ! On lui rentrait son cahier quelque part et hop ! C’est lui qui se tapait vos maths ! On imaginait même le bidule capable de nous parler. La naïveté des gosses… Peut-être était-ce une sorte d’envie d'avoir un robot en guise d’ami. Le cinéma nous poussait dans ce sens. On regardait des films comme Star Wars, WarGames, D.A.R.Y.L, Electric Dreams ou tout simplement Tron et on rêvait d’avoir la même chose chez soi.
Pour beaucoup de gens, en particulier les adultes, et donc nos parents, un ordinateur était quelque chose d’assez abstrait et, comme avec leurs gosses, les fantasmes allaient bon train ainsi que l’auto-infériorisation. Pour savoir s’en servir, il fallait au moins être allé sur la lune… Et ça n’a pas changé encore aujourd’hui. Pour avoir donné des cours d’informatique ces derniers mois à des noobs n’y connaissant rien, je peux affirmer que l’un des fléaux à combattre en premier lieu est de faire rentrer dans les têtes qu’un ordinateur, c’est quelque chose de très bête. Les gens s’infériorisent tout seul devant une machine comme ça. Ils se disent : « Je suis con, c’est trop compliqué pour moi tout ça ! » Comment voulez-vous progresser en partant vaincu d'avance ?
Les interviews à la télé sur les petits génies en informatique, que l’on reconnaissait de suite à leur tronche en ébullition, leurs culs de bouteille leur servant de lunettes et leur incapacité à s’exprimer autrement qu’en monosyllabes, n’aidaient pas à convaincre la ménagère de moins de 50 ans qu’un ordinateur n’était pas plus futé que sa machine à laver. On les voyait chez eux, codant sur des IBM de 30 kg, leurs yeux de bigleux à vie rivés sur un écran monochrome à peine plus grand qu’un de nos cadres-photos numériques, tapant des lignes d’instructions incompréhensibles pour le commun des mortels. Ces gens-là n’étaient pas humains, c’était évident.
Les études, et le métier, d’informaticien étaient le Graal suprême pour bon nombre de parents. Si votre boutonneux avait 24/20 en maths au collège, c’était là qu’il fallait le diriger à ce moment-là. Qui pouvait se douter que ce métier connaîtrait quelques années plus tard un crash terrifiant ?
Le futur était là. Le service public de l’époque essaya la carte de la pédagogie chez les jeunes. Certains se souviendront de l’éphémère émission Micro Kid, présentée par Mouss en 1984.
Tout ça était bien gentil mais c’est comme pour tout, rien ne valait d’apprendre sur le tas et de se mettre les mains directement dans la pâte thermique. Hélas, acheter un ordinateur à ce moment-là, même d’entrée de gamme, c’était un budget conséquent et pour une famille modeste, on était dans le domaine de la science-fiction, et de la vraie cette fois. Il fallait compter au minimum 1500 frs et cela pouvait rapidement monter jusqu’à 10 fois cette somme. Par chance, la question de l’écran ne se posait pas. Mis à part les Mac et « PC et compatibles » comme on disait, les autres se branchaient directement sur la télé familiale, encore que nous étions dans une période où la rumeur voulait que ce genre de pratique les abîmaient soi-disant. Ma mère croyait dur comme fer à ces conneries… Et puis, lorsque vous aviez la chance d’avoir un truc comme ça et qu’il n’y avait qu’une seule télé dans la maison, c’était un coup à squatter toute la journée dessus, et les autres qui voulaient regarder Dallas ou Drucker devaient attendre. Les conflits ne pouvaient que s’engendrer. L’idéal était d’avoir sa propre télé dans sa chambre.
Vous comprendrez donc que, lorsque nous tombions sur d’heureux propriétaires d’implants siliconés, le mode « séduction-harcèlement » se mettait en route afin d’investir leur chambre pour avoir le plaisir de tripoter leur divine machine.
La première chose à laquelle nous pensions était les jeux, forcément. Ce qui fait que ordinateur ou console, c’était un peu la même chose pour nous. D’ailleurs, certaines machines combinaient les deux (Intellivision, Atari XEGS etc.) Contrairement à beaucoup, je n’ai jamais ressenti cette frustration ludique. Question jeux, je bénéficiais du meilleur grâce aux bornes d’arcade Jeutel installées dans les bistrots. Ayant eu un père garçon de café, j’étais à peu près sûr de jouer à l’œil quand j’allais le voir. Ms. Pac Man, Donkey Kong, Asteroid, Phoenix, Track and Field etc. J’ai connu tout ça.
Je me souviendrais toujours du geste d’un des patrons, alors que j’allais introduire ma pièce de 5 frs pour jouer à Commando. Il m’arrêta tout net, pris ma pièce, sortit une clé de sa poche, ouvrit la petite trappe où se situait les fentes d’introduction de monnaie, puis fit glisser deux ou trois fois ma pièce dedans, la récupérant à chaque fois, pour finir par me la rendre. J’avais eu une dizaine de parties pour rien. Cet homme était Dieu déguisé en patron de bistrot !
Devenu ado, et toujours sans micro, j’ai souvent traîné dans les troquets de ma ville, non pas pour picoler mais uniquement pour jouer dans une atmosphère bruyante et enfumée mais qui contribuait à l’ambiance finalement. Outre la psychologie du poivrot moyen, je découvris 1942, Rygar, Pac-Land, Double Dragon, Shinobi etc. Question jeu donc, pas de problème, mais c’est l’aspect technique qui m’a manqué. J’aurais voulu coder, faire du graphisme, des trucs comme ça. Je voyais, dans les rares revues de l’époque, des listings impressionnants à taper. En faisant ça, outre le fait de s’instruire et de comprendre, on se prenait aussi pour un de ces petits génies qu’on avait vu à la télé ou au cinéma, piratant la CIA avec un ordinateur ayant 1ko de ram…
Il s’est passé de longues années avant que j’acquière mes propres machines. Entre temps, je squattais sur celles des autres quand je tombais dessus. CV détaillé.
1983
Ma première rencontre avec un appareil ludique à brancher sur la télé fut la console Videopac Philips d’un pote de CM2 qui m’avait ramené chez lui, avec un autre type, le temps d’un mercredi après-midi. Issu d’un milieu aisé, il nous en mit plein la vue, jouant les VRP en faisant visiter son appartement aux témoins que nous étions. Ça, c’était sa télé et son magnétoscope Sony, ça c’était ses masques africains géants, ça c’était sa hauteur sous plafond, ça c’était le véritable pistolet chargé de son père (véridique ! Il s’était même amusé à nous braquer avec, ce con ! Imaginez une maladresse et un coup qui part…) et enfin, ça, c’était sa console. Avec le gusse qui m’accompagnait, on a littéralement fondu sur la bête. C’était le grand luxe, rendez-vous compte, il avait une petite télé portative noir et blanc dans sa chambre juste pour ça. Nous en étions presque à nous frotter sur la console en couinant tant c’était jouissif. Le jeu Gunfighter, très connu sur bien des bécanes, sous d’autres noms parfois, a tourné toute la journée. Le tir qui rebondissait et pouvait vous revenir dans les dents nous rendait fou.
J’aurais tout donné, tout fait, pour ramener cette machine chez moi, et partir de chez lui fut un déchirement. J’aurais dû prendre le flingue de son vieux, lui vider le chargeur dans la gueule et repartir avec sa console !
La même année, une autre claque m’attendait mais cette fois-ci, beaucoup moins furtive. Ma voisine de palier venait de recevoir un TI-99/4A Texas Instrument.
En fait, c’était plus pour son père qui bossait dans l’informatique qu’autre chose. Le soir, ou plutôt, en fin d’après-midi car, comme bon nombre de ces gens-là, ils sont chez eux avant 18h, il prenait l’engin et s’amusait à coder quelques lignes sur son écran Trinitron baveux. Mais qu’importe ! Il y avait des manettes et des jeux, sous forme de cartouche. Nous en eûmes deux. Le classique Space Invaders et Parsec, sorte de Defender/Scramble.
Nos mercredis après-midis, où je montais chez elle pour soi-disant faire nos devoirs ensemble, furent entièrement consacrés à cet ordinateur. Organisés en binôme, avec chacun une manette dans les pognes, la copine s’occupait des déplacements et moi du tir. On a joué, et joué et rejoué… Elle s’en souvient encore la voisine, désormais mère célibataire engluée dans des crédits…
Techniquement parlant, cet ordinateur était une tuerie pour l’époque, c’était le premier 16 bits. Son Basic étendu contenait des instructions incroyables, comme le zoom d’un sprite par exemple. En accessoire, un synthétiseur vocal permettait de le faire causer. On était à des années-lumière des 8 bits poussifs qui triomphaient pourtant à ce moment-là, comme le ZX-81 par exemple.
1984
Seule découverte cette année là pour moi, la console Vectrex d’un type de mon collège, même pas un ami, qui m’avait ramené chez lui pour me prêter quelques Mustang, les BD Lug avec Mikros et Photonik. Pendant qu’il fouillait dans une armoire à la recherche des périodiques promis, je n’avais d’yeux que pour le gros écran trônant dans sa chambre, encore plus bordélique que la mienne. C’était trop tentant et, voyant mon intérêt, il en vint à me montrer la bête. C’était pourtant que des jeux en fil de fer, déjà ringards pour l’époque, mais quand on a rien vu… Et puis le concept même de la Vectrex, à savoir une sorte de mini borne d’arcade à domicile, ça en jetait. De 5mn pour venir prendre trois bouquins, j’ai dû rester une bonne heure…
1985/86
Là, ça devint plus sérieux. Un type de ma classe, avec qui j’avais pas mal de points communs (Strange, jouets, musique new wave etc.), venait de faire l’acquisition d’un Amstrad CPC 6128, ordinateur qui allait devenir N°1 en Europe pendant quelques temps. J’en fus ébloui et je pris carrément pension chez lui, jouant, et rejouant, à Sorcery +, Airwolf, Jet Set Willy, Boulder Dash, tout en écoutant en fond sonore les albums de Sandra ou Queen...
Quand je dis « prendre pension », j’exagère à peine et j’en ai honte aujourd’hui. Le moindre jour sans école était prétexte. J’arrivais chez lui très tôt et je repartais très tard. J’étais chez moi chez lui... C’est même moi qui lançais les jeux à peine arrivé, avec les commandes « run disk » ou « run menu ». On apprend vite quand on est passionné.
Première rencontre avec des disquettes également, les fameuses disquettes Amstrad, format propriétaire de trois pouces. C’était moderne !
Autre découverte. Un après-midi que j’étais chez lui, je vis qu’il avait aussi une console VCS 2600 Atari. La première console (ou presque) grand public. Y'en a qui ont le cul bordé de nouilles quand même...
Curieux, je lui demandais de voir la chose. Une fois le câble branché sur la prise antenne de sa télé, car la VCS n’a jamais eu de Péritel, je pris une claque magistrale avec un seul jeu : H.E.R.O. Le principe même du jeu con mais terriblement prenant et encore maintenant.
J’avais deux raisons désormais de rester chez mon pote. Pierre, si tu lis ça presque 35 ans après, j’espère que tu me pardonnes d’avoir joué les acariens chez toi pendant quelques temps. Tu ne t’es jamais plains non plus alors…
La voisine n’ayant plus son TI-99/4A, qui fut sans doute un prêt par le boulot de son père (cette famille aimait bien emprunter ou louer des trucs en faisant croire qu’elle les avait achetés), on s’était retrouvé sans ordinateur pendant deux ans. Retour à la case départ. Mais le bureau de son vieux venait de changer tous leurs ordinateurs et les anciens étaient bons pour la casse. Il en sauva un, peut-être le sien, et le ramena pour sa fille. C’était un Apple II, ordinateur déjà dépassé en 1985. Seulement, il était complet, avec écran monochrome, lecteur de disquettes, deux manettes et des centaines de jeux copiés. Chaque disquette en contenait jusqu’à 10. Le cadeau fut divin.
Ce fut ma première rencontre avec les fameuses disquettes 5¼, souples et noires. Elles en ont vu avec nous. Outre les doigts accidentellement posés sur la surface magnétique, il arrivait parfois que l’on ratait la fente du lecteur en voulant les introduire dedans trop vite et la disquette se pliait... Plus tard, je crus pendant des années que le « disque dur », c’était ça, un lecteur pour les disquettes de cette taille. Je ne sais pas pourquoi.
Pour le reste, ce fut des centaines d’heures de jeu sur des titres comme Conan, Montezuma’s Revenge et tant d’autres, comme Swashbuckler, Sea Dragon, Spy Hunter etc. L’idée du binôme entamée avec le TI-99/4A perdura avec l’Apple II. En effet, en guise de manettes, nous eûmes des paddles. L’un permettait d’aller de gauche à droite et l’autre de bas en haut. Je ne vous raconte pas comment il fallait être synchrone pour faire un saut en diagonale, mais on y arrivait. On s’engueulait même parfois à cause de ça. D’un jeu fait pour une seule personne, on en avait fait un truc jouable à deux. Son Apple II nous fit de l'usage pendant plusieurs années, jusqu'à ce que j'acquière ma première bécane.
A suivre.
Alors que la plupart des gamins nés depuis 20 ans poussent dans un environnement où l’informatique est omniprésente, et presque « normale » à leurs yeux, il n’en fut pas de même pour notre génération, celle née avant les années 80 et je pourrai inclure celle du début des années 90 car, avoir un ordinateur chez soi, même à cette période, ce n’était pas donné à tout le monde.
Il est amusant de comparer le « CV » de l’ancienne et la nouvelle génération de geeks. Les jeunes ont tous le même parcours : ils ont démarré avec un PC ou un Mac, et puis c’est tout. Seul l’OS a changé mais pas le reste. La seule chose qui remplace cet historique de bécanes chez eux est leur téléphone portable. Là, les machines tournent, et très régulièrement. Mais pour les sacs à puces, l’uniformisation est de rigueur depuis que les PC ont pris le pouvoir au milieu des années 90. C’est comme s’ils n’avaient eu qu’un seul partenaire dans leur vie et s’étaient mariés tout de suite avec. Quel ennui ! Les plus vieux ont navigué, multiplié les partenaires et expériences plus ou moins douteuses ou honteuses, utilisé des accessoires, ils ont souvent payé, pratiqué l’échangisme parfois, et toujours avec ce même moteur : l’envie et le désir ! Pas de lassitude. Chaque jeu, chaque programme, chaque périphérique, même merdeux, était une fête et une joie nouvelle. Forcément, on n’avait rien d’autre.
A partir de la seconde moitié des années 80, le mot « ordinateur » s’était démocratisé. Il était passé des obscurs locaux scientifiques et autres salles dédiées dans les bureaux où il était confiné, salles dans lesquelles les femmes n’avaient pas le droit d’accéder à cause de leurs collants qui produisaient de l’électricité statique et pouvaient bousiller la précieuse et encombrante machine, pour entrer chez les gens par la grande porte sous forme de « grosses calculatrices » reliées à la télé. La folie électronique submergeait le monde. C’était le summum du progrès et cela humidifiait délicatement les slips Petit Bateau de millions de gamins comme moi. Le peu qu’on en voyait à la télé, souvent de gros pixels faisant bip-bip, suffisait à enflammer nos imaginations. Je me souviens de conversations avec d’autres rêveurs ignares dans mon genre à ce moment-là, répétant (mal) ce qu’ils avaient entendu, ou inventant n’importe quoi pour se rendre intéressant, disant que les derniers ordinateurs pouvaient, par exemple, vous faire vos devoirs ! On lui rentrait son cahier quelque part et hop ! C’est lui qui se tapait vos maths ! On imaginait même le bidule capable de nous parler. La naïveté des gosses… Peut-être était-ce une sorte d’envie d'avoir un robot en guise d’ami. Le cinéma nous poussait dans ce sens. On regardait des films comme Star Wars, WarGames, D.A.R.Y.L, Electric Dreams ou tout simplement Tron et on rêvait d’avoir la même chose chez soi.
Pour beaucoup de gens, en particulier les adultes, et donc nos parents, un ordinateur était quelque chose d’assez abstrait et, comme avec leurs gosses, les fantasmes allaient bon train ainsi que l’auto-infériorisation. Pour savoir s’en servir, il fallait au moins être allé sur la lune… Et ça n’a pas changé encore aujourd’hui. Pour avoir donné des cours d’informatique ces derniers mois à des noobs n’y connaissant rien, je peux affirmer que l’un des fléaux à combattre en premier lieu est de faire rentrer dans les têtes qu’un ordinateur, c’est quelque chose de très bête. Les gens s’infériorisent tout seul devant une machine comme ça. Ils se disent : « Je suis con, c’est trop compliqué pour moi tout ça ! » Comment voulez-vous progresser en partant vaincu d'avance ?
Les interviews à la télé sur les petits génies en informatique, que l’on reconnaissait de suite à leur tronche en ébullition, leurs culs de bouteille leur servant de lunettes et leur incapacité à s’exprimer autrement qu’en monosyllabes, n’aidaient pas à convaincre la ménagère de moins de 50 ans qu’un ordinateur n’était pas plus futé que sa machine à laver. On les voyait chez eux, codant sur des IBM de 30 kg, leurs yeux de bigleux à vie rivés sur un écran monochrome à peine plus grand qu’un de nos cadres-photos numériques, tapant des lignes d’instructions incompréhensibles pour le commun des mortels. Ces gens-là n’étaient pas humains, c’était évident.
Les études, et le métier, d’informaticien étaient le Graal suprême pour bon nombre de parents. Si votre boutonneux avait 24/20 en maths au collège, c’était là qu’il fallait le diriger à ce moment-là. Qui pouvait se douter que ce métier connaîtrait quelques années plus tard un crash terrifiant ?
Le futur était là. Le service public de l’époque essaya la carte de la pédagogie chez les jeunes. Certains se souviendront de l’éphémère émission Micro Kid, présentée par Mouss en 1984.
Tout ça était bien gentil mais c’est comme pour tout, rien ne valait d’apprendre sur le tas et de se mettre les mains directement dans la pâte thermique. Hélas, acheter un ordinateur à ce moment-là, même d’entrée de gamme, c’était un budget conséquent et pour une famille modeste, on était dans le domaine de la science-fiction, et de la vraie cette fois. Il fallait compter au minimum 1500 frs et cela pouvait rapidement monter jusqu’à 10 fois cette somme. Par chance, la question de l’écran ne se posait pas. Mis à part les Mac et « PC et compatibles » comme on disait, les autres se branchaient directement sur la télé familiale, encore que nous étions dans une période où la rumeur voulait que ce genre de pratique les abîmaient soi-disant. Ma mère croyait dur comme fer à ces conneries… Et puis, lorsque vous aviez la chance d’avoir un truc comme ça et qu’il n’y avait qu’une seule télé dans la maison, c’était un coup à squatter toute la journée dessus, et les autres qui voulaient regarder Dallas ou Drucker devaient attendre. Les conflits ne pouvaient que s’engendrer. L’idéal était d’avoir sa propre télé dans sa chambre.
Vous comprendrez donc que, lorsque nous tombions sur d’heureux propriétaires d’implants siliconés, le mode « séduction-harcèlement » se mettait en route afin d’investir leur chambre pour avoir le plaisir de tripoter leur divine machine.
La première chose à laquelle nous pensions était les jeux, forcément. Ce qui fait que ordinateur ou console, c’était un peu la même chose pour nous. D’ailleurs, certaines machines combinaient les deux (Intellivision, Atari XEGS etc.) Contrairement à beaucoup, je n’ai jamais ressenti cette frustration ludique. Question jeux, je bénéficiais du meilleur grâce aux bornes d’arcade Jeutel installées dans les bistrots. Ayant eu un père garçon de café, j’étais à peu près sûr de jouer à l’œil quand j’allais le voir. Ms. Pac Man, Donkey Kong, Asteroid, Phoenix, Track and Field etc. J’ai connu tout ça.
Je me souviendrais toujours du geste d’un des patrons, alors que j’allais introduire ma pièce de 5 frs pour jouer à Commando. Il m’arrêta tout net, pris ma pièce, sortit une clé de sa poche, ouvrit la petite trappe où se situait les fentes d’introduction de monnaie, puis fit glisser deux ou trois fois ma pièce dedans, la récupérant à chaque fois, pour finir par me la rendre. J’avais eu une dizaine de parties pour rien. Cet homme était Dieu déguisé en patron de bistrot !
Devenu ado, et toujours sans micro, j’ai souvent traîné dans les troquets de ma ville, non pas pour picoler mais uniquement pour jouer dans une atmosphère bruyante et enfumée mais qui contribuait à l’ambiance finalement. Outre la psychologie du poivrot moyen, je découvris 1942, Rygar, Pac-Land, Double Dragon, Shinobi etc. Question jeu donc, pas de problème, mais c’est l’aspect technique qui m’a manqué. J’aurais voulu coder, faire du graphisme, des trucs comme ça. Je voyais, dans les rares revues de l’époque, des listings impressionnants à taper. En faisant ça, outre le fait de s’instruire et de comprendre, on se prenait aussi pour un de ces petits génies qu’on avait vu à la télé ou au cinéma, piratant la CIA avec un ordinateur ayant 1ko de ram…
Il s’est passé de longues années avant que j’acquière mes propres machines. Entre temps, je squattais sur celles des autres quand je tombais dessus. CV détaillé.
1983
Ma première rencontre avec un appareil ludique à brancher sur la télé fut la console Videopac Philips d’un pote de CM2 qui m’avait ramené chez lui, avec un autre type, le temps d’un mercredi après-midi. Issu d’un milieu aisé, il nous en mit plein la vue, jouant les VRP en faisant visiter son appartement aux témoins que nous étions. Ça, c’était sa télé et son magnétoscope Sony, ça c’était ses masques africains géants, ça c’était sa hauteur sous plafond, ça c’était le véritable pistolet chargé de son père (véridique ! Il s’était même amusé à nous braquer avec, ce con ! Imaginez une maladresse et un coup qui part…) et enfin, ça, c’était sa console. Avec le gusse qui m’accompagnait, on a littéralement fondu sur la bête. C’était le grand luxe, rendez-vous compte, il avait une petite télé portative noir et blanc dans sa chambre juste pour ça. Nous en étions presque à nous frotter sur la console en couinant tant c’était jouissif. Le jeu Gunfighter, très connu sur bien des bécanes, sous d’autres noms parfois, a tourné toute la journée. Le tir qui rebondissait et pouvait vous revenir dans les dents nous rendait fou.
J’aurais tout donné, tout fait, pour ramener cette machine chez moi, et partir de chez lui fut un déchirement. J’aurais dû prendre le flingue de son vieux, lui vider le chargeur dans la gueule et repartir avec sa console !
La même année, une autre claque m’attendait mais cette fois-ci, beaucoup moins furtive. Ma voisine de palier venait de recevoir un TI-99/4A Texas Instrument.
En fait, c’était plus pour son père qui bossait dans l’informatique qu’autre chose. Le soir, ou plutôt, en fin d’après-midi car, comme bon nombre de ces gens-là, ils sont chez eux avant 18h, il prenait l’engin et s’amusait à coder quelques lignes sur son écran Trinitron baveux. Mais qu’importe ! Il y avait des manettes et des jeux, sous forme de cartouche. Nous en eûmes deux. Le classique Space Invaders et Parsec, sorte de Defender/Scramble.
Nos mercredis après-midis, où je montais chez elle pour soi-disant faire nos devoirs ensemble, furent entièrement consacrés à cet ordinateur. Organisés en binôme, avec chacun une manette dans les pognes, la copine s’occupait des déplacements et moi du tir. On a joué, et joué et rejoué… Elle s’en souvient encore la voisine, désormais mère célibataire engluée dans des crédits…
Techniquement parlant, cet ordinateur était une tuerie pour l’époque, c’était le premier 16 bits. Son Basic étendu contenait des instructions incroyables, comme le zoom d’un sprite par exemple. En accessoire, un synthétiseur vocal permettait de le faire causer. On était à des années-lumière des 8 bits poussifs qui triomphaient pourtant à ce moment-là, comme le ZX-81 par exemple.
1984
Seule découverte cette année là pour moi, la console Vectrex d’un type de mon collège, même pas un ami, qui m’avait ramené chez lui pour me prêter quelques Mustang, les BD Lug avec Mikros et Photonik. Pendant qu’il fouillait dans une armoire à la recherche des périodiques promis, je n’avais d’yeux que pour le gros écran trônant dans sa chambre, encore plus bordélique que la mienne. C’était trop tentant et, voyant mon intérêt, il en vint à me montrer la bête. C’était pourtant que des jeux en fil de fer, déjà ringards pour l’époque, mais quand on a rien vu… Et puis le concept même de la Vectrex, à savoir une sorte de mini borne d’arcade à domicile, ça en jetait. De 5mn pour venir prendre trois bouquins, j’ai dû rester une bonne heure…
1985/86
Là, ça devint plus sérieux. Un type de ma classe, avec qui j’avais pas mal de points communs (Strange, jouets, musique new wave etc.), venait de faire l’acquisition d’un Amstrad CPC 6128, ordinateur qui allait devenir N°1 en Europe pendant quelques temps. J’en fus ébloui et je pris carrément pension chez lui, jouant, et rejouant, à Sorcery +, Airwolf, Jet Set Willy, Boulder Dash, tout en écoutant en fond sonore les albums de Sandra ou Queen...
Quand je dis « prendre pension », j’exagère à peine et j’en ai honte aujourd’hui. Le moindre jour sans école était prétexte. J’arrivais chez lui très tôt et je repartais très tard. J’étais chez moi chez lui... C’est même moi qui lançais les jeux à peine arrivé, avec les commandes « run disk » ou « run menu ». On apprend vite quand on est passionné.
Première rencontre avec des disquettes également, les fameuses disquettes Amstrad, format propriétaire de trois pouces. C’était moderne !
Autre découverte. Un après-midi que j’étais chez lui, je vis qu’il avait aussi une console VCS 2600 Atari. La première console (ou presque) grand public. Y'en a qui ont le cul bordé de nouilles quand même...
Curieux, je lui demandais de voir la chose. Une fois le câble branché sur la prise antenne de sa télé, car la VCS n’a jamais eu de Péritel, je pris une claque magistrale avec un seul jeu : H.E.R.O. Le principe même du jeu con mais terriblement prenant et encore maintenant.
J’avais deux raisons désormais de rester chez mon pote. Pierre, si tu lis ça presque 35 ans après, j’espère que tu me pardonnes d’avoir joué les acariens chez toi pendant quelques temps. Tu ne t’es jamais plains non plus alors…
La voisine n’ayant plus son TI-99/4A, qui fut sans doute un prêt par le boulot de son père (cette famille aimait bien emprunter ou louer des trucs en faisant croire qu’elle les avait achetés), on s’était retrouvé sans ordinateur pendant deux ans. Retour à la case départ. Mais le bureau de son vieux venait de changer tous leurs ordinateurs et les anciens étaient bons pour la casse. Il en sauva un, peut-être le sien, et le ramena pour sa fille. C’était un Apple II, ordinateur déjà dépassé en 1985. Seulement, il était complet, avec écran monochrome, lecteur de disquettes, deux manettes et des centaines de jeux copiés. Chaque disquette en contenait jusqu’à 10. Le cadeau fut divin.
Ce fut ma première rencontre avec les fameuses disquettes 5¼, souples et noires. Elles en ont vu avec nous. Outre les doigts accidentellement posés sur la surface magnétique, il arrivait parfois que l’on ratait la fente du lecteur en voulant les introduire dedans trop vite et la disquette se pliait... Plus tard, je crus pendant des années que le « disque dur », c’était ça, un lecteur pour les disquettes de cette taille. Je ne sais pas pourquoi.
Pour le reste, ce fut des centaines d’heures de jeu sur des titres comme Conan, Montezuma’s Revenge et tant d’autres, comme Swashbuckler, Sea Dragon, Spy Hunter etc. L’idée du binôme entamée avec le TI-99/4A perdura avec l’Apple II. En effet, en guise de manettes, nous eûmes des paddles. L’un permettait d’aller de gauche à droite et l’autre de bas en haut. Je ne vous raconte pas comment il fallait être synchrone pour faire un saut en diagonale, mais on y arrivait. On s’engueulait même parfois à cause de ça. D’un jeu fait pour une seule personne, on en avait fait un truc jouable à deux. Son Apple II nous fit de l'usage pendant plusieurs années, jusqu'à ce que j'acquière ma première bécane.
A suivre.
Jacques Atari- Interne
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Re: Bonjour les gens!
Ahhh un Atariste !!!!
WELCOME !!!
Collectionneur Atari donc ? Je serai curieux un jour de voir une liste de ta collection niveau hardware ^^
WELCOME !!!
Collectionneur Atari donc ? Je serai curieux un jour de voir une liste de ta collection niveau hardware ^^
oldgamer24- Docteur *
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Re: Bonjour les gens!
oldgamer24 a écrit:Ahhh un Atariste !!!!
WELCOME !!!
Collectionneur Atari donc ? Je serai curieux un jour de voir une liste de ta collection niveau hardware ^^
Ça viendra, quand je pourrais poster des images et des liens externes...
Jacques Atari- Interne
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Re: Bonjour les gens!
excellent, j'ai eu la même période Amstrad chez le voisin !! mais un CPC 464...
on jouait en permanence !!! il avait le micro, et moi le double cassette pour copier les jeux
et j'en ai copié un sacré paquet !!!
Sorcery oui ! meme Cauldron ! karnov, salamander, ikari warriors, double dragon, le 5eme axe, bruce lee, paperboy, et d'inoubliables jeux d'aventure comme SRAM, Zombie, etc etc etc
le frangin de ce même voisin, du coup lui meme mon voisin, hein, est passé au ST
et là... zeu claque ! j'ai revendu mon TO8D pour acheter un STf
le début de l'Atarimania, version micro ! pas connu le XL...
on jouait en permanence !!! il avait le micro, et moi le double cassette pour copier les jeux
et j'en ai copié un sacré paquet !!!
Sorcery oui ! meme Cauldron ! karnov, salamander, ikari warriors, double dragon, le 5eme axe, bruce lee, paperboy, et d'inoubliables jeux d'aventure comme SRAM, Zombie, etc etc etc
le frangin de ce même voisin, du coup lui meme mon voisin, hein, est passé au ST
et là... zeu claque ! j'ai revendu mon TO8D pour acheter un STf
le début de l'Atarimania, version micro ! pas connu le XL...
Anarwax- Docteur *
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Re: Bonjour les gens!
MES ANNEES INFORMATIQUE - PARTIE 2 - MA PREMIERE FOIS
1987
Découverte d’un nouvel ordinateur chez un pote, le ZX Spectrum. Malgré son nom clinquant, c’était une machine ringarde, pas du tout taillée pour le jeu, et qui était encore à K7 dans le modèle reçu par le copain. Des K7 audio en guise de support pour des jeux ? C’était la première fois que je voyais ça. Etant habitué aux disquettes 5¼ de l’Apple II ou 3 pouces de l’Amstrad, voire aux cartouches, ce format m’avait beaucoup intrigué à ce moment-là.
Je découvris donc cet ordinateur et le constat fut navrant. Je me souviens, on mettait un jeu, Gryzor par exemple, et on allait se regarder un bout de film dans le salon en attendant, parce qu’il y en avait pour 20mn de chargement… A la sortie, en échange de toute cette attente, même pas d’émerveillements. Un jeu moche, aux sons bip-bip, aux effets ridicules. Ça me rappelait l’Apple II mais lui avait l’excuse de l’âge. J’ai pas du tout bavé dessus.
La même année, ma voisine de palier reçut un Minitel. C’était comme le Canada Dry ça, ça avait le goût et la couleur d’un ordinateur mais ce n’était pas un ordinateur ! Très curieux le mercredi suivant cet arrivage, nous le découvrîmes ensemble, passant la journée dessus. Sans le savoir, on se faisait une répétition d’Internet avec ce truc. On s’amusait à jouer aux petits jeux proposés par le 3615 code pl jeux. Avec des caractères semi-graphiques, tout en noir et blanc, un son grésillant, c’était grotesque, mais on s’amusait tout de même. Notre jeu favori fut celui des allumettes. Une rangée d’une quarantaine d’allumettes et chaque joueur doit en enlever une, deux ou trois. Celui qui a la dernière perd. Jeu idiot de logique mais très prenant en version électronique. C’est curieux car, on aurait pu y jouer avec de vraies allumettes sur une table mais là, ça ne nous aurait beaucoup moins plu.
Mais hélas, le Minitel n’a jamais été gratuit. Loin de là. Le mois suivant, son père reçut une facture de téléphone assez… musclée ! Et la bonne copine a dégusté pour deux. On n’a donc plus trop touché à ce Minitel par la suite. J’en pris un pour moi en 1993 dans le seul objectif de chasser la greluche sur les fameux serveurs de rencontres de l’époque. Ce fut à mon tour de recevoir des factures carabinées…
Dernière découverte, vers la fin de l’année, « initiation à l’informatique » à l’école grâce à un plan national. J’étais en 4e et, une fois tous les quinze jours, j’y eu droit avec toute ma classe sur les ordinateurs du collège et dans la salle dédiée. Une salle qui nous faisait tous rêver mais le rêve fut de courte durée. En effet, nous nous sommes tous retrouvés face à des MO5 Thomson, ordinateurs on ne peut plus nazes. Petits, fragiles, buggés, avec des touches en caoutchouc, non, franchement…
Ils étaient tous connectés au « nanoréseau », sorte de gros ordinateur, sans doute un PC, situé dans le fond de la salle et qui pilotait tout ça. Je me souviens des consignes du prof, nous demandant d’allumer nos MO5 un par un, poste par poste, pour ne pas faire sauter le nanoréseau. On était encore loin du plug and play… Trop excités de se retrouver devant un véritable ordinateur, et pressés d’appuyer sur son clavier, on a tous, ou presque, allumé nos bécanes en même temps. Hurlement du prof…
Qu’en avons-nous retiré de cette initiation ? Rien ! Que voulez-vous apprendre avec deux heures une fois tous les quinze jours ? On considérait plus ça comme deux heures de détente et de rigolade que comme un véritable cours. La seule chose intéressante dont je me rappelle fut une sorte de répétition du « copier-voler » avant l’heure. En effet, comme tout était connecté, à l’aide de la commande « CLONE », on s’accaparait ni vu ni connu le travail d’un autre poste qui s’affichait sur notre propre écran. Il suffisait juste de le retoucher un peu pour le faire passer pour son propre truc. Les faignants ont toujours de l’astuce.
1988
Rencontre furtive avec un vieil Atari 800XL chez un mec le temps d’un après-midi en compagnie de quelques pétasses de notre classe. Et oui, c’était aussi le temps de la drague. On jouait à Jungle Hunt et ça faisait glousser les dindes assises à côté de nous.
Fin décembre, enfin, je perds mon pucelage en silicone en recevant pour mon anniversaire/Noël mon premier ordinateur, un Atari 520 ST. J’avais demandé, sans vraiment bien savoir ce que je voulais, un appareil-photo. C’est toujours utile. Et le tonton et la tata friqués m’ont ramené un sac à puces, et avec le moniteur en plus, en couleurs ! On n’aurait pas pu me surprendre plus que ça. Ni me faire plus plaisir ! Moi qui me serais contenté d’un Amstrad 6128, je recevais un truc 10 fois plus puissant.
J’étais en 3e à ce moment-là et j’étais dans une petite bande où tout le monde, ou presque, avait un ordinateur ou une console 8 bits. Je passais donc un peu pour un con auprès d’eux. Mais après la réception de cet ordinateur, un 16 bits, il était temps de prendre le pouvoir et de frimer !
J’ai reçu ça un dimanche. Le lendemain matin, en bas de chez moi, où toute la clique se donnait RDV pour se rendre à la mine de sel appelée « collège Jean Jaurès », on me demanda si j’avais reçu mon appareil-photo et s’il était bien. J’attendais ce moment depuis la veille. Quand je leur annonçais, tranquillement, que l’appareil-photo était en fait un Atari ST, il y eut un énorme silence dans le groupe. Et voilà comment on devient le patron sans même l’avoir voulu.
Deux jeux accompagnaient ce divin cadeau : Bob Winner, une merde et sans doute un invendu mis dans le lot, et surtout, le jeu qui m’a le plus marqué dans ma vie : Dungeon Master, jeu devenu culte depuis. Si je ne devais en garder qu’un, ce serait celui-ci.
Ce fut le début d’une addiction aux jeux vidéo qui allait durer six ans. Le premier mois se passa dans le donjon virtuel, à explorer et combattre. Cela me rappelait les Livres Dont Vous Etes Le Héros. La maladie me frappa avec rage. Les devoirs ? Aux chiottes ! Les filles ? Plus le temps ! Les comics ? Plus tard ! Je ne sortais plus. Je ne mangeais plus. Je dormais très peu. Ma mère se plaignait du bruit que faisait chaque clic de la souris la nuit.
On n’avançait pas dans Dungeon Master, on s’y enfonçait. Animé, en temps réel, immense, difficile, truffé de passages secrets, avec des sons digitalisés pour vraiment nous mettre dans l’ambiance, ce titre a révolutionné le jeu d’aventure. C’était d’ailleurs plus qu’un jeu, c’était une simulation de vie, tout simplement.
Tout un monde, tenant sur moins d’1mo, s’offrait à moi. Je ne parlais plus que ça, gonflant nombre de personnes autour de moi. En cours, je pensais déjà à la prochaine partie et me triturait la cervelle pour savoir comment résoudre une énigme ou franchir un passage délicat qui me posait problème.
Je réussis à le finir en 6 mois, en occultant plus de la moitié des salles. Certaines me foutaient tout simplement trop la trouille. Malgré la promesse de trésors et autres objets, je savais que ça grouillait de bestioles dedans et que je me ferai tuer rapidement. Mal organisé dans mes premières parties, ignare de la magie, trop pressé d’avancer, j’ai tout connu : les trappes invisibles, les marches de la faim et de la soif, la fuite avec derrière soi un monstre vous coursant, les cul-de-sac, les combats dos au mur, la mort. Heureusement, les sauvegardes étaient là.
Je n’ai jamais retrouvé une telle émotion, une telle sensation de jeu. Peut-être que la découverte de l’ordinateur ajoutait un plus, mais il est clair que Dungeon Master était LE jeu du moment sur 16 bits. Il fut d’ailleurs la plus grosse vente sur Atari ST toute époque confondue et rafla des tas de prix. Encore maintenant, il est évoqué avec respect et les émulateurs à son propos ne manquent pas.
Un jeu, même de folie comme Dungeon Master, c’est bien mais c’est peu. Il m’en fallut rapidement d’autres. La solution la plus simple fut celle des jeux « déplombés » comme on disait alors. Le mot « crackés », plus branché, le remplacera bien vite. A 200 frs le jeu original en moyenne, il était clair que cela encourageait le piratage. 10 disquettes vierges, c’était 60 balles alors forcément… Il suffisait de trouver quelqu’un dans l’école qui avait ses sources. C’est comme ça que j’entendis parler pour la première fois du fameux système pyramidal de Ponzi. Vous savez, le truc qu’employait Madoff et tant d’autres escrocs. On paye les intérêts des premiers investisseurs avec les cotisations des nouveaux venus. Certains petits malins vendaient leurs copies de cette façon et faisaient raquer les autres par l’intermédiaire de leurs « clients ». Les sommes pouvaient rapidement devenir énormes, surtout pour des collégiens.
Mes premiers jeux crackés arrivèrent bien vite : Crazy Cars 2, Speedball, des démos musicales, Arkanoid 2, Barbarian 2. Evoquons également les « filières parallèles » pour se procurer des jeux, comme ces potes malhonnêtes se rendant au Virgin Megastore des Champs-Elysées, dont la sécurité était aisément contournable à l’époque. Le système était bien rodé. Un se mettait devant pour cacher l’autre derrière qui ouvrait rapidement les boîtes, volait les disquettes dedans, et tous repartaient très vite. Ils revendaient ensuite le fruit de leur larcin une poignée de clous à des gens comme moi, pour qui l’idée de voler effarouchait mais n’était pas contre celle de jouer les receleurs… Je pus récupérer ainsi nombre de jeux originaux, bien que sans boîte ni notice mais qu’importe.
Dans le gros colis, un livre « Bien débuter avec l’Atari ST » l’accompagnait. Il me faudra quelques semaines pour comprendre que ce bouquin datait de la sortie du premier ST, en 1985, et qu’il n’était pas à jour par rapport à celui que j’avais reçu. Je me revois encore en train de fouiller la disquette utilitaire à la recherche du langage « logo » sans savoir qu’il n’y était plus…
A ce propos, ce bouquin, de part son initiation au Basic et ses quelques listings à taper, me permit de comprendre que je n’étais pas du tout fait pour la programmation. C'est dommage mais, ayant eu les pires moyennes de maths de toute l’école durant toute ma vie, et vouant depuis une haine inextinguible aux maths, profs de maths et autres matheux pour toutes les souffrances et humiliations qu’ils m’ont fait endurer pendant tant d’années, c’était presque une évidence que je ne pigerais rien non plus à ces histoires de codage. Tant pis.
10 if null code then fuck ù
20 run
Autre source de plaisir, ma première boîte de disquettes 3½. De marque Konica, toutes bleues, dans leur petite boîte en carton blanc et argenté, chacune rangée dans un fin étui en plastique transparent, comme des tranches de fromage, avec leurs étiquettes de couleur pastel à coller. Ça sentait bon le neuf. Jamais je ne les oublierais. C'est comme son premier disque ou sa première voiture tout ça je suppose. Toujours à propos d’odeur, une fois allumé, le ST dégagea pendant plusieurs mois une odeur de plastique chaud très caractéristique. L’odeur de la modernité.
A suivre.
1987
Découverte d’un nouvel ordinateur chez un pote, le ZX Spectrum. Malgré son nom clinquant, c’était une machine ringarde, pas du tout taillée pour le jeu, et qui était encore à K7 dans le modèle reçu par le copain. Des K7 audio en guise de support pour des jeux ? C’était la première fois que je voyais ça. Etant habitué aux disquettes 5¼ de l’Apple II ou 3 pouces de l’Amstrad, voire aux cartouches, ce format m’avait beaucoup intrigué à ce moment-là.
Je découvris donc cet ordinateur et le constat fut navrant. Je me souviens, on mettait un jeu, Gryzor par exemple, et on allait se regarder un bout de film dans le salon en attendant, parce qu’il y en avait pour 20mn de chargement… A la sortie, en échange de toute cette attente, même pas d’émerveillements. Un jeu moche, aux sons bip-bip, aux effets ridicules. Ça me rappelait l’Apple II mais lui avait l’excuse de l’âge. J’ai pas du tout bavé dessus.
La même année, ma voisine de palier reçut un Minitel. C’était comme le Canada Dry ça, ça avait le goût et la couleur d’un ordinateur mais ce n’était pas un ordinateur ! Très curieux le mercredi suivant cet arrivage, nous le découvrîmes ensemble, passant la journée dessus. Sans le savoir, on se faisait une répétition d’Internet avec ce truc. On s’amusait à jouer aux petits jeux proposés par le 3615 code pl jeux. Avec des caractères semi-graphiques, tout en noir et blanc, un son grésillant, c’était grotesque, mais on s’amusait tout de même. Notre jeu favori fut celui des allumettes. Une rangée d’une quarantaine d’allumettes et chaque joueur doit en enlever une, deux ou trois. Celui qui a la dernière perd. Jeu idiot de logique mais très prenant en version électronique. C’est curieux car, on aurait pu y jouer avec de vraies allumettes sur une table mais là, ça ne nous aurait beaucoup moins plu.
Mais hélas, le Minitel n’a jamais été gratuit. Loin de là. Le mois suivant, son père reçut une facture de téléphone assez… musclée ! Et la bonne copine a dégusté pour deux. On n’a donc plus trop touché à ce Minitel par la suite. J’en pris un pour moi en 1993 dans le seul objectif de chasser la greluche sur les fameux serveurs de rencontres de l’époque. Ce fut à mon tour de recevoir des factures carabinées…
Dernière découverte, vers la fin de l’année, « initiation à l’informatique » à l’école grâce à un plan national. J’étais en 4e et, une fois tous les quinze jours, j’y eu droit avec toute ma classe sur les ordinateurs du collège et dans la salle dédiée. Une salle qui nous faisait tous rêver mais le rêve fut de courte durée. En effet, nous nous sommes tous retrouvés face à des MO5 Thomson, ordinateurs on ne peut plus nazes. Petits, fragiles, buggés, avec des touches en caoutchouc, non, franchement…
Ils étaient tous connectés au « nanoréseau », sorte de gros ordinateur, sans doute un PC, situé dans le fond de la salle et qui pilotait tout ça. Je me souviens des consignes du prof, nous demandant d’allumer nos MO5 un par un, poste par poste, pour ne pas faire sauter le nanoréseau. On était encore loin du plug and play… Trop excités de se retrouver devant un véritable ordinateur, et pressés d’appuyer sur son clavier, on a tous, ou presque, allumé nos bécanes en même temps. Hurlement du prof…
Qu’en avons-nous retiré de cette initiation ? Rien ! Que voulez-vous apprendre avec deux heures une fois tous les quinze jours ? On considérait plus ça comme deux heures de détente et de rigolade que comme un véritable cours. La seule chose intéressante dont je me rappelle fut une sorte de répétition du « copier-voler » avant l’heure. En effet, comme tout était connecté, à l’aide de la commande « CLONE », on s’accaparait ni vu ni connu le travail d’un autre poste qui s’affichait sur notre propre écran. Il suffisait juste de le retoucher un peu pour le faire passer pour son propre truc. Les faignants ont toujours de l’astuce.
1988
Rencontre furtive avec un vieil Atari 800XL chez un mec le temps d’un après-midi en compagnie de quelques pétasses de notre classe. Et oui, c’était aussi le temps de la drague. On jouait à Jungle Hunt et ça faisait glousser les dindes assises à côté de nous.
Fin décembre, enfin, je perds mon pucelage en silicone en recevant pour mon anniversaire/Noël mon premier ordinateur, un Atari 520 ST. J’avais demandé, sans vraiment bien savoir ce que je voulais, un appareil-photo. C’est toujours utile. Et le tonton et la tata friqués m’ont ramené un sac à puces, et avec le moniteur en plus, en couleurs ! On n’aurait pas pu me surprendre plus que ça. Ni me faire plus plaisir ! Moi qui me serais contenté d’un Amstrad 6128, je recevais un truc 10 fois plus puissant.
J’étais en 3e à ce moment-là et j’étais dans une petite bande où tout le monde, ou presque, avait un ordinateur ou une console 8 bits. Je passais donc un peu pour un con auprès d’eux. Mais après la réception de cet ordinateur, un 16 bits, il était temps de prendre le pouvoir et de frimer !
J’ai reçu ça un dimanche. Le lendemain matin, en bas de chez moi, où toute la clique se donnait RDV pour se rendre à la mine de sel appelée « collège Jean Jaurès », on me demanda si j’avais reçu mon appareil-photo et s’il était bien. J’attendais ce moment depuis la veille. Quand je leur annonçais, tranquillement, que l’appareil-photo était en fait un Atari ST, il y eut un énorme silence dans le groupe. Et voilà comment on devient le patron sans même l’avoir voulu.
Deux jeux accompagnaient ce divin cadeau : Bob Winner, une merde et sans doute un invendu mis dans le lot, et surtout, le jeu qui m’a le plus marqué dans ma vie : Dungeon Master, jeu devenu culte depuis. Si je ne devais en garder qu’un, ce serait celui-ci.
Ce fut le début d’une addiction aux jeux vidéo qui allait durer six ans. Le premier mois se passa dans le donjon virtuel, à explorer et combattre. Cela me rappelait les Livres Dont Vous Etes Le Héros. La maladie me frappa avec rage. Les devoirs ? Aux chiottes ! Les filles ? Plus le temps ! Les comics ? Plus tard ! Je ne sortais plus. Je ne mangeais plus. Je dormais très peu. Ma mère se plaignait du bruit que faisait chaque clic de la souris la nuit.
On n’avançait pas dans Dungeon Master, on s’y enfonçait. Animé, en temps réel, immense, difficile, truffé de passages secrets, avec des sons digitalisés pour vraiment nous mettre dans l’ambiance, ce titre a révolutionné le jeu d’aventure. C’était d’ailleurs plus qu’un jeu, c’était une simulation de vie, tout simplement.
Tout un monde, tenant sur moins d’1mo, s’offrait à moi. Je ne parlais plus que ça, gonflant nombre de personnes autour de moi. En cours, je pensais déjà à la prochaine partie et me triturait la cervelle pour savoir comment résoudre une énigme ou franchir un passage délicat qui me posait problème.
Je réussis à le finir en 6 mois, en occultant plus de la moitié des salles. Certaines me foutaient tout simplement trop la trouille. Malgré la promesse de trésors et autres objets, je savais que ça grouillait de bestioles dedans et que je me ferai tuer rapidement. Mal organisé dans mes premières parties, ignare de la magie, trop pressé d’avancer, j’ai tout connu : les trappes invisibles, les marches de la faim et de la soif, la fuite avec derrière soi un monstre vous coursant, les cul-de-sac, les combats dos au mur, la mort. Heureusement, les sauvegardes étaient là.
Je n’ai jamais retrouvé une telle émotion, une telle sensation de jeu. Peut-être que la découverte de l’ordinateur ajoutait un plus, mais il est clair que Dungeon Master était LE jeu du moment sur 16 bits. Il fut d’ailleurs la plus grosse vente sur Atari ST toute époque confondue et rafla des tas de prix. Encore maintenant, il est évoqué avec respect et les émulateurs à son propos ne manquent pas.
Un jeu, même de folie comme Dungeon Master, c’est bien mais c’est peu. Il m’en fallut rapidement d’autres. La solution la plus simple fut celle des jeux « déplombés » comme on disait alors. Le mot « crackés », plus branché, le remplacera bien vite. A 200 frs le jeu original en moyenne, il était clair que cela encourageait le piratage. 10 disquettes vierges, c’était 60 balles alors forcément… Il suffisait de trouver quelqu’un dans l’école qui avait ses sources. C’est comme ça que j’entendis parler pour la première fois du fameux système pyramidal de Ponzi. Vous savez, le truc qu’employait Madoff et tant d’autres escrocs. On paye les intérêts des premiers investisseurs avec les cotisations des nouveaux venus. Certains petits malins vendaient leurs copies de cette façon et faisaient raquer les autres par l’intermédiaire de leurs « clients ». Les sommes pouvaient rapidement devenir énormes, surtout pour des collégiens.
Mes premiers jeux crackés arrivèrent bien vite : Crazy Cars 2, Speedball, des démos musicales, Arkanoid 2, Barbarian 2. Evoquons également les « filières parallèles » pour se procurer des jeux, comme ces potes malhonnêtes se rendant au Virgin Megastore des Champs-Elysées, dont la sécurité était aisément contournable à l’époque. Le système était bien rodé. Un se mettait devant pour cacher l’autre derrière qui ouvrait rapidement les boîtes, volait les disquettes dedans, et tous repartaient très vite. Ils revendaient ensuite le fruit de leur larcin une poignée de clous à des gens comme moi, pour qui l’idée de voler effarouchait mais n’était pas contre celle de jouer les receleurs… Je pus récupérer ainsi nombre de jeux originaux, bien que sans boîte ni notice mais qu’importe.
Dans le gros colis, un livre « Bien débuter avec l’Atari ST » l’accompagnait. Il me faudra quelques semaines pour comprendre que ce bouquin datait de la sortie du premier ST, en 1985, et qu’il n’était pas à jour par rapport à celui que j’avais reçu. Je me revois encore en train de fouiller la disquette utilitaire à la recherche du langage « logo » sans savoir qu’il n’y était plus…
A ce propos, ce bouquin, de part son initiation au Basic et ses quelques listings à taper, me permit de comprendre que je n’étais pas du tout fait pour la programmation. C'est dommage mais, ayant eu les pires moyennes de maths de toute l’école durant toute ma vie, et vouant depuis une haine inextinguible aux maths, profs de maths et autres matheux pour toutes les souffrances et humiliations qu’ils m’ont fait endurer pendant tant d’années, c’était presque une évidence que je ne pigerais rien non plus à ces histoires de codage. Tant pis.
10 if null code then fuck ù
20 run
Autre source de plaisir, ma première boîte de disquettes 3½. De marque Konica, toutes bleues, dans leur petite boîte en carton blanc et argenté, chacune rangée dans un fin étui en plastique transparent, comme des tranches de fromage, avec leurs étiquettes de couleur pastel à coller. Ça sentait bon le neuf. Jamais je ne les oublierais. C'est comme son premier disque ou sa première voiture tout ça je suppose. Toujours à propos d’odeur, une fois allumé, le ST dégagea pendant plusieurs mois une odeur de plastique chaud très caractéristique. L’odeur de la modernité.
A suivre.
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Re: Bonjour les gens!
MES ANNEES INFORMATIQUE - PARTIE 3 - FRUITS ET LEGUMES
1989
L’arrivée de cet Atari 520ST bouleversa ma vie mais aussi ma chambre. Il fallut rapidement lui trouver une place bien à lui. Mon bureau d’époque étant trop petit, et surtout en piteux état, ma mère fit des miracles en ressortant une vieille, mais solide, table de cuisine. Seul un emplacement spécifique pour la souris manquait et le seul endroit où je pouvais la faire rouler sans gêne était le côté gauche. Qu’à cela ne tienne, on tiendra la souris à gauche malgré le fait que je sois droitier. N’ayant jamais eu de souris en pogne avant ça, cela ne me posa aucun problème. Etant sans doute un gaucher contrarié, vu que je tiens une guitare également comme un gaucher, l’adaptation se fit très vite. Depuis ce jour, je tiens la souris à gauche et je me vois mal la tenir à droite.
Faisant désormais officiellement partie du club des geeks, je me devais de me cultiver sur la chose. J’investissais donc ma librairie favorite, non pas pour y acheter mes revues Lug/Semic cette fois, mais pour dévaliser un rayon que j’ignorais jusqu’alors, celui des magazines informatiques. Le choix ne manquait pas. Tilt était le premier de la classe et le plus sérieux, avec des journalistes d’un certain âge, sachant écrire et connaissant bien les machines, mais je le découvris alors qu’il entamait déjà sa chute. Dépassé par un nouveau public trop jeune et futile, avide de jeux bourrins en mettant plein la vue et les oreilles, ses rédacteurs les plus calés cédèrent la place à des arrivistes, comme le fameux AHL, qui mettait 18/20 au moindre jeu avec un joli graphisme même s’il n’y avait aucun intérêt ou une animation toute pourrie. Combien de jeux merdiques a-t-il fait vendre de par ses critiques élogieuses celui-là ? La forme avant le fond. Cela lui ferait une belle épitaphe.
J’achetais également Génération 4, un grand magazine avec de petites photos, et Micro News, qui comprit rapidement que la plupart des gamers à ce moment-là n’étaient que des petits puceaux en rut. Alors, ils mirent dans leurs pages un peu de cul pixelisé, très soft pourtant, mais c’était suffisant pour faire des ventes supplémentaires. Ce canard, qui s’inspirait directement de Hara-Kiri et d’Hebdogiciel, regroupait des reviews de jeux piratés, ce dont les testeurs s’en cachaient à peine, des solutions de jeux incomplètes, des photos de slideshows érotiques scannées en 16 couleurs entrecoupés des dessins si fins de Carali... On vit même un temps des apparitions du professeur Choron. Un joyeux bordel mais qui ne dura pas bien longtemps.
L’arrivée des Consoles +, Joystick et Joypad au tout début des années 90, avec d’arrogants petits bourgeois en guise de rédacteurs, remodela le paysage de la presse informatique française, mais pas en bien. On reviendra là-dessus plus tard.
Outre les jeux piratés évoqués dans la seconde partie, je me mis également à en acheter. Ma première commande chez Micromania par VPC, en mai/juin 89, dépassa largement le plus gros billet de banque de l’époque. Je fus un de leurs clients réguliers sur les différentes machines que j’eues en ma possession. Je me souviens encore de mon numéro. J’ai essayé voilà quelques années de voir s’il pouvait m’ouvrir la porte de leur site mais hélas non. C‘est trop vieux, c’est pas comme la Sécu ou Auschwitz, on n’a pas son numéro à vie chez eux... Dommage. Ça m’aurait amusé de retracer mon historique de commandes chez eux.
Au menu de cette première commande : R-Type (moyen), Thunder Blade (grosse daube mais achetée en promo donc, pas de déception) et Forgotten Worlds, formidable et qui me fit tout l’été.
Entre ça et les divers jeux copiés reçus en même temps, ce fut mon premier été quasi intégralement passé enfermé devant un écran. Autant dire que ce n’était pas à ce moment-là que j’aurais développé un cancer de la peau… Je cueillais les fruits de la modernité ce qui faisait de moi un légume.
Ayant réduit en miettes mon premier joystick un mois après l’avoir reçu, une merde fournie dans le colis de l’Atari ST, je me mis en recherche d’une manette digne de ce nom. Le Pro 5000 se révélera un choix judicieux. Je crois que je l’avais payé 200 balles, ce qui n’était pas donné mais c’était un investissement à long terme. En effet, malgré mes crises, je n’eus plus besoin d’acheter une manette pour mon Atari dans les années qui suivirent. Pourtant, il en a vu. Il résista à toutes mes colères de mauvais perdant, poussées de violence et autres fracas caractériels.
Cette manette était de grande qualité, aussi bien dans son ergonomie que dans sa conception. Son manche était plutôt dur et ça me plaisait. Je déteste ces manettes « molles », j’aime qu’il y ait une certaine résistance dans le mouvement, ça permet de mieux doser l’action. Avec ses deux boutons sur chaque côté, elle permettait aux gauchers comme aux droitiers de l’utiliser. Enfin, elle était faite pour être posée sur une surface plane, donnant encore plus de solidité à l’ensemble. Il fallait bien ça pour certains jeux, comme par exemple International Karate +.
C’était aussi le temps des prises « Atari » comme on disait, des connecteurs DB9 pour les pros. Toutes les machines, ou presque, depuis la VCS 2600, les avaient et on ne se posait même pas la question de la compatibilité. On branchait et basta ! Les joueurs les plus calmes pouvaient exporter leur manette de toujours d'une machine à l'autre. Les prises propriétaires commenceront à nous empoisonner l’existence, et surtout à nous coûter beaucoup plus cher, car ça ne sert qu’à ça, avec l’arrivée des consoles Nintendo qui ont toujours versé là-dedans, au grand malheur des joueurs. Le Pro 5000 restera MA manette de prédilection sur Atari ST.
Même si j’avais à la maison une bien jolie machine qui ronronnait, je continuait de m’intéresser à celles des autres, suivant le hasard des rencontres de la vie. On avait dans la classe en 3e un type qui passait pour le gamer de la mort et entretenait savamment cette réputation. Il avait des contacts pour avoir les dernières nouveautés sur presque toutes les machines, je lui dois d’ailleurs mes premiers jeux crackés. Il se ramenait avec un exemplaire du dernier Tilt sous le bras, il parlait jeux vidéo toute la journée etc. Il était dans notre bande qui était composée de quatre blaireaux, moi inclus.
Le mec nous avait parlé de sa Sega Master System dès 1988. Il en avait une, il ramenait parfois un jeu en cours pour nous montrer ces larges cartouches noires et rouges. Une fois, il ramena un jeu sur carte. Grosse frime ! Ça paraissait si moderne, si fiable, très japonais finalement ! Et il en rajoutait dessus, disant à quel point ses jeux étaient meilleurs que les nôtres ; pas sur le plan des graphismes ou du son, mais sur celui de l’intérêt. D’après lui, les Japonais faisaient des jeux différents, très chiadés, exploitant au mieux les possibilités de la machine et toujours avec une animation irréprochable. Dans un sens, il avait raison.
Devant de telles affirmations, nous avions très envie de voir ces jeux en direct-live mais c’était le genre de gusse à squatter chez les autres et à ne ramener personne chez lui. On en a tous connus des comme ça. En général, ils ont d’énormes problèmes personnels. Ça aurait dû nous mettre le Pentium à l’oreille sur ce qui allait suivre.
Un jour, et peut-être pour échapper à un débarquement sauvage chez lui de notre part, il ramena carrément en cours sa console dans un sac de sport, avec les manettes, les câbles et près d’une vingtaine de jeux. Et il nous prêta tout ça ! Croyez-moi, on a tous vomi un arc-en-ciel ! Chacun dans la bande eut droit à une petite dizaine de jours de prêt de la console chez lui, à jouer comme il le voulait. Cet acte de générosité hors norme fit de son propriétaire une sorte de héros dans le groupe. C’était vraiment sympa.
Je découvris donc cette console et ces fameux jeux japonais, dont on commençait à nous rabattre les oreilles dans les magazines. C’était du 8 bits, à peine plus puissant qu’un Amstrad, mais il y avait quelque chose en plus : la touche nippone ! Il y avait une ambiance unique, tout répondait parfaitement, on s’amusait. Les jeux étaient drôles, surtout ceux de plateformes, les situations étaient cocasses et exotiques. Vous dirigiez toujours un personnage en SD, cela rappelait inévitablement les dessins-animés japonais que nous avions regardés quelques années plus tôt. La profusion de titres nous permettait de varier le menu. Et quelle rapidité ! On enfichait la cartouche, on allumait, on jouait. Tout de suite ! Exit les chargements de trois ou quatre minutes comme parfois sur ST. Je le mis d’ailleurs en pause pendant une bonne semaine devant cette petite console. Je découvris donc avec un sourire béat Action Fighter, Black Belt, Zillion 2, Wonder Boy, Shinobi, Rocky…
A la fin de l’année, le mec ne vint plus du tout en cours. On devinait les problèmes familiaux. Ne répondant pas au téléphone, et après avoir essuyé un refus tout net de sa mère derrière la porte de chez lui pour le voir, nous demandâmes de ses nouvelles par un de ses potes d’une autre classe. Et en discutant avec lui, nous apprîmes que notre « Sega Man » était le roi des menteurs. Cette console et ces jeux n’étaient pas du tout à lui mais à un autre gars de l’école ! Il prêtait simplement ce qu’on lui avait lui-même prêté juste pour recueillir des « merci » et passer pour le gars super sympa auprès de nous. Tout s’éclaira de suite dans nos esprits, le sac de sport et surtout son attitude si détachée devant ce prêt. On ne pouvait pas passer une console complète comme ça, avec autant de périphériques, sans une pointe de crainte. Même si nous étions soigneux et honnêtes dans la bande, et que cette console était solide, on ne sait jamais. Un accident peut arriver, un cambriolage, un incendie, un caniche enragé, une grand-mère très âgée, que sais-je ? Lui s’en foutait, et c’était normal, ce n’était pas à lui. Quel culot ! Et quelle belle conception de la responsabilité face à ce prêt ! Le véritable proprio a-t-il su que sa console avait navigué chez des inconnus comme ça ? Je ne l’ai jamais su et il vaut mieux également pour lui qu’il n’ait jamais entendu parler de cette terrifiante histoire.
Fin 89, anniversaire + Noël, je me fis payer par papa/maman, devinez quoi ? Et oui, des jeux. L'épatant Rick Dangerous, l'ébouriffant Shufflepuck Cafe et l’amusant Strider passèrent cette fin d’année en ma compagnie et celle de ma voisine de palier qui, depuis l’arrivée de cet Atari, squattait chez moi. Chacun son tour.
1990/91
Tout ce bonheur devait se payer, forcément. Et il se paya avec une panne de l’Atari ST début janvier 90. Il faut dire que je cognais dessus quand je perdais… Je jouais à Ghouls’n Ghosts, jeu que je découvrais à ce moment-là et que j’aimais beaucoup. Et j’ai perdu. Montée de colère, besoin de laisser échapper cette bouffée de vapeur, et donc, méga baffe dans le sac à puces. Ça soulage. Je l’avais déjà fait avant, et il n’avait rien dit. On s’habitue. Mais là, pchiouf ! Plus rien sur l’écran ! Houla ! Bon, un coup de reset et ça devrait repartir, non ? Non ? Ben non. On tente la manœuvre de la dernière chance, on éteint le ST complètement, on débranche les câbles, on rebranche et on rallume. Rien. La TRES désagréable goutte de sueur froide dans le dos et le sentiment d’avoir fait une connerie irrémédiable.
N’étant plus sous garantie depuis peu (ben voyons !), il fallut entamer un parcours du combattant pour trouver un réparateur. Par chance, il y en avait un dans ma ville, dans une obscure boutique tenue par des sortes de marchands de jeans et qui semblaient trafiquer sec. Prendre rendez-vous, leur amener le ST, le laisser et attendre. Plus de jeux. Sevrage brutal. L’horreur ! Le pire, c’est que le lendemain même de la panne, je recevais Chaos Strikes Back, la suite de Dungeon Master que j’avais commandée plus tôt. Et je ne pouvais pas y jouer ! J’avais la boîte et les disquettes dans les mains, mais pas la machine. Putain ! Je ne suis pas prêt de l’oublier celle-là ! Les copains se foutaient de ma gueule. C’est vrai qu’il y avait de quoi rire.
C’est là que j’ai pris conscience à quel point la chose était devenue vitale pour moi. Tant que c’est là, on n’y pense pas, mais quand il y a un énorme vide sur la table à la place de votre machine, vous comprenez ce que vous venez de perdre. Les récits de crises d’hystérie chez les plus accros à Facebook ne manquent pas en cas de panne de réseau. J’ai essayé de compenser avec ce que je faisais avant de recevoir cet ordinateur, lecture, musique etc. Mais ça me semblait fade, triste et chiant. Je me demandais comment j’avais pu vivre avant sans ordinateur chez moi. Je m’étais salement embourgeoisé en un an…
Un long mois plus tard, le ST était de retour. 600 balles de réparation. Ayant tout claqué en jeux l’année passée, je n’avais plus d’argent. Mes parents payèrent la note en tirant de la gueule. La leçon porta tout de même ses fruits, j’arrêtais de tabasser l’ordinateur quand je perdais pour me tourner vers ma manette. Je me disais que ça coûterait moins cher à remplacer si elle devait casser… Et Chaos Strikes Back était moins bon que Dungeon Master finalement.
Lycée, rencontre avec un PC 1512 Amstrad pour les cours. Largement oubliable. Petite anecdote amusante à ce propos, la salle des ordinateurs fut cambriolée un soir. Mais les PC étaient rivés aux tables. C’était bien trop lourd à emporter. De dépit, et sans doute pour ne pas rentrer les mains vides, les mecs ont volé toutes les boules dans les souris !
Second été passé à jouer. Ce fut le plus légumier de toute ma vie je crois. Je ne suis quasiment pas sorti, quittant ma chambre juste pour faire mes besoins naturels et si j’avais pu les faire dans ma chambre, je l’aurais fait. Je vivais à l’envers, dormant jusqu’à 16h et jouant toute la nuit. J’allais me coucher quand le jour commençait à poindre, mon père se levait pour aller bosser. Je mangeais aussi à l’envers, le déjeuner le soir et le dîner à 03h du matin et des tonnes de grignotage le tout devant l'écran évidemment. Mon tour de pantalon s’en ressentit sévèrement. Avec les odeurs corporelles et de bouffe mélangées, ma chambre puait et, entre la chaleur de l’été et celle dégagée par le ST et le moniteur, il y régnait une température atroce. C’est limite s’il ne fallait pas une combinaison étanche pour y entrer. On a tous connu ça je suppose. Paradoxe terrifiant, cette modernité vous fait vivre dans les mêmes conditions qu’une grotte préhistorique !
Cet été fut surtout passé à apprendre à voler. Je jouais à Falcon, une simulation très chiadée d’un F-16. J’avais acheté pour 300 balles la boîte complète, avec l’épaisse notice en français et le « mission disk », des missions supplémentaires donc. Je pris goût à ces jeux en 3D, nécessitant un peu de cervelle. Ça me changeait des shoot-them-up.
Malgré un bug du programme arrivant comme un cheveu sur la soupe, venant peut-être du TOS du ST et faisant complètement planter le programme, je me suis beaucoup amusé avec ce jeu qui était très réaliste. Les différentes vues 3D en jetaient. Atterrir était une vraie galère, j’ai dû y arriver une fois ou deux, pas plus, et sans doute avec beaucoup de chance. Les combats aériens me bottaient bien plus, avec les G encaissés (voile noir ou rouge suivant l’inclinaison de l’avion) et bien sûr le coucou touché par des balles, ou pire, un missile ennemi. Si le moteur et quelques trucs vitaux, comme les freins, fonctionnaient toujours, vous pouviez rentrer vite fait mais le coup de la panne brutale était souvent fatal. Votre oiseau désormais sans ailes redevenait vulnérable à la gravité et c'était la chute. Vous pouviez tenter le siège éjectable mais c’était prendre le risque d’être capturé par l’ennemi, ou tout simplement de vous planter façon Top Gun.
J'aimais aussi les missions de bombardement, avec un avion très lourd à cause des bombes et des réservoirs supplémentaires embarqués. Je volais au ras du sol pour éviter les batteries de missiles sol-air (SAM) puis, une fois en vue de la cible à bombarder, vite, prendre de l'altitude, plonger en piqué dessus, larguer son caca, remonter, s'assurer que la cible est bel et bien détruite avec une petite vue arrière, puis dégager fissa en post-combustion. J'écris ces mots avec un sourire, signe de bons souvenirs pour moi.
Autre révélation pour moi, Kick Off 2, et cela allait bien avec le moment puisque nous étions en pleine période de la coupe du monde de football. Comme c’était en Italie, on se fadait tous les matchs en direct. Je déteste le foot, depuis toujours. Enfin, depuis la demi-finale France-Allemagne à Séville en 1982. Les connaisseurs me comprendront. Et pourtant, j’ai joué à n’en plus finir à ce jeu.
Kick Off 2 eut ses fans et ses détracteurs, ces derniers lui reprochaient le fait que la balle ne collait pas aux pieds des joueurs. Mais c’était bien plus de la simulation de foot qu’autre chose ce jeu. Ayant des graphismes assez moches et un son crachouillant, tout avait été misé sur l’animation. Comme je le disais plus haut, ici, le ballon ne colle pas aux pieds des joueurs. Il faut le contrôler sans arrêt puisqu'il est soumis aux lois de la physique. Alors c'est bien simple, vous pouvez tout faire avec. Passe, tir fulgurant, coup de pied enveloppé, brossé, tête, aile de pigeon, claquette, tacle, retournée, lobe toute distance (même au milieu du terrain !) etc. Le tout avec un seul bouton ! Autant vous le dire de suite, avant de réussir tout ça, la prise en main sera longue. C'est un coup à prendre mais alors, quel pied quand ça marche et que l'on marque !
Ce jeu me donna d'énormes émotions de beauf mais aussi mes plus belles colères. La disquette a parfois volé dans la chambre, elle s’est même éclatée contre le mur un soir… Par chance, c’était de la copie, il suffisait d’emprunter celle d'un pote et en avant pour la copie de copie.
Encore maintenant, j’y joue parfois, par émulation évidemment. Et c'est comme avant. Il peut m’arriver de hurler comme un goret si j’arrive à marquer à la dernière seconde ou de fracasser ma manette si je me fais cravater. C’est également ce jeu qui m’a valu de briser tant de manettes plus tard. Quand j’ai découvert l’émulation du ST sur PC au début des années 2000, je pouvais péter 4 manettes par an rien qu'avec Kick Off 2. Un jeu dangereux pour moi, et pour mes nerfs.
Découverte de la Game Boy fin 90 qui venait tout juste de sortir en France. Le Printemps avait un étage entièrement dédié aux jeux vidéo à cette époque et plusieurs Game Boy étaient en libre-service, pour jouer à Tetris. Avec un pote, on en a passé des heures à jouer à l’œil…
Gardant en tête le bon souvenir du prêt de la Sega Master System l’année précédente, j’en rachetais une d’occasion dans le même magasin qui avait réparé mon ST. Deux machines à la maison, ça commençait à devenir sérieux. Je sortais encore moins qu’avant. J’amorçais également un virage vers le Japon et ses bécanes.
La petite Sega m’apporta elle aussi ma dose d’orgasmes avec des tas de jeux, pourtant très chers, 350 balles la cartouche. Et là, de piratage, point. Il ne fallait pas se tromper dans le choix des jeux à ce prix-là. Par chance, je n’ai jamais eu à me plaindre. Citons parmi tous ceux que j’ai pu avoir Spider-Man VS The Kingpin, R-Type, probablement sa meilleure conversion toutes machines confondues. C’est bien simple, j’ai vu ce jeu tourner en démo au Virgin Megastore des Champs Elysées sur une télé, je l’ai commandé le soir même chez Micromania, Thunder Blade, Mickey Castle Of Illusions et Psycho Fox, mon jeu de plateformes préféré sur cette console.
Le ST continuait de tourner. Xenon 2 fut l’une des claques de l’année 90. Son intro samplée me servit assez régulièrement pour en mettre plein la vue à des potes toujours sous 8 bits qui regardaient ça avec un mélange de fascination et de dégoût.
L’année 91 fut la plus riche et la plus belle du ST question jeux mais aussi, sans doute, la dernière. Alors que l’Amiga proposait des jeux très semblables au ST depuis le début, à cause de la paresse des développeurs, ne se contentant que d’un simple portage à peine modifié, d’autres éditeurs plus sérieux et sentant le potentiel de la machine de Commodore, se mirent en tête de sortir des jeux l’exploitant véritablement. Psygnosis inaugura le bal avec Shadow Of The Beast. Au menu, jeux en 256 couleurs, voire plus, scrolling parallax, son stéréo digitalisé. C’était plus _une démo qu’un jeu mais quand même. Le ST, qui n’avait jamais été conçu pour être un ordinateur de jeux, mais une machine pour concurrencer le Mac, ne pouvait plus suivre et laissa la place de number one à l’Amiga. Son règne commençait mais le ST était toujours là et les éditeurs le nourrirent encore pendant longtemps avec de très beaux et bons titres. Gods et Another World furent des jeux qui comptèrent sur cette bécane cette année.
L’été 91 fut moins légumier que le précédent, même si l’achat d’une compilation, Le Monde Des Merveilles, versant dans le jeu japonais, ne me fit pas du bien. Je découvris avec enchantement l'excellent The New Zealand Story, Super Wonder Boy, aussi intéressant que sa version console, Bubble Bobble, répétitif et avec une musique insupportable, et surtout Rainbow Islands qui devint mon jeu de plateformes favori sur cette machine.
La fin 91 vit déferler un tsunami de jeux incroyables sur le ST. Hélas, de nombreux traîtres le larguèrent à ce moment-là pour l’Amiga, ce qui me fit perdre l'essentiel de mes contacts pour avoir des news crackées. J'étais bien emmerdé. Heureusement, le hasard me vint en aide en m'apportant sur un plateau une connaissance un peu naïve qui avait aussi un ST. C’était le genre à demander ce qu’il fallait acheter comme jeux… Quelle personnalité ! Après quelques phrases bien emballées, et suivant à la lettre mes conseils comme un jeune jedi en apprentissage, je le convainquis d’acheter les meilleurs jeux du moment : Prince Of Persia, Epic, Vroom, Panza Kick Boxing, et le fabuleux, et désormais culte, Maupiti Island.
Je n'avais pas fait ça par bonté d'âme. De par notre "amitié", je savais que j'en profiterai un moment ou à un autre, mais pas à ce point-là. En effet, une fois les disquettes reçues, mis à part Vroom, aucun de ces jeux, pourtant tous excellents sur le plan de l’intérêt et de la réalisation, ne lui plurent. Il était d'accord pour dire qu'ils étaient beaux, bien fichus, mais ça s'arrêtait là. Pour le reste, c'était trop difficile d'accès. Ben oui, il fallait s'accrocher un peu dessus et parfois même réfléchir sur certains. C'était de trop pour lui. Il préférait nettement jouer à un bon Final Fight sur sa Super Nintendo… Vous voyez le niveau. Et comme ces jeux ne le bottaient pas des masses, il me les prêta un long moment. Et voilà comment on joue à l’œil.
A suivre.
1989
L’arrivée de cet Atari 520ST bouleversa ma vie mais aussi ma chambre. Il fallut rapidement lui trouver une place bien à lui. Mon bureau d’époque étant trop petit, et surtout en piteux état, ma mère fit des miracles en ressortant une vieille, mais solide, table de cuisine. Seul un emplacement spécifique pour la souris manquait et le seul endroit où je pouvais la faire rouler sans gêne était le côté gauche. Qu’à cela ne tienne, on tiendra la souris à gauche malgré le fait que je sois droitier. N’ayant jamais eu de souris en pogne avant ça, cela ne me posa aucun problème. Etant sans doute un gaucher contrarié, vu que je tiens une guitare également comme un gaucher, l’adaptation se fit très vite. Depuis ce jour, je tiens la souris à gauche et je me vois mal la tenir à droite.
Faisant désormais officiellement partie du club des geeks, je me devais de me cultiver sur la chose. J’investissais donc ma librairie favorite, non pas pour y acheter mes revues Lug/Semic cette fois, mais pour dévaliser un rayon que j’ignorais jusqu’alors, celui des magazines informatiques. Le choix ne manquait pas. Tilt était le premier de la classe et le plus sérieux, avec des journalistes d’un certain âge, sachant écrire et connaissant bien les machines, mais je le découvris alors qu’il entamait déjà sa chute. Dépassé par un nouveau public trop jeune et futile, avide de jeux bourrins en mettant plein la vue et les oreilles, ses rédacteurs les plus calés cédèrent la place à des arrivistes, comme le fameux AHL, qui mettait 18/20 au moindre jeu avec un joli graphisme même s’il n’y avait aucun intérêt ou une animation toute pourrie. Combien de jeux merdiques a-t-il fait vendre de par ses critiques élogieuses celui-là ? La forme avant le fond. Cela lui ferait une belle épitaphe.
J’achetais également Génération 4, un grand magazine avec de petites photos, et Micro News, qui comprit rapidement que la plupart des gamers à ce moment-là n’étaient que des petits puceaux en rut. Alors, ils mirent dans leurs pages un peu de cul pixelisé, très soft pourtant, mais c’était suffisant pour faire des ventes supplémentaires. Ce canard, qui s’inspirait directement de Hara-Kiri et d’Hebdogiciel, regroupait des reviews de jeux piratés, ce dont les testeurs s’en cachaient à peine, des solutions de jeux incomplètes, des photos de slideshows érotiques scannées en 16 couleurs entrecoupés des dessins si fins de Carali... On vit même un temps des apparitions du professeur Choron. Un joyeux bordel mais qui ne dura pas bien longtemps.
L’arrivée des Consoles +, Joystick et Joypad au tout début des années 90, avec d’arrogants petits bourgeois en guise de rédacteurs, remodela le paysage de la presse informatique française, mais pas en bien. On reviendra là-dessus plus tard.
Outre les jeux piratés évoqués dans la seconde partie, je me mis également à en acheter. Ma première commande chez Micromania par VPC, en mai/juin 89, dépassa largement le plus gros billet de banque de l’époque. Je fus un de leurs clients réguliers sur les différentes machines que j’eues en ma possession. Je me souviens encore de mon numéro. J’ai essayé voilà quelques années de voir s’il pouvait m’ouvrir la porte de leur site mais hélas non. C‘est trop vieux, c’est pas comme la Sécu ou Auschwitz, on n’a pas son numéro à vie chez eux... Dommage. Ça m’aurait amusé de retracer mon historique de commandes chez eux.
Au menu de cette première commande : R-Type (moyen), Thunder Blade (grosse daube mais achetée en promo donc, pas de déception) et Forgotten Worlds, formidable et qui me fit tout l’été.
Entre ça et les divers jeux copiés reçus en même temps, ce fut mon premier été quasi intégralement passé enfermé devant un écran. Autant dire que ce n’était pas à ce moment-là que j’aurais développé un cancer de la peau… Je cueillais les fruits de la modernité ce qui faisait de moi un légume.
Ayant réduit en miettes mon premier joystick un mois après l’avoir reçu, une merde fournie dans le colis de l’Atari ST, je me mis en recherche d’une manette digne de ce nom. Le Pro 5000 se révélera un choix judicieux. Je crois que je l’avais payé 200 balles, ce qui n’était pas donné mais c’était un investissement à long terme. En effet, malgré mes crises, je n’eus plus besoin d’acheter une manette pour mon Atari dans les années qui suivirent. Pourtant, il en a vu. Il résista à toutes mes colères de mauvais perdant, poussées de violence et autres fracas caractériels.
Cette manette était de grande qualité, aussi bien dans son ergonomie que dans sa conception. Son manche était plutôt dur et ça me plaisait. Je déteste ces manettes « molles », j’aime qu’il y ait une certaine résistance dans le mouvement, ça permet de mieux doser l’action. Avec ses deux boutons sur chaque côté, elle permettait aux gauchers comme aux droitiers de l’utiliser. Enfin, elle était faite pour être posée sur une surface plane, donnant encore plus de solidité à l’ensemble. Il fallait bien ça pour certains jeux, comme par exemple International Karate +.
C’était aussi le temps des prises « Atari » comme on disait, des connecteurs DB9 pour les pros. Toutes les machines, ou presque, depuis la VCS 2600, les avaient et on ne se posait même pas la question de la compatibilité. On branchait et basta ! Les joueurs les plus calmes pouvaient exporter leur manette de toujours d'une machine à l'autre. Les prises propriétaires commenceront à nous empoisonner l’existence, et surtout à nous coûter beaucoup plus cher, car ça ne sert qu’à ça, avec l’arrivée des consoles Nintendo qui ont toujours versé là-dedans, au grand malheur des joueurs. Le Pro 5000 restera MA manette de prédilection sur Atari ST.
Même si j’avais à la maison une bien jolie machine qui ronronnait, je continuait de m’intéresser à celles des autres, suivant le hasard des rencontres de la vie. On avait dans la classe en 3e un type qui passait pour le gamer de la mort et entretenait savamment cette réputation. Il avait des contacts pour avoir les dernières nouveautés sur presque toutes les machines, je lui dois d’ailleurs mes premiers jeux crackés. Il se ramenait avec un exemplaire du dernier Tilt sous le bras, il parlait jeux vidéo toute la journée etc. Il était dans notre bande qui était composée de quatre blaireaux, moi inclus.
Le mec nous avait parlé de sa Sega Master System dès 1988. Il en avait une, il ramenait parfois un jeu en cours pour nous montrer ces larges cartouches noires et rouges. Une fois, il ramena un jeu sur carte. Grosse frime ! Ça paraissait si moderne, si fiable, très japonais finalement ! Et il en rajoutait dessus, disant à quel point ses jeux étaient meilleurs que les nôtres ; pas sur le plan des graphismes ou du son, mais sur celui de l’intérêt. D’après lui, les Japonais faisaient des jeux différents, très chiadés, exploitant au mieux les possibilités de la machine et toujours avec une animation irréprochable. Dans un sens, il avait raison.
Devant de telles affirmations, nous avions très envie de voir ces jeux en direct-live mais c’était le genre de gusse à squatter chez les autres et à ne ramener personne chez lui. On en a tous connus des comme ça. En général, ils ont d’énormes problèmes personnels. Ça aurait dû nous mettre le Pentium à l’oreille sur ce qui allait suivre.
Un jour, et peut-être pour échapper à un débarquement sauvage chez lui de notre part, il ramena carrément en cours sa console dans un sac de sport, avec les manettes, les câbles et près d’une vingtaine de jeux. Et il nous prêta tout ça ! Croyez-moi, on a tous vomi un arc-en-ciel ! Chacun dans la bande eut droit à une petite dizaine de jours de prêt de la console chez lui, à jouer comme il le voulait. Cet acte de générosité hors norme fit de son propriétaire une sorte de héros dans le groupe. C’était vraiment sympa.
Je découvris donc cette console et ces fameux jeux japonais, dont on commençait à nous rabattre les oreilles dans les magazines. C’était du 8 bits, à peine plus puissant qu’un Amstrad, mais il y avait quelque chose en plus : la touche nippone ! Il y avait une ambiance unique, tout répondait parfaitement, on s’amusait. Les jeux étaient drôles, surtout ceux de plateformes, les situations étaient cocasses et exotiques. Vous dirigiez toujours un personnage en SD, cela rappelait inévitablement les dessins-animés japonais que nous avions regardés quelques années plus tôt. La profusion de titres nous permettait de varier le menu. Et quelle rapidité ! On enfichait la cartouche, on allumait, on jouait. Tout de suite ! Exit les chargements de trois ou quatre minutes comme parfois sur ST. Je le mis d’ailleurs en pause pendant une bonne semaine devant cette petite console. Je découvris donc avec un sourire béat Action Fighter, Black Belt, Zillion 2, Wonder Boy, Shinobi, Rocky…
A la fin de l’année, le mec ne vint plus du tout en cours. On devinait les problèmes familiaux. Ne répondant pas au téléphone, et après avoir essuyé un refus tout net de sa mère derrière la porte de chez lui pour le voir, nous demandâmes de ses nouvelles par un de ses potes d’une autre classe. Et en discutant avec lui, nous apprîmes que notre « Sega Man » était le roi des menteurs. Cette console et ces jeux n’étaient pas du tout à lui mais à un autre gars de l’école ! Il prêtait simplement ce qu’on lui avait lui-même prêté juste pour recueillir des « merci » et passer pour le gars super sympa auprès de nous. Tout s’éclaira de suite dans nos esprits, le sac de sport et surtout son attitude si détachée devant ce prêt. On ne pouvait pas passer une console complète comme ça, avec autant de périphériques, sans une pointe de crainte. Même si nous étions soigneux et honnêtes dans la bande, et que cette console était solide, on ne sait jamais. Un accident peut arriver, un cambriolage, un incendie, un caniche enragé, une grand-mère très âgée, que sais-je ? Lui s’en foutait, et c’était normal, ce n’était pas à lui. Quel culot ! Et quelle belle conception de la responsabilité face à ce prêt ! Le véritable proprio a-t-il su que sa console avait navigué chez des inconnus comme ça ? Je ne l’ai jamais su et il vaut mieux également pour lui qu’il n’ait jamais entendu parler de cette terrifiante histoire.
Fin 89, anniversaire + Noël, je me fis payer par papa/maman, devinez quoi ? Et oui, des jeux. L'épatant Rick Dangerous, l'ébouriffant Shufflepuck Cafe et l’amusant Strider passèrent cette fin d’année en ma compagnie et celle de ma voisine de palier qui, depuis l’arrivée de cet Atari, squattait chez moi. Chacun son tour.
1990/91
Tout ce bonheur devait se payer, forcément. Et il se paya avec une panne de l’Atari ST début janvier 90. Il faut dire que je cognais dessus quand je perdais… Je jouais à Ghouls’n Ghosts, jeu que je découvrais à ce moment-là et que j’aimais beaucoup. Et j’ai perdu. Montée de colère, besoin de laisser échapper cette bouffée de vapeur, et donc, méga baffe dans le sac à puces. Ça soulage. Je l’avais déjà fait avant, et il n’avait rien dit. On s’habitue. Mais là, pchiouf ! Plus rien sur l’écran ! Houla ! Bon, un coup de reset et ça devrait repartir, non ? Non ? Ben non. On tente la manœuvre de la dernière chance, on éteint le ST complètement, on débranche les câbles, on rebranche et on rallume. Rien. La TRES désagréable goutte de sueur froide dans le dos et le sentiment d’avoir fait une connerie irrémédiable.
N’étant plus sous garantie depuis peu (ben voyons !), il fallut entamer un parcours du combattant pour trouver un réparateur. Par chance, il y en avait un dans ma ville, dans une obscure boutique tenue par des sortes de marchands de jeans et qui semblaient trafiquer sec. Prendre rendez-vous, leur amener le ST, le laisser et attendre. Plus de jeux. Sevrage brutal. L’horreur ! Le pire, c’est que le lendemain même de la panne, je recevais Chaos Strikes Back, la suite de Dungeon Master que j’avais commandée plus tôt. Et je ne pouvais pas y jouer ! J’avais la boîte et les disquettes dans les mains, mais pas la machine. Putain ! Je ne suis pas prêt de l’oublier celle-là ! Les copains se foutaient de ma gueule. C’est vrai qu’il y avait de quoi rire.
C’est là que j’ai pris conscience à quel point la chose était devenue vitale pour moi. Tant que c’est là, on n’y pense pas, mais quand il y a un énorme vide sur la table à la place de votre machine, vous comprenez ce que vous venez de perdre. Les récits de crises d’hystérie chez les plus accros à Facebook ne manquent pas en cas de panne de réseau. J’ai essayé de compenser avec ce que je faisais avant de recevoir cet ordinateur, lecture, musique etc. Mais ça me semblait fade, triste et chiant. Je me demandais comment j’avais pu vivre avant sans ordinateur chez moi. Je m’étais salement embourgeoisé en un an…
Un long mois plus tard, le ST était de retour. 600 balles de réparation. Ayant tout claqué en jeux l’année passée, je n’avais plus d’argent. Mes parents payèrent la note en tirant de la gueule. La leçon porta tout de même ses fruits, j’arrêtais de tabasser l’ordinateur quand je perdais pour me tourner vers ma manette. Je me disais que ça coûterait moins cher à remplacer si elle devait casser… Et Chaos Strikes Back était moins bon que Dungeon Master finalement.
Lycée, rencontre avec un PC 1512 Amstrad pour les cours. Largement oubliable. Petite anecdote amusante à ce propos, la salle des ordinateurs fut cambriolée un soir. Mais les PC étaient rivés aux tables. C’était bien trop lourd à emporter. De dépit, et sans doute pour ne pas rentrer les mains vides, les mecs ont volé toutes les boules dans les souris !
Second été passé à jouer. Ce fut le plus légumier de toute ma vie je crois. Je ne suis quasiment pas sorti, quittant ma chambre juste pour faire mes besoins naturels et si j’avais pu les faire dans ma chambre, je l’aurais fait. Je vivais à l’envers, dormant jusqu’à 16h et jouant toute la nuit. J’allais me coucher quand le jour commençait à poindre, mon père se levait pour aller bosser. Je mangeais aussi à l’envers, le déjeuner le soir et le dîner à 03h du matin et des tonnes de grignotage le tout devant l'écran évidemment. Mon tour de pantalon s’en ressentit sévèrement. Avec les odeurs corporelles et de bouffe mélangées, ma chambre puait et, entre la chaleur de l’été et celle dégagée par le ST et le moniteur, il y régnait une température atroce. C’est limite s’il ne fallait pas une combinaison étanche pour y entrer. On a tous connu ça je suppose. Paradoxe terrifiant, cette modernité vous fait vivre dans les mêmes conditions qu’une grotte préhistorique !
Cet été fut surtout passé à apprendre à voler. Je jouais à Falcon, une simulation très chiadée d’un F-16. J’avais acheté pour 300 balles la boîte complète, avec l’épaisse notice en français et le « mission disk », des missions supplémentaires donc. Je pris goût à ces jeux en 3D, nécessitant un peu de cervelle. Ça me changeait des shoot-them-up.
Malgré un bug du programme arrivant comme un cheveu sur la soupe, venant peut-être du TOS du ST et faisant complètement planter le programme, je me suis beaucoup amusé avec ce jeu qui était très réaliste. Les différentes vues 3D en jetaient. Atterrir était une vraie galère, j’ai dû y arriver une fois ou deux, pas plus, et sans doute avec beaucoup de chance. Les combats aériens me bottaient bien plus, avec les G encaissés (voile noir ou rouge suivant l’inclinaison de l’avion) et bien sûr le coucou touché par des balles, ou pire, un missile ennemi. Si le moteur et quelques trucs vitaux, comme les freins, fonctionnaient toujours, vous pouviez rentrer vite fait mais le coup de la panne brutale était souvent fatal. Votre oiseau désormais sans ailes redevenait vulnérable à la gravité et c'était la chute. Vous pouviez tenter le siège éjectable mais c’était prendre le risque d’être capturé par l’ennemi, ou tout simplement de vous planter façon Top Gun.
J'aimais aussi les missions de bombardement, avec un avion très lourd à cause des bombes et des réservoirs supplémentaires embarqués. Je volais au ras du sol pour éviter les batteries de missiles sol-air (SAM) puis, une fois en vue de la cible à bombarder, vite, prendre de l'altitude, plonger en piqué dessus, larguer son caca, remonter, s'assurer que la cible est bel et bien détruite avec une petite vue arrière, puis dégager fissa en post-combustion. J'écris ces mots avec un sourire, signe de bons souvenirs pour moi.
Autre révélation pour moi, Kick Off 2, et cela allait bien avec le moment puisque nous étions en pleine période de la coupe du monde de football. Comme c’était en Italie, on se fadait tous les matchs en direct. Je déteste le foot, depuis toujours. Enfin, depuis la demi-finale France-Allemagne à Séville en 1982. Les connaisseurs me comprendront. Et pourtant, j’ai joué à n’en plus finir à ce jeu.
Kick Off 2 eut ses fans et ses détracteurs, ces derniers lui reprochaient le fait que la balle ne collait pas aux pieds des joueurs. Mais c’était bien plus de la simulation de foot qu’autre chose ce jeu. Ayant des graphismes assez moches et un son crachouillant, tout avait été misé sur l’animation. Comme je le disais plus haut, ici, le ballon ne colle pas aux pieds des joueurs. Il faut le contrôler sans arrêt puisqu'il est soumis aux lois de la physique. Alors c'est bien simple, vous pouvez tout faire avec. Passe, tir fulgurant, coup de pied enveloppé, brossé, tête, aile de pigeon, claquette, tacle, retournée, lobe toute distance (même au milieu du terrain !) etc. Le tout avec un seul bouton ! Autant vous le dire de suite, avant de réussir tout ça, la prise en main sera longue. C'est un coup à prendre mais alors, quel pied quand ça marche et que l'on marque !
Ce jeu me donna d'énormes émotions de beauf mais aussi mes plus belles colères. La disquette a parfois volé dans la chambre, elle s’est même éclatée contre le mur un soir… Par chance, c’était de la copie, il suffisait d’emprunter celle d'un pote et en avant pour la copie de copie.
Encore maintenant, j’y joue parfois, par émulation évidemment. Et c'est comme avant. Il peut m’arriver de hurler comme un goret si j’arrive à marquer à la dernière seconde ou de fracasser ma manette si je me fais cravater. C’est également ce jeu qui m’a valu de briser tant de manettes plus tard. Quand j’ai découvert l’émulation du ST sur PC au début des années 2000, je pouvais péter 4 manettes par an rien qu'avec Kick Off 2. Un jeu dangereux pour moi, et pour mes nerfs.
Découverte de la Game Boy fin 90 qui venait tout juste de sortir en France. Le Printemps avait un étage entièrement dédié aux jeux vidéo à cette époque et plusieurs Game Boy étaient en libre-service, pour jouer à Tetris. Avec un pote, on en a passé des heures à jouer à l’œil…
Gardant en tête le bon souvenir du prêt de la Sega Master System l’année précédente, j’en rachetais une d’occasion dans le même magasin qui avait réparé mon ST. Deux machines à la maison, ça commençait à devenir sérieux. Je sortais encore moins qu’avant. J’amorçais également un virage vers le Japon et ses bécanes.
La petite Sega m’apporta elle aussi ma dose d’orgasmes avec des tas de jeux, pourtant très chers, 350 balles la cartouche. Et là, de piratage, point. Il ne fallait pas se tromper dans le choix des jeux à ce prix-là. Par chance, je n’ai jamais eu à me plaindre. Citons parmi tous ceux que j’ai pu avoir Spider-Man VS The Kingpin, R-Type, probablement sa meilleure conversion toutes machines confondues. C’est bien simple, j’ai vu ce jeu tourner en démo au Virgin Megastore des Champs Elysées sur une télé, je l’ai commandé le soir même chez Micromania, Thunder Blade, Mickey Castle Of Illusions et Psycho Fox, mon jeu de plateformes préféré sur cette console.
Le ST continuait de tourner. Xenon 2 fut l’une des claques de l’année 90. Son intro samplée me servit assez régulièrement pour en mettre plein la vue à des potes toujours sous 8 bits qui regardaient ça avec un mélange de fascination et de dégoût.
L’année 91 fut la plus riche et la plus belle du ST question jeux mais aussi, sans doute, la dernière. Alors que l’Amiga proposait des jeux très semblables au ST depuis le début, à cause de la paresse des développeurs, ne se contentant que d’un simple portage à peine modifié, d’autres éditeurs plus sérieux et sentant le potentiel de la machine de Commodore, se mirent en tête de sortir des jeux l’exploitant véritablement. Psygnosis inaugura le bal avec Shadow Of The Beast. Au menu, jeux en 256 couleurs, voire plus, scrolling parallax, son stéréo digitalisé. C’était plus _une démo qu’un jeu mais quand même. Le ST, qui n’avait jamais été conçu pour être un ordinateur de jeux, mais une machine pour concurrencer le Mac, ne pouvait plus suivre et laissa la place de number one à l’Amiga. Son règne commençait mais le ST était toujours là et les éditeurs le nourrirent encore pendant longtemps avec de très beaux et bons titres. Gods et Another World furent des jeux qui comptèrent sur cette bécane cette année.
L’été 91 fut moins légumier que le précédent, même si l’achat d’une compilation, Le Monde Des Merveilles, versant dans le jeu japonais, ne me fit pas du bien. Je découvris avec enchantement l'excellent The New Zealand Story, Super Wonder Boy, aussi intéressant que sa version console, Bubble Bobble, répétitif et avec une musique insupportable, et surtout Rainbow Islands qui devint mon jeu de plateformes favori sur cette machine.
La fin 91 vit déferler un tsunami de jeux incroyables sur le ST. Hélas, de nombreux traîtres le larguèrent à ce moment-là pour l’Amiga, ce qui me fit perdre l'essentiel de mes contacts pour avoir des news crackées. J'étais bien emmerdé. Heureusement, le hasard me vint en aide en m'apportant sur un plateau une connaissance un peu naïve qui avait aussi un ST. C’était le genre à demander ce qu’il fallait acheter comme jeux… Quelle personnalité ! Après quelques phrases bien emballées, et suivant à la lettre mes conseils comme un jeune jedi en apprentissage, je le convainquis d’acheter les meilleurs jeux du moment : Prince Of Persia, Epic, Vroom, Panza Kick Boxing, et le fabuleux, et désormais culte, Maupiti Island.
Je n'avais pas fait ça par bonté d'âme. De par notre "amitié", je savais que j'en profiterai un moment ou à un autre, mais pas à ce point-là. En effet, une fois les disquettes reçues, mis à part Vroom, aucun de ces jeux, pourtant tous excellents sur le plan de l’intérêt et de la réalisation, ne lui plurent. Il était d'accord pour dire qu'ils étaient beaux, bien fichus, mais ça s'arrêtait là. Pour le reste, c'était trop difficile d'accès. Ben oui, il fallait s'accrocher un peu dessus et parfois même réfléchir sur certains. C'était de trop pour lui. Il préférait nettement jouer à un bon Final Fight sur sa Super Nintendo… Vous voyez le niveau. Et comme ces jeux ne le bottaient pas des masses, il me les prêta un long moment. Et voilà comment on joue à l’œil.
A suivre.
Jacques Atari- Interne
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Re: Bonjour les gens!
MES ANNEES INFORMATIQUE - PARTIE 4 - ZOOMS, FANZINES ET BOULES DU DRAGON
1993
Travaillant à ce moment-là, mais n’ayant aucune facture à payer ni de frigo à remplir pour raison de parasitage parental, j’étais plein de fric même si l’argent me brûlait les doigts. Ma vision des choses était simple: quand j’avais envie de quelque chose, même mineur, je ne me posais pas de question, je l’achetais, point. Si le truc ne me plaisait pas, je le revendais de suite. Ni remord ni regret. J'allais à 100 à l'heure à ce moment-là. Au menu, bouquins, Cd, manga, que je venais tout juste de découvrir fin 92, goodies, et bien évidemment jeux.
Dans les tous premiers jours de cette année 1993, je m’offris une Super Nintendo avec le jeu Street Fighter II pour 1500 frs le tout. J’en avais marre de jouer en arcade. Et puis cette console surpuissante pour l’époque, avec ses zooms et ses rotations, me faisait baver. On larguait l’Atari ST, qui entamait son naufrage, et la bonne vieille Sega Master System, même si je continuais d’alimenter régulièrement ses connecteurs en nouvelles cartouches, pour passer à la modernité.
Cette console, malgré un aspect assez terne, encore que la version américaine, entièrement recarrossée, était bien plus laide, mit en rotations tous mes sens. Je n’arrivais pas à croire ce que je voyais sur mon écran. Je savais que j’avais un monstre en ma possession. Elle devint aussi importante qu’une femme ! J’ai menti pour elle. Je me suis (presque) ruiné pour elle. A 500 balles le jeu en moyenne, voire plus parfois, il fallait avoir les moyens. Je les avais, alors feu à volonté !
Tout le mois de janvier 93 se passa devant Street Fighter II évidemment. On était très proche du jeu d’arcade et là, plus besoin de mettre de pièces. J’ai joué, et joué et rejoué… Cette version fut la plus dure des quatre jeux sur ce titre qui sortirent sur cette console, avec des adversaires incroyablement puissants, comme Vega par exemple qui vous laminait la gueule sans que vous ne puissiez rien faire.
Jamais je n’ai autant haï un personnage que celui-ci, avec ses enchaînements ultra rapides et sa putain de jambe tendue qui a priorité sur presque tous vos coups. Il m’a fallu du temps pour découvrir comment l’allonger et ce fut une quasi jouissance lorsque je compris l'astuce. Encore aujourd’hui, quand j’y joue, je prends un grand plaisir à le démolir à petit feu pour bien qu’il souffre comme j’ai souffert lorsque j’étais un noob face à lui.
Super Ghouls’n Ghosts suivit très vite SFII puis le merveilleux Axelay, acheté 570 frs (argh!) mais véritable démo totalement jouable pour la Super Nintendo et qui enterrait définitivement la Megadrive alors en concurrence frontale sur le plan des consoles 16bits. Atari ST VS Amiga, Master System VS NES, SNES VS Megadrive, il y aura toujours ce genre de guéguerre entre fans et si bénéfique pour l’économie des éditeurs…
Je découvris Zelda A Link To The Past en avril 93, beau mais un peu facile. J’avais déjà eu une répétition de ces jeux d’aventure avec l'excellent Golden Axe Warrior en 1991 sur Master System, qui pompait tout à Zelda mais que je découvris tout de même en premier, bizarrerie de la vie... Je les préférais nettement aux jeux de rôles, catégorie que j’avais survolée, toujours sur Master System, avec Miracle Warriors, et qui m’avait profondément emmerdé. Les combats à programmer, à faire et refaire toujours les mêmes combinaisons, chacun son tour, c'était terriblement répétitif. Un ennemi arrive, je l’attaque, il perd 5 points, il m’attaque, je perds 10 points, je lance un sortilège, il l’évite, il m’attaque, je perds 120 points, je lance le bâton magique, il lévite et l'évite, il m'attaque, je perds 5634156320456 points, je lance la cartouche dans le mur en hurlant, il l’évite… C’était gonflos ! Les jeux d’aventure, c’était bien plus libre et moins dirigiste.
Ce Zelda fut dégusté dans un luxe de consommation frénétique : une nouvelle chaîne HI-FI, une nouvelle télé, des tonnes de Cd et de bouquins, des places de concerts... Je gagnais bien mes points de vie, et comme je n'avais aucune responsabilité, tout était dédié aux loisirs. Encore une preuve de cette fête du slip perpétuelle à ce moment-là : en plus de Zelda, j’achetais en même temps le jeu Mickey Land Of Illusion pour ma Sega Master System et véritable chef-d’œuvre de jeu de plates-formes. J’avais claqué plus de 700 balles le même jour en jeux. Mon dieu…
Eté 93. Après le départ de mes parents en vacances, la réception de mon premier synthé et une semaine passée à jouer au gentil couple avec ma nana de l’époque, semaine avortée pour cause de poliotage réciproque, je me remis devant mon écran pour jouer à Super Mario World que je venais de m’offrir fin juillet et c’était finalement aussi bien !
Quel jeu ! C’était mon premier Mario et il semble en avoir marqué plus d’un. D’ailleurs, c’est bien simple, Nintendo depuis nous ressort sans arrêt des versions modernes de ce jeu. Il m’en a fallu du temps et de la persévérance pour voir s’afficher sur ma sauvegarde la petite étoile devant le chiffre « 96 », montrant ainsi que j’avais découvert et fait tous les niveaux, mêmes les plus secrets. Jamais je n’oublierais l’enfer que fût la Star Road et son level « tubular » absolument démoniaque.
La poussière commençait à s’entasser sur mon ST. De moins en moins de jeux sortaient dessus vu que tous les éditeurs ne juraient plus que par l'Amiga. Mais pour continuer à le faire chauffer, je lui fis prendre une nouvelle orientation. Je me remis à écrire et à composer des fanzines, chose que je n’avais plus faite depuis la fin des années 80. Les traitements de texte Le Rédacteur puis 1rst Word Plus m’aidèrent à composer mes articles et mes pages. Empruntant l’imprimante d’un pote, je sortais tout ça et, à coups de photocopies, coupages au cutter, collages, Tipp-Exx et autres rectifications à la hache, je bricolais des fanzines sur tout et n'importe quoi (jeux, comics, musique etc.), et que je vendais par le bouche à oreille. Autant dire que je dépassais rarement les 30 exemplaires vendus. Mais c'est ça les fanzines.
Par ce même bouche à oreille, je me mis à rencontrer d’autres gens dans le même trip que moi, dont des Apple fans. C'est toujours sympa de découvrir d'autres personnes que soi, qui ont d'autres méthodes de travail, d'autres visions, mais qui sont dans le même milieu. On se dit qu'on n'est pas seul. Hélas, ici, on me fit bien comprendre que je ne faisais pas partie de leur club. Moi j’avais un Atari 520ST et une imprimante bas de gamme. En gros, 5000 balles de matos. Eux avaient un Mac avec l’imprimante laser, coût total : + de 100 000 frs ! Donc, eux étaient des pros et moi un con. Et ils me le faisaient bien sentir, avec toujours ce même argument : le prix fait le professionnalisme ! Il était impossible de parler avec eux d'égal à égal. Il fallait être comme eux et avoir leur sacro-saint matériel. Si on ne l'avait pas, c'était mépris et moquerie. Creuse-t-on un trou plus grand avec une pelle en or ? Je ne crois pas.
Comparant nos ventes de fanzine, j’eus une crise de rire en constatant que, non seulement j’écrivais mieux qu’eux, mais surtout que je vendais bien plus de papier. Mais même avec ça, rien à faire : « Nous, on est des pros ! On fait des trucs pour les pros, et les pros sont rares ! » Irrécupérables. C’est là qu’est venue ma haine d’Apple, et c’est bien dommage car vu les nombreuses heures passées sur l’Apple II de ma voisine, voir partie 1, la camaraderie aurait pu se faire. Et ce comportement d'élitistes snobs n’a jamais varié sur la plupart des "pommés" que j'ai pu rencontrer par la suite. Pire encore, ça s'est répandu au moindre gogo se payant un iPod ou iPhone. Vous commercialisez quelque chose et vous voulez que ça se vende? Faites comme Apple et misez tout sur les plus mauvais côtés des gens, leur complexe d'infériorité, leur désir de plastronner, de revanche sur l'autre et leur manque de personnalité.
La fin 93 se passa devant le très bon Super Star Wars, bien que les films ne me fassent aucun effet, puis Street Fighter II Turbo Hyper Fighting, acheté juste pendant la période de Noël. J'avais un peu peur de me payer un doublon de SF2 mais les améliorations notables de la cartouche me firent oublier cette mauvaise impression. Elle permettait, d’une, de jouer avec les boss, et de l’autre, d’accélérer le jeu, jusqu’à la rendre injouable d’ailleurs. C'était une version bien moins difficile que la précédente. On s’aperçoit de suite que jouer avec Bison n’est vraiment pas facile et qu’il est plutôt faible et handicapant qu’autre chose. Il n’y a que le programme qui sait bien s’en servir finalement.
Toujours aussi fou, je me payais en même temps la cartouche Super Mario All Stars. Croyant que j'allais revivre la même expérience ludique qu'avec Super Mario World l'été passé, je fus assez déçu de constater que l'animation de Mario dans les quatre jeux proposés n'était pas fameuse. Le plombier avait le cul lourd et s'arrêtait difficilement quand il prenait de l'élan. Pas génial. Mis à part le Super Mario 3, j'ai à peine toucher aux autres versions.
1994
Tout comme mes parents, je ne suis pas un joueur d'argent, je n'ai pas ce vice. Les champs de courses ou les casinos ne me font aucun effet. Je pourrai les traverser avec de la monnaie dans les poches sans même penser à les jouer. Mais il m’arrivait de prendre chez le marchand de journaux des tickets à gratter de la Française Des Jeux, juste pour me marrer. Un jour, après avoir raflé les comics Semic du mois, comics que je ne lisais même plus mais que j’achetais juste pour continuer la collection, il me restait 5 frs de monnaie. Je n'aurais pas été plus riche à la fin du mois en les gardant dans ma poche alors, hop ! On prend un Banco. On ne sait jamais. Je rentre chez moi, je gratte et paf ! 500 balles ! Ouuéééééé ! Ça fait son effet !
Que faire de ces sous providentiels ? Les mettre de côté ? Commencer un PER ? Un livret A ? Non mais ça va pas non ? Rien à foutre de tout ça, c'est de l'argent jeté par les fenêtres, et je serai mort avant de toute façon ! Quand je pense qu'il y a des gens qui attendent d'être vieux pour vivre... Vivons dans l’instant présent et allons les claquer tout de suite dans un truc qu’on ne pouvait pas se payer une heure auparavant. On a tous une gougouille en tête à acheter, c'est pas les idées qui manquent, c'est simplement l'argent. Je m’offris donc la manette de la mort pour ma Super Nintendo, la Super Nes Advantage de chez Asciiware. 450 balles je crois.
Très lourde, énorme, conçue pour être posée sur une table, un gros manche très solide, de larges boutons, des fonctions auto-fire avec des turbos réglables, j’étais le roi du pétrole ! Elle était réputée indestructible. Et quand on sait ça, on se lâche deux fois plus dessus. Ce qui fait qu’elle a duré un an en gros. Je l’ai détruite à coups de poings, enfonçant définitivement les boutons jaunes et rouges lors d'une de mes crises. C’est l'excellent jeu F-Zero qui lui fut fatal.
Avec Kick Off 2, F-Zero est le jeu qui m’a le plus fait péter les plombs dans ma vie. Je me suis découvert grâce à lui une mentalité de gros beauf lorsque je conduisais un véhicule à l’écran. Entre les lambins qui n’avancent pas sur la route et ceux qui me bloquent le passage exprès, c’est IN-SUP-POR-TA-BLE pour moi. Une chance que je n’ai pas le permis car je sais que je deviendrais un de ces tarés au volant, hurlant à la mort à la moindre bonne femme avec un landau sur un passage clouté. Je ne supporte déjà pas les gens qui n’avancent pas sur les trottoirs, alors sur la route… C'est proportionnel à la vitesse je crois, plus ça va vite et plus on m'arrête dans mon élan et plus je deviens fou. La psychiatrie doit pouvoir expliquer ça...
Je lisais Dragon Ball depuis deux ans et de deux façons. Je lisais les premiers tomes, l’enfance de Gokû, en français grâce aux petits pockets bi-mensuels de Glenat qui venaient tout juste de sortir, et en japonais pour la version DBZ, avec les blondinets balançant des rayons par tous les orifices. On en était à Trunks à ce moment là, qui était une bonne histoire malgré tout, surtout pour le côté temporel.
Club Dorothée oblige, je commençais à être dérangé à la librairie japonaise Junku à Rivoli par des gamins idiots, se ramenant après la fin de leurs cours à la primaire ou du collège et bousculant tout le monde avec leurs cartables, pour acheter des cardass japonaises… Ils doivent avoir la quarantaine maintenant. Si certains se reconnaissent là-dedans, sachez que vous m’avez fortement agacé et que j’ai souvent pensé à vous jeter vivant dans un broyeur à viande, cartable inclus !
Je lisais Dragon Ball donc, et j’y jouais aussi. Enfin, j'aurais voulu y jouer. Le jeu que tout le monde attendait sur Super Nintendo était Dragon Ball Z Super Butôden 2. Le jeu était dispo au Japon et ce qu'on en voyait dans les magazines nous faisait immédiatement changer de slip. Après avoir un temps sérieusement envisagé de l’acheter en import, avec un adaptateur, ce qui portait le tout à plus de 800 frs, je décidais sagement d’attendre la VF. Ce fut long.
Enfin officiellement sortie, en mai ou juin je crois, et rebaptisée Dragon Ball Z – La Légende « Saien » (hum…), j’entamais un marathon de la mort pour trouver cette cartouche vitale par tous les moyens. Les réponses furent décevantes.
La VPC ? « On n’en a plus ! Et la liste d'attente est de deux ans ! »
Le Printemps ? « On n’en a pas ! »
La Fnac ? « Le mois prochain, pas avant ! »
Les petits vendeurs ? « On en a, mais c'est 1000 frs la cartouche, sans boîte, sans garantie, avec l'étiquette déchirée et un coin de la cartouche qui est cassé, c'est à prendre ou à laisser ! Ne réfléchis pas, prends ta décision tout de suite, y'a déjà deux mecs sur les rangs, allez, grouille ! »
Pffff… Exténué, et après avoir hésité, je me rendis au Virgin Megastore, sans trop y croire. J’aurais dû. Un pan entier de boîtes bleues et jaunes, contenant chacune la cartouche tant convoitée, m’attendait ! Putain ! J’en raflais une de suite, suppliais la caissière de prendre mes 450 balles et rentrais chez moi comme un automate. A la sortie, éjaculation à gogo de Kamehameha et de Final Flash ! Ce fut mon jeu de l'été 94 sur Super Nintendo.
Quand je le revois maintenant, je me fais pitié car, même s’il n’est pas mauvais, c’est loin d’être un super titre… L’animation est raide, les musiques pourries, sans parler de la traduction française chaotique qui fait encore rire beaucoup de monde 25 ans après. On était loin du travail de Véronique Chantel…
Pour rester informer, j’achetais des magazines français « spécialisés », comme Consoles +, Joypad et Player One. Je mets le mot « spécialisés » entre guillemets car ils étaient surtout spécialisés dans la repompe. J’eus un véritable choc en constatant l’intense pillage auxquelles se livraient ces revues en feuilletant par hasard les équivalents nippons, comme Famicom Tsushin par exemple. La seule originalité dans les versions françaises était leur incroyable capacité à se branler mensuellement. Outre le trip « ma binette partout », ce qui n’était pas un cadeau quand on voyait les mignonnes petites bouilles qu’ils avaient tous ou presque, et les sections « manga/anime » qui fleurissaient parce que DBZ et Sailormoon cartonnaient, avec des gens chroniquant des manga en VO tout en avouant à la ligne suivante ne pas savoir lire un seul hiragana, certains de ces magazines s’amusaient à faire des romans-photos avec leurs testeurs. C’était pathétique. Ils se mettaient en scène, balançant des private jokes issues de leur rédaction, et donc que personne ne comprenait sauf eux-mêmes, tout en se croyant très drôles et plein d’esprit…
Toute cette masturbation me gonfla très rapidement et je larguais ces comiques nés pour me diriger vers la presse nippone que j’achetais chez Tonkam ou Junku. Ce n'était pas très économique, avec le prix d'un seul Famicom Tsushin, je pouvais me payer deux magazines français, mais qu'importe. Il fallait stopper d'engraisser ces cons-là. En plus, c’était parfait pour continuer à m’exercer au japonais que j’assimilais à vitesse géométrique grâce à mes traductions non-stop de manga et de paroles Jpop. Les cours particuliers étant inabordables, j'avais opté pour la méthode solitaire. Un ou deux dicos, un lexique de kanjis, un peu de neurones, de mémoire et de déduction, et en avant! J’avais appris l’anglais de la même façon au collège, en traduisant les paroles de mes groupes préférés. Méthode simple et bien plus stimulante que les bouquins d'école si rébarbatifs. En 95, avec l’aide supplémentaire d’une correspondante japonaise, jusqu'en 98, j’avais vraiment acquis un bon niveau. J’ai quasiment tout perdu depuis, c’est triste.
Même si j'avais les moyens, les jeux Super Nintendo officiels étaient horriblement chers. Et comme on ne pouvait pas les pirater à cette époque, c’était « achète ou casse-toi ! » Douce époque pour les éditeurs. Mais on pouvait quand même ruser en passant par l’import. Certes, les nouveautés étaient toujours aussi chères, voire plus encore (les cartouches à 900 frs étaient courantes) mais je n’ai jamais été une fashion victim à qui il fallait toujours « LE » dernier jeu à la mode, et des tas de titres secondaires, non importés pour des raisons de choix ou de droits, valaient largement le coup. De plus, les hits parus les mois, voire les années, précédents étaient désormais bradés. Et quand on les avait loupés, c'était une chance de s'offrir un jeu d'enfer à moindre coût. Je découvris une boutique de VPC qui vendait de l’import à foison, neuf, et à des prix souvent sacrifiés. A 200 balles la cartouche, franchement, pourquoi se priver ?
Mais pour les faire tourner, il fallait bidouiller la console, sinon, c'était l'écran noir assuré. Désireux de jouer à ces jeux dont je savais qu'ils ne sortiraient jamais en France, je fis modifier ma Super Nintendo dans une boutique de Paris pour 150 frs je crois. C'était le tout début des modifications de machines, chose qui deviendra courante par la suite. Un petit interrupteur sous le côté droit lui fut ajouté. J’étais désormais paré. J’introduisais une cartouche japonaise dans ma console européenne (même format, pas besoin d’adaptateur comme avec les consoles américaines), j’allumais, un coup de bouton et hop ! 60hz ! Tout fonctionnait parfaitement. Un parc gigantesque de titres officiellement introuvables en Europe s’ouvrait à moi et je ne me suis pas privé !
Je ne ratais pas non plus le jeu Starfox, rebaptisé Starwing pour l'Europe. C'était une première mondiale, de la 3D sur une console! Nintendo introduisit le Super FX, une puce additionnelle placée dans la cartouche capable de gérer une centaine de polygones en même temps et d'y appliquer des textures mappées.
Lancé en 1993 à grand renfort de publicité, le titre fit grand bruit dans le petit monde du jeu vidéo et fut un carton mondial. Attiré par les jeux 3D depuis l'Atari ST, j'attendis patiemment que les prix baissent pour me lancer dans son achat. Coupe double pour moi. A peine 200 balles pour un superbe jeu, même si aujourd'hui, on peut rire devant sa simplicité graphique et de ses gros blocs crantés. Il y a un début à tout.
Comme il est écrit plus haut, j’avais acheté Zelda A Link To The Past pour ma Super Nintendo l’année précédente et j’avais bien aimé, même si je l’avais terminé en moins de 15 jours. Jeu tout public oblige, et voulant dire que les gamins étaient largement visés, le niveau de difficulté n'était donc pas très élevé. Les pubs de l'époque à ce propos étaient plus ou moins mensongères d'ailleurs... Et le Zelda sur Game Boy qui venait de sortir, Link's Awakening, semblait corriger ça. Une longue quête nous attendait. Mais j’avais pas de Game Boy. Qu’à cela ne tienne ! On va s’en acheter une ! Allez hop ! 500 balles + le jeu Zelda. Comme tout est facile quand on a de l'argent... Un Atari ST, une Sega Master System, une Super Nintendo, et maintenant, une Game Boy. Cela faisait quatre machines chez moi. Le grand luxe !
Comme l’an passé avec Super Mario World, je passais mon été 94 à jouer, avec ce Zelda cette fois et, console portable oblige, en vacances. Ce fut un Zelda assez ardu qui me fit de l’usage. La Game Boy était poussée dans ses derniers retranchements et, malgré un son bip-bip et un graphisme monochrome, la magie fonctionnait parfaitement. La fin est superbe. Ce n'est pas encore le même traumatisme que l'ocarina de Stelli pour moi, mais la chanson du Poisson-Rêve me fait un certain effet.
Malgré ce superbe jeu et tout le plaisir que je pris à le finir, je constatais assez rapidement que je n’étais pas fait pour ce genre de console portable, l’écran était trop petit, on ne voyait pas grand-chose. J’ai acheté très peu de jeux sur cette console. Kirby's Dream Land, qui ne m’a pas du tout passionné, et Megaman IV en import, le genre de jeu bourrin et bien trop difficile. Finalement, il n'y a que Zelda et Tetris qui tournèrent dessus.
En novembre 94, mon ST grilla, sans doute l’alimentation, mais je rachetais pour pas cher celui du pote neuneu que j’exploitais plus ou moins, voir partie 3, avec tous ses jeux. Acharnement thérapeutique. Le ST était mort, supplanté par l’Amiga, qui allait couler l’année suivante. Mais il me fallait ce bon vieux ordinateur à mes côtés, pour travailler sur mes fanzines déjà mais aussi, comme présence amicale. On s'attache.
Fin 94, à fond dans l’écriture de mes fanzines, de la traduction de mes manga, écoutant de la Jpop hyper sucrée qui me ravissait le coeur, j’arrêtais définitivement d’acheter des jeux, puis de jouer. Une page se tournait. J’allais avoir 22 ans et je me trouvais trop vieux pour tout ça. De nouvelles consoles commençaient à poindre, 32bits, 64bits, 128 même. On n'en finissait plus. J'étais lassé.
Mon dernier jeu acheté fut Dragon Ball Z Super Butôden 3, en import. Reçu le matin, joué à midi, délaissé le soir même. Il faut dire que c’était un beau foutage de gueule. Dans le genre « recyclage du titre précédent », on ne fait pas mieux ! Bandai s'est bien goinfré...
A suivre
1993
Travaillant à ce moment-là, mais n’ayant aucune facture à payer ni de frigo à remplir pour raison de parasitage parental, j’étais plein de fric même si l’argent me brûlait les doigts. Ma vision des choses était simple: quand j’avais envie de quelque chose, même mineur, je ne me posais pas de question, je l’achetais, point. Si le truc ne me plaisait pas, je le revendais de suite. Ni remord ni regret. J'allais à 100 à l'heure à ce moment-là. Au menu, bouquins, Cd, manga, que je venais tout juste de découvrir fin 92, goodies, et bien évidemment jeux.
Dans les tous premiers jours de cette année 1993, je m’offris une Super Nintendo avec le jeu Street Fighter II pour 1500 frs le tout. J’en avais marre de jouer en arcade. Et puis cette console surpuissante pour l’époque, avec ses zooms et ses rotations, me faisait baver. On larguait l’Atari ST, qui entamait son naufrage, et la bonne vieille Sega Master System, même si je continuais d’alimenter régulièrement ses connecteurs en nouvelles cartouches, pour passer à la modernité.
Cette console, malgré un aspect assez terne, encore que la version américaine, entièrement recarrossée, était bien plus laide, mit en rotations tous mes sens. Je n’arrivais pas à croire ce que je voyais sur mon écran. Je savais que j’avais un monstre en ma possession. Elle devint aussi importante qu’une femme ! J’ai menti pour elle. Je me suis (presque) ruiné pour elle. A 500 balles le jeu en moyenne, voire plus parfois, il fallait avoir les moyens. Je les avais, alors feu à volonté !
Tout le mois de janvier 93 se passa devant Street Fighter II évidemment. On était très proche du jeu d’arcade et là, plus besoin de mettre de pièces. J’ai joué, et joué et rejoué… Cette version fut la plus dure des quatre jeux sur ce titre qui sortirent sur cette console, avec des adversaires incroyablement puissants, comme Vega par exemple qui vous laminait la gueule sans que vous ne puissiez rien faire.
Jamais je n’ai autant haï un personnage que celui-ci, avec ses enchaînements ultra rapides et sa putain de jambe tendue qui a priorité sur presque tous vos coups. Il m’a fallu du temps pour découvrir comment l’allonger et ce fut une quasi jouissance lorsque je compris l'astuce. Encore aujourd’hui, quand j’y joue, je prends un grand plaisir à le démolir à petit feu pour bien qu’il souffre comme j’ai souffert lorsque j’étais un noob face à lui.
Super Ghouls’n Ghosts suivit très vite SFII puis le merveilleux Axelay, acheté 570 frs (argh!) mais véritable démo totalement jouable pour la Super Nintendo et qui enterrait définitivement la Megadrive alors en concurrence frontale sur le plan des consoles 16bits. Atari ST VS Amiga, Master System VS NES, SNES VS Megadrive, il y aura toujours ce genre de guéguerre entre fans et si bénéfique pour l’économie des éditeurs…
Je découvris Zelda A Link To The Past en avril 93, beau mais un peu facile. J’avais déjà eu une répétition de ces jeux d’aventure avec l'excellent Golden Axe Warrior en 1991 sur Master System, qui pompait tout à Zelda mais que je découvris tout de même en premier, bizarrerie de la vie... Je les préférais nettement aux jeux de rôles, catégorie que j’avais survolée, toujours sur Master System, avec Miracle Warriors, et qui m’avait profondément emmerdé. Les combats à programmer, à faire et refaire toujours les mêmes combinaisons, chacun son tour, c'était terriblement répétitif. Un ennemi arrive, je l’attaque, il perd 5 points, il m’attaque, je perds 10 points, je lance un sortilège, il l’évite, il m’attaque, je perds 120 points, je lance le bâton magique, il lévite et l'évite, il m'attaque, je perds 5634156320456 points, je lance la cartouche dans le mur en hurlant, il l’évite… C’était gonflos ! Les jeux d’aventure, c’était bien plus libre et moins dirigiste.
Ce Zelda fut dégusté dans un luxe de consommation frénétique : une nouvelle chaîne HI-FI, une nouvelle télé, des tonnes de Cd et de bouquins, des places de concerts... Je gagnais bien mes points de vie, et comme je n'avais aucune responsabilité, tout était dédié aux loisirs. Encore une preuve de cette fête du slip perpétuelle à ce moment-là : en plus de Zelda, j’achetais en même temps le jeu Mickey Land Of Illusion pour ma Sega Master System et véritable chef-d’œuvre de jeu de plates-formes. J’avais claqué plus de 700 balles le même jour en jeux. Mon dieu…
Eté 93. Après le départ de mes parents en vacances, la réception de mon premier synthé et une semaine passée à jouer au gentil couple avec ma nana de l’époque, semaine avortée pour cause de poliotage réciproque, je me remis devant mon écran pour jouer à Super Mario World que je venais de m’offrir fin juillet et c’était finalement aussi bien !
Quel jeu ! C’était mon premier Mario et il semble en avoir marqué plus d’un. D’ailleurs, c’est bien simple, Nintendo depuis nous ressort sans arrêt des versions modernes de ce jeu. Il m’en a fallu du temps et de la persévérance pour voir s’afficher sur ma sauvegarde la petite étoile devant le chiffre « 96 », montrant ainsi que j’avais découvert et fait tous les niveaux, mêmes les plus secrets. Jamais je n’oublierais l’enfer que fût la Star Road et son level « tubular » absolument démoniaque.
La poussière commençait à s’entasser sur mon ST. De moins en moins de jeux sortaient dessus vu que tous les éditeurs ne juraient plus que par l'Amiga. Mais pour continuer à le faire chauffer, je lui fis prendre une nouvelle orientation. Je me remis à écrire et à composer des fanzines, chose que je n’avais plus faite depuis la fin des années 80. Les traitements de texte Le Rédacteur puis 1rst Word Plus m’aidèrent à composer mes articles et mes pages. Empruntant l’imprimante d’un pote, je sortais tout ça et, à coups de photocopies, coupages au cutter, collages, Tipp-Exx et autres rectifications à la hache, je bricolais des fanzines sur tout et n'importe quoi (jeux, comics, musique etc.), et que je vendais par le bouche à oreille. Autant dire que je dépassais rarement les 30 exemplaires vendus. Mais c'est ça les fanzines.
Par ce même bouche à oreille, je me mis à rencontrer d’autres gens dans le même trip que moi, dont des Apple fans. C'est toujours sympa de découvrir d'autres personnes que soi, qui ont d'autres méthodes de travail, d'autres visions, mais qui sont dans le même milieu. On se dit qu'on n'est pas seul. Hélas, ici, on me fit bien comprendre que je ne faisais pas partie de leur club. Moi j’avais un Atari 520ST et une imprimante bas de gamme. En gros, 5000 balles de matos. Eux avaient un Mac avec l’imprimante laser, coût total : + de 100 000 frs ! Donc, eux étaient des pros et moi un con. Et ils me le faisaient bien sentir, avec toujours ce même argument : le prix fait le professionnalisme ! Il était impossible de parler avec eux d'égal à égal. Il fallait être comme eux et avoir leur sacro-saint matériel. Si on ne l'avait pas, c'était mépris et moquerie. Creuse-t-on un trou plus grand avec une pelle en or ? Je ne crois pas.
Comparant nos ventes de fanzine, j’eus une crise de rire en constatant que, non seulement j’écrivais mieux qu’eux, mais surtout que je vendais bien plus de papier. Mais même avec ça, rien à faire : « Nous, on est des pros ! On fait des trucs pour les pros, et les pros sont rares ! » Irrécupérables. C’est là qu’est venue ma haine d’Apple, et c’est bien dommage car vu les nombreuses heures passées sur l’Apple II de ma voisine, voir partie 1, la camaraderie aurait pu se faire. Et ce comportement d'élitistes snobs n’a jamais varié sur la plupart des "pommés" que j'ai pu rencontrer par la suite. Pire encore, ça s'est répandu au moindre gogo se payant un iPod ou iPhone. Vous commercialisez quelque chose et vous voulez que ça se vende? Faites comme Apple et misez tout sur les plus mauvais côtés des gens, leur complexe d'infériorité, leur désir de plastronner, de revanche sur l'autre et leur manque de personnalité.
La fin 93 se passa devant le très bon Super Star Wars, bien que les films ne me fassent aucun effet, puis Street Fighter II Turbo Hyper Fighting, acheté juste pendant la période de Noël. J'avais un peu peur de me payer un doublon de SF2 mais les améliorations notables de la cartouche me firent oublier cette mauvaise impression. Elle permettait, d’une, de jouer avec les boss, et de l’autre, d’accélérer le jeu, jusqu’à la rendre injouable d’ailleurs. C'était une version bien moins difficile que la précédente. On s’aperçoit de suite que jouer avec Bison n’est vraiment pas facile et qu’il est plutôt faible et handicapant qu’autre chose. Il n’y a que le programme qui sait bien s’en servir finalement.
Toujours aussi fou, je me payais en même temps la cartouche Super Mario All Stars. Croyant que j'allais revivre la même expérience ludique qu'avec Super Mario World l'été passé, je fus assez déçu de constater que l'animation de Mario dans les quatre jeux proposés n'était pas fameuse. Le plombier avait le cul lourd et s'arrêtait difficilement quand il prenait de l'élan. Pas génial. Mis à part le Super Mario 3, j'ai à peine toucher aux autres versions.
1994
Tout comme mes parents, je ne suis pas un joueur d'argent, je n'ai pas ce vice. Les champs de courses ou les casinos ne me font aucun effet. Je pourrai les traverser avec de la monnaie dans les poches sans même penser à les jouer. Mais il m’arrivait de prendre chez le marchand de journaux des tickets à gratter de la Française Des Jeux, juste pour me marrer. Un jour, après avoir raflé les comics Semic du mois, comics que je ne lisais même plus mais que j’achetais juste pour continuer la collection, il me restait 5 frs de monnaie. Je n'aurais pas été plus riche à la fin du mois en les gardant dans ma poche alors, hop ! On prend un Banco. On ne sait jamais. Je rentre chez moi, je gratte et paf ! 500 balles ! Ouuéééééé ! Ça fait son effet !
Que faire de ces sous providentiels ? Les mettre de côté ? Commencer un PER ? Un livret A ? Non mais ça va pas non ? Rien à foutre de tout ça, c'est de l'argent jeté par les fenêtres, et je serai mort avant de toute façon ! Quand je pense qu'il y a des gens qui attendent d'être vieux pour vivre... Vivons dans l’instant présent et allons les claquer tout de suite dans un truc qu’on ne pouvait pas se payer une heure auparavant. On a tous une gougouille en tête à acheter, c'est pas les idées qui manquent, c'est simplement l'argent. Je m’offris donc la manette de la mort pour ma Super Nintendo, la Super Nes Advantage de chez Asciiware. 450 balles je crois.
Très lourde, énorme, conçue pour être posée sur une table, un gros manche très solide, de larges boutons, des fonctions auto-fire avec des turbos réglables, j’étais le roi du pétrole ! Elle était réputée indestructible. Et quand on sait ça, on se lâche deux fois plus dessus. Ce qui fait qu’elle a duré un an en gros. Je l’ai détruite à coups de poings, enfonçant définitivement les boutons jaunes et rouges lors d'une de mes crises. C’est l'excellent jeu F-Zero qui lui fut fatal.
Avec Kick Off 2, F-Zero est le jeu qui m’a le plus fait péter les plombs dans ma vie. Je me suis découvert grâce à lui une mentalité de gros beauf lorsque je conduisais un véhicule à l’écran. Entre les lambins qui n’avancent pas sur la route et ceux qui me bloquent le passage exprès, c’est IN-SUP-POR-TA-BLE pour moi. Une chance que je n’ai pas le permis car je sais que je deviendrais un de ces tarés au volant, hurlant à la mort à la moindre bonne femme avec un landau sur un passage clouté. Je ne supporte déjà pas les gens qui n’avancent pas sur les trottoirs, alors sur la route… C'est proportionnel à la vitesse je crois, plus ça va vite et plus on m'arrête dans mon élan et plus je deviens fou. La psychiatrie doit pouvoir expliquer ça...
Je lisais Dragon Ball depuis deux ans et de deux façons. Je lisais les premiers tomes, l’enfance de Gokû, en français grâce aux petits pockets bi-mensuels de Glenat qui venaient tout juste de sortir, et en japonais pour la version DBZ, avec les blondinets balançant des rayons par tous les orifices. On en était à Trunks à ce moment là, qui était une bonne histoire malgré tout, surtout pour le côté temporel.
Club Dorothée oblige, je commençais à être dérangé à la librairie japonaise Junku à Rivoli par des gamins idiots, se ramenant après la fin de leurs cours à la primaire ou du collège et bousculant tout le monde avec leurs cartables, pour acheter des cardass japonaises… Ils doivent avoir la quarantaine maintenant. Si certains se reconnaissent là-dedans, sachez que vous m’avez fortement agacé et que j’ai souvent pensé à vous jeter vivant dans un broyeur à viande, cartable inclus !
Je lisais Dragon Ball donc, et j’y jouais aussi. Enfin, j'aurais voulu y jouer. Le jeu que tout le monde attendait sur Super Nintendo était Dragon Ball Z Super Butôden 2. Le jeu était dispo au Japon et ce qu'on en voyait dans les magazines nous faisait immédiatement changer de slip. Après avoir un temps sérieusement envisagé de l’acheter en import, avec un adaptateur, ce qui portait le tout à plus de 800 frs, je décidais sagement d’attendre la VF. Ce fut long.
Enfin officiellement sortie, en mai ou juin je crois, et rebaptisée Dragon Ball Z – La Légende « Saien » (hum…), j’entamais un marathon de la mort pour trouver cette cartouche vitale par tous les moyens. Les réponses furent décevantes.
La VPC ? « On n’en a plus ! Et la liste d'attente est de deux ans ! »
Le Printemps ? « On n’en a pas ! »
La Fnac ? « Le mois prochain, pas avant ! »
Les petits vendeurs ? « On en a, mais c'est 1000 frs la cartouche, sans boîte, sans garantie, avec l'étiquette déchirée et un coin de la cartouche qui est cassé, c'est à prendre ou à laisser ! Ne réfléchis pas, prends ta décision tout de suite, y'a déjà deux mecs sur les rangs, allez, grouille ! »
Pffff… Exténué, et après avoir hésité, je me rendis au Virgin Megastore, sans trop y croire. J’aurais dû. Un pan entier de boîtes bleues et jaunes, contenant chacune la cartouche tant convoitée, m’attendait ! Putain ! J’en raflais une de suite, suppliais la caissière de prendre mes 450 balles et rentrais chez moi comme un automate. A la sortie, éjaculation à gogo de Kamehameha et de Final Flash ! Ce fut mon jeu de l'été 94 sur Super Nintendo.
Quand je le revois maintenant, je me fais pitié car, même s’il n’est pas mauvais, c’est loin d’être un super titre… L’animation est raide, les musiques pourries, sans parler de la traduction française chaotique qui fait encore rire beaucoup de monde 25 ans après. On était loin du travail de Véronique Chantel…
Pour rester informer, j’achetais des magazines français « spécialisés », comme Consoles +, Joypad et Player One. Je mets le mot « spécialisés » entre guillemets car ils étaient surtout spécialisés dans la repompe. J’eus un véritable choc en constatant l’intense pillage auxquelles se livraient ces revues en feuilletant par hasard les équivalents nippons, comme Famicom Tsushin par exemple. La seule originalité dans les versions françaises était leur incroyable capacité à se branler mensuellement. Outre le trip « ma binette partout », ce qui n’était pas un cadeau quand on voyait les mignonnes petites bouilles qu’ils avaient tous ou presque, et les sections « manga/anime » qui fleurissaient parce que DBZ et Sailormoon cartonnaient, avec des gens chroniquant des manga en VO tout en avouant à la ligne suivante ne pas savoir lire un seul hiragana, certains de ces magazines s’amusaient à faire des romans-photos avec leurs testeurs. C’était pathétique. Ils se mettaient en scène, balançant des private jokes issues de leur rédaction, et donc que personne ne comprenait sauf eux-mêmes, tout en se croyant très drôles et plein d’esprit…
Toute cette masturbation me gonfla très rapidement et je larguais ces comiques nés pour me diriger vers la presse nippone que j’achetais chez Tonkam ou Junku. Ce n'était pas très économique, avec le prix d'un seul Famicom Tsushin, je pouvais me payer deux magazines français, mais qu'importe. Il fallait stopper d'engraisser ces cons-là. En plus, c’était parfait pour continuer à m’exercer au japonais que j’assimilais à vitesse géométrique grâce à mes traductions non-stop de manga et de paroles Jpop. Les cours particuliers étant inabordables, j'avais opté pour la méthode solitaire. Un ou deux dicos, un lexique de kanjis, un peu de neurones, de mémoire et de déduction, et en avant! J’avais appris l’anglais de la même façon au collège, en traduisant les paroles de mes groupes préférés. Méthode simple et bien plus stimulante que les bouquins d'école si rébarbatifs. En 95, avec l’aide supplémentaire d’une correspondante japonaise, jusqu'en 98, j’avais vraiment acquis un bon niveau. J’ai quasiment tout perdu depuis, c’est triste.
Même si j'avais les moyens, les jeux Super Nintendo officiels étaient horriblement chers. Et comme on ne pouvait pas les pirater à cette époque, c’était « achète ou casse-toi ! » Douce époque pour les éditeurs. Mais on pouvait quand même ruser en passant par l’import. Certes, les nouveautés étaient toujours aussi chères, voire plus encore (les cartouches à 900 frs étaient courantes) mais je n’ai jamais été une fashion victim à qui il fallait toujours « LE » dernier jeu à la mode, et des tas de titres secondaires, non importés pour des raisons de choix ou de droits, valaient largement le coup. De plus, les hits parus les mois, voire les années, précédents étaient désormais bradés. Et quand on les avait loupés, c'était une chance de s'offrir un jeu d'enfer à moindre coût. Je découvris une boutique de VPC qui vendait de l’import à foison, neuf, et à des prix souvent sacrifiés. A 200 balles la cartouche, franchement, pourquoi se priver ?
Mais pour les faire tourner, il fallait bidouiller la console, sinon, c'était l'écran noir assuré. Désireux de jouer à ces jeux dont je savais qu'ils ne sortiraient jamais en France, je fis modifier ma Super Nintendo dans une boutique de Paris pour 150 frs je crois. C'était le tout début des modifications de machines, chose qui deviendra courante par la suite. Un petit interrupteur sous le côté droit lui fut ajouté. J’étais désormais paré. J’introduisais une cartouche japonaise dans ma console européenne (même format, pas besoin d’adaptateur comme avec les consoles américaines), j’allumais, un coup de bouton et hop ! 60hz ! Tout fonctionnait parfaitement. Un parc gigantesque de titres officiellement introuvables en Europe s’ouvrait à moi et je ne me suis pas privé !
Je ne ratais pas non plus le jeu Starfox, rebaptisé Starwing pour l'Europe. C'était une première mondiale, de la 3D sur une console! Nintendo introduisit le Super FX, une puce additionnelle placée dans la cartouche capable de gérer une centaine de polygones en même temps et d'y appliquer des textures mappées.
Lancé en 1993 à grand renfort de publicité, le titre fit grand bruit dans le petit monde du jeu vidéo et fut un carton mondial. Attiré par les jeux 3D depuis l'Atari ST, j'attendis patiemment que les prix baissent pour me lancer dans son achat. Coupe double pour moi. A peine 200 balles pour un superbe jeu, même si aujourd'hui, on peut rire devant sa simplicité graphique et de ses gros blocs crantés. Il y a un début à tout.
Comme il est écrit plus haut, j’avais acheté Zelda A Link To The Past pour ma Super Nintendo l’année précédente et j’avais bien aimé, même si je l’avais terminé en moins de 15 jours. Jeu tout public oblige, et voulant dire que les gamins étaient largement visés, le niveau de difficulté n'était donc pas très élevé. Les pubs de l'époque à ce propos étaient plus ou moins mensongères d'ailleurs... Et le Zelda sur Game Boy qui venait de sortir, Link's Awakening, semblait corriger ça. Une longue quête nous attendait. Mais j’avais pas de Game Boy. Qu’à cela ne tienne ! On va s’en acheter une ! Allez hop ! 500 balles + le jeu Zelda. Comme tout est facile quand on a de l'argent... Un Atari ST, une Sega Master System, une Super Nintendo, et maintenant, une Game Boy. Cela faisait quatre machines chez moi. Le grand luxe !
Comme l’an passé avec Super Mario World, je passais mon été 94 à jouer, avec ce Zelda cette fois et, console portable oblige, en vacances. Ce fut un Zelda assez ardu qui me fit de l’usage. La Game Boy était poussée dans ses derniers retranchements et, malgré un son bip-bip et un graphisme monochrome, la magie fonctionnait parfaitement. La fin est superbe. Ce n'est pas encore le même traumatisme que l'ocarina de Stelli pour moi, mais la chanson du Poisson-Rêve me fait un certain effet.
Malgré ce superbe jeu et tout le plaisir que je pris à le finir, je constatais assez rapidement que je n’étais pas fait pour ce genre de console portable, l’écran était trop petit, on ne voyait pas grand-chose. J’ai acheté très peu de jeux sur cette console. Kirby's Dream Land, qui ne m’a pas du tout passionné, et Megaman IV en import, le genre de jeu bourrin et bien trop difficile. Finalement, il n'y a que Zelda et Tetris qui tournèrent dessus.
En novembre 94, mon ST grilla, sans doute l’alimentation, mais je rachetais pour pas cher celui du pote neuneu que j’exploitais plus ou moins, voir partie 3, avec tous ses jeux. Acharnement thérapeutique. Le ST était mort, supplanté par l’Amiga, qui allait couler l’année suivante. Mais il me fallait ce bon vieux ordinateur à mes côtés, pour travailler sur mes fanzines déjà mais aussi, comme présence amicale. On s'attache.
Fin 94, à fond dans l’écriture de mes fanzines, de la traduction de mes manga, écoutant de la Jpop hyper sucrée qui me ravissait le coeur, j’arrêtais définitivement d’acheter des jeux, puis de jouer. Une page se tournait. J’allais avoir 22 ans et je me trouvais trop vieux pour tout ça. De nouvelles consoles commençaient à poindre, 32bits, 64bits, 128 même. On n'en finissait plus. J'étais lassé.
Mon dernier jeu acheté fut Dragon Ball Z Super Butôden 3, en import. Reçu le matin, joué à midi, délaissé le soir même. Il faut dire que c’était un beau foutage de gueule. Dans le genre « recyclage du titre précédent », on ne fait pas mieux ! Bandai s'est bien goinfré...
A suivre
Jacques Atari- Interne
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Re: Bonjour les gens!
Hé bien,quelle présentation!!
Tu peux aller faire un tour chez un editeur pour oublier tes memoires de geek
Edit: non Axelay n'enterre pas du tout les shoots Megadrive,il y a au moins 5 titres sur la Sega qui sont bien meilleurs
Tu peux aller faire un tour chez un editeur pour oublier tes memoires de geek
Edit: non Axelay n'enterre pas du tout les shoots Megadrive,il y a au moins 5 titres sur la Sega qui sont bien meilleurs
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Re: Bonjour les gens!
Excellent cet historique ! Ca pourrait etre une bonne idée : chacun faire un résumé de sa vie vidéoludique
ATARI FOR EVER & BEYOND
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Re: Bonjour les gens!
MES ANNEES INFORMATIQUE - PARTIE 5 - TOUTES LES AUTOROUTES DE L’INFORMATION MENENT AUX CD-ROMS
1995/98
Le temps avait passé et des SDF avaient coulé sous les ponts. La sous-culture japonaise, manga, animations, Jpop, et le début d'un retour pour moi vers les jouets, avait fait table rase de beaucoup de choses qui constituaient ma vie, depuis très longtemps pour certaines : les jeux vidéo, les comics, même la musique. En larguant tout ça fin 94, je signais un nouveau bail. Je retrouvais ma ligne, du temps de libre et, grâce au Minitel, les nanas reprirent logiquement une place importante dans ma vie. Tout comme on ne peut pas travailler dur et avoir une vie de famille satisfaisante, les Japonais et les Allemands en sont l'exemple même, on ne peut pas baiser et jouer. Il faut choisir. C'était tout vu et en me remettant à la besogne, je me demandais comment j'avais pu préférer tripoter un pad plutôt qu'une nana joliment pourvue.
J'ai revendu ma Super Nintendo en 96 je crois. Ma Master System et le ST allaient suivre le même chemin en 97 ou 98, je ne sais plus. C’est curieux, j’ai oublié toutes ces transactions. Je me souviens vaguement d’un RDV à Porte Clichy pour vendre en mains propres le ST et ses jeux. 200 balles le tout. La grande braderie ! A court de fric, et ayant de monstrueuses factures de minitel à payer à cause de mes chasses à la femelle, j’ai fait ça dans l’urgence. Je me débarrassais de mes machines et peut-être aussi de mon passé. J’ai toujours aimé casser mes anciens jouets préférés. Seule la Game Boy fut épargnée parce que mon père la squattait. Il découvrit lui aussi ce que c'était que de devenir accro aux jeux vidéo. Il était même devenu meilleur que moi à Tetris. Tout fout le camp !
On parlait sans arrêt de machines « multimédias », des PC lisant des « cédéroms » et s’en allant emprunter les « autoroutes de l’information ». On se souvient tous de ce battage médiatique avec ces mots bizarres mis à toutes les sauces et repris en choeur par des journaleux n'y comprenant rien. Je comprenais mal cet engouement. Pour moi, le PC, c’était un ordinateur de travail. Pour jouer là-dessus, il fallait être maso. D'ailleurs, rien n'était prévu pour cela. J’avais encore en tête le mode CGA de la fin des années 80, avec des couleurs criardes bleu turquoise et violet. Pour avoir la même chose qu’un banal 16bits sur PC, il fallait en acheter un valant presque trois fois le prix d'un ST. N’importe quoi. Et je ne parle même pas des commandes sous DOS, faisant passer le klingon pour une partie de plaisir...
Et puis, il y avait Internet. Depuis 1995, le mot courait. J'avais beau avoir pris ma retraite de tout ce bordel informatique, ça me démangeait quand même de voir ce que c’était que tout ça. Me liant d’amitié avec l’une de ces nouvelles connaissances, il me proposa de le suivre, un matin de 1996 ou 97, dans l’IUFM où il étudiait. Il me disait qu'il y avait une salle d’ordinateurs, tous connectés au Net, et c’était gratuit pour les étudiants. C’était trop tentant. Pour entrer, je me fis donc passer pour un étudiant… Quelle honte ! Mais qu’importe ! De toute façon, personne ne me demanda jamais rien. Pas de carte à sortir, pas de vigile à l’entrée, personne dans les couloirs, tout était ouvert. On entrait là-dedans comme dans un moulin.
Ce fut ma première rencontre avec Internet mais aussi avec un ordinateur dit « moderne ». J’avais encore mon œil habitué à l’Atari et la première surprise fut de constater à quel point l’image était belle et le curseur de la souris tout petit. Ben oui, les résolutions s’étaient améliorées depuis. Ah ces noobs…
On « surfait » sur des Power Mac je crois, puis sur des iMac l'année suivante, tous sous Netscape. L’iMac freezait assez régulièrement et comme Steve Jobs étaitun visionnaire génial une ordure obnubilée par l’argent, il avait anticipé l’avenir réduit les coûts au maximum sur cet ordinateur : pas de lecteur de disquette et pas de bouton de reset non plus. Quand ça freezait donc, il fallait débrancher puis rebrancher. Très bon pour le disque dur ça…
Mon premier site sur lequel je suis allé fut tout bêtement celui de la Nasa, pour voir des photos de planètes. On était loin des trucs de cul qui firent vendre tant d’ordinateurs. Ça et le téléchargement furent les sésames qui ouvrirent des millions de porte-monnaie dans le monde.
Je pris rapidement goût au Net et ne me faisait pas prier lors d’invitation matinale. On avait beau être au tout début du web, les sites poussaient comme des champignons après la pluie. On avait toujours quelque chose à voir. On manquait même d’idées. Overdose !
Avoir un site était le top de la modernité et de la branchouille et, bien évidemment, les artistes du monde entier embrayèrent de suite dessus. Un jour que la salle était bondée de monde, je décidais d’aller sur le site officiel d’un groupe d’idoles japonaises. En arrivant sur la page d’accueil de leur site, je fus accueilli par un bruyant « OHAYOOOOOOO ! » prononcé par les quatre gourdes aux dents de traviole. Un ange passa dans la salle...
1999 et après
Début 99, ma décision était prise, il y aurait un sac à puces chez moi cette année. A l’aide du catalogue Surcouf, que j’avais raflé lors d’une de mes premières visites dans ce temple du silicone avec un pote, je m’en allais consulter les offres. Tout un nouveau monde s’ouvrait à moi. Malgré mes connaissances provenant de mon Atari ST, je m’aperçus assez vite que cela ne servait pas à grand-chose. J’avais énormément de retard et tout avait tellement changé. Il y avait toujours une souris et un écran, mais pour le reste, j’étais largué.
Je n’avais pas trop d’argent, moins de 8000 balles, il fallait donc ne pas être trop exigeant. Après m’être tâté sur un PC IBM Aptiva sous AMD K6-2, processeur assez faible déjà à l’époque, puis avoir sérieusement envisagé d’acquérir un iMac (mais oui ! Son prix était un argument imparable), je me décidais pour un PC made in Surcouf livré clé en main à 7990 frs. Au menu, Pentium 2 450mhz, 64mo de ram, carte graphique 8mo, disque dur 6Go, moniteur 17 pouces, le tout sous Windows 98 Second Edition. J’allais devenir le maître du monde...
Le PC fut commandé au mois d’août en VPC. Une semaine plus tard, on me confirma par téléphone que le livreur passerait à telle date « dans la journée ». C’est vague…
C’est fou tout ce qu’on peut s’imaginer quand on attend quelque chose dont on a vraiment envie. Le livreur ne va pas trouver la rue, il va le livrer à la mauvaise personne, il a eu un accident, il l’a foutu dans un fossé, il l'a gardé pour lui etc. Ne pouvant donc sortir, j’ai passé ma journée à la fenêtre à scruter la venue d'une camionnette. J’étais encore loin du compte, c’est un type limite VRP, dans une toute petite voiture, probablement la sienne en plus, qui se ramena chez moi en début de soirée, genre 19h. Il monta tout d’abord le moniteur puis le PC en lui-même. Malgré l’ascenseur, il était tout exténué le pauvre chéri.
N’y connaissant rien du tout, je me demande encore comment j’ai pu me débrouiller pour brancher tout ça tout seul et surtout, que ça puisse fonctionner du premier coup. Je plains les gens qui furent dans mon cas et dont le PC ne fonctionnait pas ou mal à la première utilisation.
Tout de suite, j’investissais Internet. Le PC ne comportait rien pour ça, ce qui expliquait son prix relativement bas, mais j’avais anticipé en achetant le mois précédent un modem 56K externe bas de gamme et souscrit à Internet chez Free. J’avais rapidement reçu par courrier mes codes. Il ne restait plus qu’à réceptionner le PC. C’était comme recevoir la télécommande avant la télé…
Une fois le modem installé, le login et le mot de passe entrés, chose qu’il fallait faire à chaque connexion, tout fonctionnait impeccablement. J'ai vraiment eu de la chance. Le bruit de ce modem restera l’un des sons phares de cette époque chez beaucoup de gens.
La page d’accueil de Free montrait à cette époque le nombre de « freenautes » déjà inscrits. On était à peine 150 000 à ce moment-là... La souris pris la même place que celle de mon ancien ST, dans le coin de la table, à gauche. Mais je n’avais plus de tapis. Qu’importe ! Le bouquin de Windows 98, avec la clé du produit inscrite dessus, fera l’affaire en attendant mieux !
Je surfais sous Internet Explorer 5, qui venait juste de sortir. Quelle modernité !...
Cette première soirée d’Internet à domicile se passa dans une zone de distorsion temporelle où le temps n’existait plus. Il était déjà minuit ??
J’envoyais mails sur mails à toutes mes connaissances ayant une adresse, même à celles qui n’étaient pas des amis et souvent pour ne rien dire. Ou plutôt si :
- Salut, j’ai eu un PC !
Imbécile.
Le type qui m’avait formé à tout ça, et qui râlait avant pour venir chez moi, parce que c’était loin pour lui, débarqua sur mon invitation dès le lendemain de la réception de ce PC… ‘Sont marrants les gens. Il regarda mon acquisition avec un mélange d’envie et de dégoût. Avec son Pentium 1, son écran 15 pouces, son 33K, il m’était inférieur en tout et cela lui était insupportable alors que je n’étais pas là pour l’écraser, mais juste échanger et apprendre. On se crée soi-même ses complexes je crois.
Windows 98 oblige, j’eus mes premiers écrans bleus dans la semaine. « Erreur fatale ». Ça m’a fait flipper. Ça me rappelait les désagréables petites bombes de l’Atari ST. Je découvris tout seul la cause de ce premier bug. En plus de l’anti-virus offert, PC Vaccine un truc comme ça je crois, j’en avais installé un second, fourni sur le Cd d’installation de Free, le fameux Panda Antivirus. Entre le toubib et le mangeur de bambou, le conflit était inévitable… Une fois l’un des deux désinstallé, tout rentra dans l’ordre.
Un après-midi, en fouillant à l’aide du clic droit, je découvris qu’on pouvait changer les fonds d’écran, sans parler des thèmes (immondes), mais également s’amuser avec des économiseurs d’écran, dont la fameuse boule de verre. Ça m’éblouissait. J’avais encore un bon vieux fond d’Atari ST dans les yeux et ce genre de « prouesse technologique », façon démo, m’épatait…
Les mails prirent rapidement une place capitale dans ma vie. Configurer Outlook Express n’était pas une mince affaire à ce moment-là, surtout quand on n’y connaissait rien du tout comme c'était mon cas et ce n'était rien de le dire. Pour preuve, quand l’assistant évoquait le « client mail », je croyais qu’il parlait de moi…
Ces histoires de POP et de SMTP étant trop compliquées pour un noob comme moi, je laissais tomber tout ça pour me centrer sur des bals externes. Celle de Free, mais aussi une créée sur Yahoo et qui me sert toujours de mail quasi principal à l’heure actuelle.
Je découvris également les joies du téléchargement. Mon premier mp3 fut topé fin 99 sur un obscur serveur de P2P baptisé « Simba ». 20mn de téléchargement pour à peine 4mo. Et comment oublier l’intense émotion de revoir certains des épisodes les plus fameux de Goldorak ? Le robot de l’espace fut recherché dès mes premières connexions et les sites sur lui existaient déjà. Mais les épisodes manquaient. Cet oubli fut rapidement comblé par la générosité d’une nana qui mis à disposition ses enregistrements issus des dernières diffusions dans le Club Dorothée. A l’époque, la plupart des vidéos tournait sous Real Player.
Chaque épisode proposé tenait sur 5mo. 5mo pour 20mn. Imaginez la qualité et le son… Et pourtant, j’en avais presque les larmes aux yeux devant certains épisodes que je n’avais pas revus depuis des années. Pentium 2 oblige, je pouvais mettre tout ça en plein écran sans que ça rame, mais ça n’améliorait pas la qualité qui était épouvantable. Alors, pour palier à ça, je me reculais au maximum. Là, ça allait à peu près… Je regardais ces gros pixels baveux, en écoutant ce son compressé à mort, et je me disais que c’était formidable parce que les épisode étaient à moi. Je repensais au gamin que j'avais été et qui avait vu cet épisode à la télé des années auparavant sans pouvoir l’enregistrer, un visionnage en direct, juste sa mémoire en guise de magnétoscope ensuite. Là c’était bel et bien fini, je pouvais revenir sur un moment fort comme je le voulais. Magique!
Emmené par cette nouveauté, je doublais mes factures de téléphone déjà salée à cause du minitel ; minitel que j’avais rendu dans la semaine qui suivie l’arrivée du PC d’ailleurs, découvrant que je pouvais l'émuler directement. Mes chasses à la grognasse pouvaient donc continuer. J’ai reçu des factures de 4000 frs à cause de tout ça. J’ai bradé tout ce qu’il me restait de mon « ancienne vie » pour les régler : BD, bouquins, Cd, K7 audio et vidéo, fringues...
Le choix des FAI était multiple à ce moment-là, on se souvient des Freesbee, Club Internet, LibertySurf, WorldOnline, Respublica etc. La plupart ont été rachetés depuis ou ont coulé tout simplement. Certains se souviendront aussi de One.Tel qui lança une offre Internet « illimitée » qui ne l’était pas. Des gens se sont retrouvés avec plusieurs briques de facture de téléphone à la sortie à cause de ces enfoirés. Je n’ose imaginer si ça m’était arrivé.
Les hébergements étaient de rigueur chez Multimania, Tripod ou Geocities, avec souvent moins de 10 Mo alloués et une limite de bande-passante mensuelle. Tout cela sonne vieux désormais.
Tout comme les FAI, on avait également nos moteurs de recherche favoris suivant la personne. Il y a eu une vie avant Google. J’ai longtemps tourné sur Yahoo puis Lycos que je trouvais performant. Va chercher!
Je n’avais pas acheté ce PC uniquement pour Internet mais aussi pour continuer mes fanzines et, cette fois-ci, avec un vrai matos digne de ce nom. Dans le colis du PC m’attendait un traitement de texte qui me fit de l’usage : le Corel Word Perfect 8. J’avais pour lui de beaux projets.
Les jeux vidéo reprirent une petite place chez moi. Non pas des jeux PC, car le mien était bien trop faible pour les faire tourner, mais de par l’émulation à laquelle je fus initié dès le premier mois qui suivit la réception de mon PC. En effet, on m’apprit que je pouvais jouer à des anciens jeux ST, Super Nintendo, Master System etc. sur mon PC. Des imitations ? Non, la même chose. Après tout, l'émulation existait déjà sous ST, on pouvait émuler le Mac à l’aide du programme Jade si je me rappelle bien. Ce fut une découverte majeure, tout d'abord avec la Super Nintendo. J’avais accès à tous les jeux déjà sortis. Je retrouvais les miens, ceux que j'avais vendus quelques années auparavant une poignée de clous, mais aussi ceux que je n'avais pas pu acheter ou tout simplement que je n'avais pas voulus ou que je ne connaissais même pas. Je me rappelais de ces après-midis passés au Virgin Megastore à choisir péniblement UN jeu parmi les dizaines devant moi. Je n’avais pas droit à l’erreur car je pouvais en acheter qu’un seul. Là, je n’achetais rien et j’avais accès à tout. Séance de rattrapage ! N’ayant pas de joystick à ce moment-là, je jouais au clavier.
J’étais une brelle en PC mais j’apprenais. Doucement. Et il y a quelque chose qui vous fait apprendre encore plus vite, ce sont les problèmes techniques. On dira ce qu’on voudra mais se mettre les mains dans le cambouis, ça fait gagner des points d’expérience, même si on s'en passerait bien sur le moment. Vers mars ou avril 2000 je ne sais plus, le PC déconna. J’avais des écrans bleus presque sans arrêt. C’était une panne très agaçante. Le PC tenait sur trois pattes. Il pouvait tourner pendant des heures sans problème et planter sans raison la minute suivante. C’était invivable.
Après une visite de mon pote expert qui me déclara ne rien pouvoir faire, je m’en allais, résigné, avec mon PC d’une dizaine de kilos sous le bras, mais toujours sous garantie, à Surcouf, rue Montgallet. Il y a toujours eu des gens dans ce coin-là avec un ordinateur dans un sac ou un caddy. Ceux-là, on sait que c’était direction le SAV !
Je confiais le mien à leur bon soin. Ça me rappelait ma panne Atari dix ans plus tôt. Il se passa un bon mois avant que je ne retrouve mon PC, que je dus aller chercher encore tout seul, à la force des bras. Je n'ai jamais su ce qu'il avait eu, un problème de mémoire sans doute. Mon disque dur n'avait pas été effacé, c'était déjà ça.
Toujours dans l'apprentissage, mais plus tard, fin 2001, j'appris tout seul, un dimanche soir, comment formater mon disque dur pour y réinstaller Windows après qu'il ait planté pour de bon. La belle soirée... On est tous passés par là. Petits jeunes qui me lisez, bénissez la restauration qui vous remet tout au propre en un clic.
Malgré la connexion faiblarde, j’avais tout de même un petit paquet de fichiers qui prenait de la place et je n’avais que 6go. De plus, pour partager, c’était pas évident. J’investissais donc dans un lecteur Zip et ses fameuses disquettes, « zipettes », mot que j’ai toujours trouvé ridicule, de 100mo chacune. Enfin, 95 une fois formatées…
Ce lecteur, dont je fis même acheter un exemplaire à ma nana de l'époque, me fut d’un grand secours car je venais de découvrir un excellent programme qui allait doubler, voire tripler, ma liste de fichiers et m’accompagner jusqu’en 2007 : MusicMatch. Il permettait de « ripper » les Cd audio et de les transformer en petits mp3 de qualité variable. Dans la version de démo obtenue, je ne pouvais monter que jusqu’à 96kbp/s. C’était trop juste. Les chansons semblaient comme avoir été enregistrées dans une boîte métallique. Pour aller au-delà, il fallait acheter la licence. J’y ai songé, jusqu’à ce qu’on m’apprenne qu’il fallait simplement entrer une « clé-produit » dans le programme pour le débloquer. C'est quoi une « clé-produit »? Une suite de chiffres et de lettres. Il suffit de la chercher sur le Net. Ah bon. Bon, on cherche. Et on trouve. On entre la suite et paf ! MusicMatch pouvait enfin encoder en pleine qualité! C'était si simple. Je venais de forcer la porte de la banque, les coffres étaient à moi !
J'avais mon plan. De suite, je m’inscrivais à la discothèque municipale de mon quartier. En l’espace de trois mois, et pour le prix d'un seul Cd en guise d'adhésion, je retrouvais virtuellement presque tous ceux que j’avais revendus quelques années auparavant. Ils étaient là sans l'être. Ça prenait bien moins de place en mp3, le son était le même et quelle rapidité pour les écouter, accéder à un moment de la chanson etc. Ça n'avait que des avantages.
Ils m’ont souvent vu dans cette discothèque, plusieurs fois par jour parfois. Je venais, choisissais, empruntais, rentrais, rippais, rangeais, repartais, rendais, réempruntais, repartais, rerentrais, rerippais etc. Je n'avais même pas le sentiment de voler quelque chose vu que j'avais acheté tous ces Cd auparavant, souvent au prix fort. Et comme en plus l’une des nanas travaillant là-bas m’avait tapé dans le slip, c’était double plaisir pour moi que d'y aller. J’appris également, et de par sa jolie bouche, qu'emprunter des Cd comme ça dans une discothèque et les copier chez soi, ce que tous les gens bossant dans ce lieu faisaient également m'avoua-t-elle en bonus, était parfaitement légal ! Vous copiez le Cd d'un ami, c'est interdit. Vous copiez le même venant d'une discothèque municipale, c'est autorisé ! Une absurdité de plus dans nos lois.
Pour lire tous ces fichiers audios, Winamp se révéla le programme parfait et devint mon lecteur de référence et, encore aujourd’hui, c’est lui qui lit tous mes fichiers audio et autres playlists dans sa version « lite ». Exit les usines à gaz façon iTunes. De toute façon, pas d’Apple chez moi.
Mai 2001 je crois, coup de fil chez moi de Wanadoo, "de la part de France Telecom"… Un type se présente et me sort son baratin commercial.
(...) Nous avons constaté que vous faites une très grande utilisation d’Internet.
Sans blague ?
- Seriez-vous intéressé pour souscrire à une offre ADSL ? C’est Internet ultra rapide, 512k, et illimité ! Votre département, le 92 , sert de pilote en plus pour ça.
Donc, en première ligne pour les emmerdes… Malgré tout, en ayant assez de recevoir des factures de malade tous les deux mois, et ayant quelques personnes autour de moi déjà en ADSL m'ayant dit à quel point c'était formidable, je dis oui. Je ne me souviens plus du prix mensuel, sans doute 25€.
Je reçus rapidement le matériel qu’il fallait pour cela, à savoir le modem Speedtouch, la fameuse « raie manta » qui en a marqué plus d’un. Je trouvais ce design très étrange et je n'aime pas trop ces formes bizarres car, à ranger ensuite sur un bureau ou dans une étagère, c'est pas toujours simple. Quand c'est un petit boîtier carré, ça passe toujours mais dès qu'on sort de cette forme, hum... On se souvient de cette connerie de Nabaztag. Mais bon, qu’importe ! Tant que ça marche, le modem peut bien ressembler à une limande ou un pommeau de douche…
Ma ligne ADSL ne devait s’activer qu’à tel jour à minuit pile. J’avais deux semaines à attendre je crois. J’attendis donc. Trois jours avant cette date fatidique, mon modem 56K, le troisième que j’avais depuis 1999, grilla. C’était un signe. Le changement d'une époque.
Le jour J arriva enfin et à minuit pile, je lançais la connexion. Tout fonctionnait, et quelle rapidité ! C’était ahurissant. Plus de limites, plus d’attention portée à la facture. On avait tous, ou presque à ce moment-là, un programme qui contrôlait notre consommation en temps réel. Terminé ! Ce fut désinstallé avec un rare plaisir !
Mon premier téléchargement sous ADSL fut un épisode de Goldorak de 80mo, chose que je ne pouvais me permettre avant. Il fut topé en moins de 20mn devant mes yeux ébahis. Je voyais la barre de téléchargement se remplir « rapidement », même si aujourd’hui, 80mo en 20mn, je trouverais ça très lent.
Les ports USB étaient capricieux avec ma carte-mère. Il arrivait que le modem ne s'initialise pas lors du démarrage, il fallait donc redémarrer, parfois 3 ou 4 fois de suite...
Je pus également m’initier au chat en direct avec ICQ, qui était le rival N°1 de MSN à l’époque. Je l'appréciais pour une raison bien simple, le transfert de fichier reprenait en cas de coupure.
C’était un nouvel Internet que je découvrais avec cet ADSL. Paradoxalement, en allant plus vite, je pus prendre mon temps. Tout ce que je ne pouvais pas faire avant, je le faisais cette fois-ci. Je pus déjà mettre à jour mon Windows 98 par les updates, chose que je n’avais jamais faite avant. Télécharger un patch-rustine d'1mo en 56K, et bien c'est chiant. On préfère utiliser ce temps à autre chose. Là, c'était bien fini. Je pus même passer au DirectX 6...
Je me mis à utiliser le programme WinMX. C’est grâce à lui que j’ai pu retrouver quasiment tous les Cd qu’il me manquait, sans parler de nombreuses chansons « à la pièce ». Avec un pote qui avait sa propre boîte, on laissait tourner son PC de boulot toute la nuit pour télécharger albums et films complets. J'ai toujours dit que pour endiguer le piratage, il fallait supprimer l'ADSL et revenir au 56K. Chose impossible évidemment mais c'est pourtant la solution.
Malgré la découverte du Torrent en 2002, je continuais d’utiliser WinMX jusqu'à ce que ses serveurs soient bloqués par décision juridique. Je l'ai bien regretté.
Les disquettes Zip de 100Mo étaient bien gentilles mais avec l'ADSL, et l'arrivage massif de gros fichiers, elles étaient devenue trop justes. Il fallut passer à quelque chose de plus gros pour stocker, et l'idéal, c'était le graveur de Cd à ce moment-là. Pour cela, j'ai bénéficié d'un énorme coup de pot chez Surcouf. Ils vendirent un graveur Toshiba interne à moins de 600 frs et qui faisait également lecteur de DVD. Je pense qu'ils ne le savaient même pas eux-mêmes sinon, ils ne l'auraient jamais vendu à ce prix-là, surtout en 2001.
Si le lecteur DVD a peu tourné, le graveur de CD, lui, a salement chauffé! Acheter des Cd vierges, c'était bien gentil mais par boîte de 10, ça revenait assez cher, surtout que les programmes de gravure étaient parfois capricieux à ce moment-là et on bousillait facilement deux ou trois Cd dans le lot. Il valait mieux les acheter par 100 et pour cela, les Chinois de Montgalet à Paris nous donnèrent un sacré coup de main! En effet, dans leurs (nombreuses) boutiques, ça magouillait sec et ils vendaient des piles de Cd Verbatim par 100 pour moins de 45€, boîtiers inclus. Forcément, c'était du black, ils ne déclaraient rien, pas de TVA etc. Ils pouvaient vendre ça en dessous du prix. Jusqu'à ce que Surcouf, situé plus loin, n'en ait ras le bol de cette concurrence déloyale et n'appelle la maréchaussée qui fit une descente musclée en 2006 chez les Chinois. Pendant ces quelques mois de prix ridicules, j'en ai bien profité, leur achetant des tonnes de ces Cd pour sauvegarder jusqu'à l'obsession (sauvegarde de sauvegarde de sauvegarde...) pour finalement tout foutre à la poubelle des années après... Un gâchis affolant.
1995/98
Le temps avait passé et des SDF avaient coulé sous les ponts. La sous-culture japonaise, manga, animations, Jpop, et le début d'un retour pour moi vers les jouets, avait fait table rase de beaucoup de choses qui constituaient ma vie, depuis très longtemps pour certaines : les jeux vidéo, les comics, même la musique. En larguant tout ça fin 94, je signais un nouveau bail. Je retrouvais ma ligne, du temps de libre et, grâce au Minitel, les nanas reprirent logiquement une place importante dans ma vie. Tout comme on ne peut pas travailler dur et avoir une vie de famille satisfaisante, les Japonais et les Allemands en sont l'exemple même, on ne peut pas baiser et jouer. Il faut choisir. C'était tout vu et en me remettant à la besogne, je me demandais comment j'avais pu préférer tripoter un pad plutôt qu'une nana joliment pourvue.
J'ai revendu ma Super Nintendo en 96 je crois. Ma Master System et le ST allaient suivre le même chemin en 97 ou 98, je ne sais plus. C’est curieux, j’ai oublié toutes ces transactions. Je me souviens vaguement d’un RDV à Porte Clichy pour vendre en mains propres le ST et ses jeux. 200 balles le tout. La grande braderie ! A court de fric, et ayant de monstrueuses factures de minitel à payer à cause de mes chasses à la femelle, j’ai fait ça dans l’urgence. Je me débarrassais de mes machines et peut-être aussi de mon passé. J’ai toujours aimé casser mes anciens jouets préférés. Seule la Game Boy fut épargnée parce que mon père la squattait. Il découvrit lui aussi ce que c'était que de devenir accro aux jeux vidéo. Il était même devenu meilleur que moi à Tetris. Tout fout le camp !
On parlait sans arrêt de machines « multimédias », des PC lisant des « cédéroms » et s’en allant emprunter les « autoroutes de l’information ». On se souvient tous de ce battage médiatique avec ces mots bizarres mis à toutes les sauces et repris en choeur par des journaleux n'y comprenant rien. Je comprenais mal cet engouement. Pour moi, le PC, c’était un ordinateur de travail. Pour jouer là-dessus, il fallait être maso. D'ailleurs, rien n'était prévu pour cela. J’avais encore en tête le mode CGA de la fin des années 80, avec des couleurs criardes bleu turquoise et violet. Pour avoir la même chose qu’un banal 16bits sur PC, il fallait en acheter un valant presque trois fois le prix d'un ST. N’importe quoi. Et je ne parle même pas des commandes sous DOS, faisant passer le klingon pour une partie de plaisir...
Et puis, il y avait Internet. Depuis 1995, le mot courait. J'avais beau avoir pris ma retraite de tout ce bordel informatique, ça me démangeait quand même de voir ce que c’était que tout ça. Me liant d’amitié avec l’une de ces nouvelles connaissances, il me proposa de le suivre, un matin de 1996 ou 97, dans l’IUFM où il étudiait. Il me disait qu'il y avait une salle d’ordinateurs, tous connectés au Net, et c’était gratuit pour les étudiants. C’était trop tentant. Pour entrer, je me fis donc passer pour un étudiant… Quelle honte ! Mais qu’importe ! De toute façon, personne ne me demanda jamais rien. Pas de carte à sortir, pas de vigile à l’entrée, personne dans les couloirs, tout était ouvert. On entrait là-dedans comme dans un moulin.
Ce fut ma première rencontre avec Internet mais aussi avec un ordinateur dit « moderne ». J’avais encore mon œil habitué à l’Atari et la première surprise fut de constater à quel point l’image était belle et le curseur de la souris tout petit. Ben oui, les résolutions s’étaient améliorées depuis. Ah ces noobs…
On « surfait » sur des Power Mac je crois, puis sur des iMac l'année suivante, tous sous Netscape. L’iMac freezait assez régulièrement et comme Steve Jobs était
Mon premier site sur lequel je suis allé fut tout bêtement celui de la Nasa, pour voir des photos de planètes. On était loin des trucs de cul qui firent vendre tant d’ordinateurs. Ça et le téléchargement furent les sésames qui ouvrirent des millions de porte-monnaie dans le monde.
Je pris rapidement goût au Net et ne me faisait pas prier lors d’invitation matinale. On avait beau être au tout début du web, les sites poussaient comme des champignons après la pluie. On avait toujours quelque chose à voir. On manquait même d’idées. Overdose !
Avoir un site était le top de la modernité et de la branchouille et, bien évidemment, les artistes du monde entier embrayèrent de suite dessus. Un jour que la salle était bondée de monde, je décidais d’aller sur le site officiel d’un groupe d’idoles japonaises. En arrivant sur la page d’accueil de leur site, je fus accueilli par un bruyant « OHAYOOOOOOO ! » prononcé par les quatre gourdes aux dents de traviole. Un ange passa dans la salle...
1999 et après
Début 99, ma décision était prise, il y aurait un sac à puces chez moi cette année. A l’aide du catalogue Surcouf, que j’avais raflé lors d’une de mes premières visites dans ce temple du silicone avec un pote, je m’en allais consulter les offres. Tout un nouveau monde s’ouvrait à moi. Malgré mes connaissances provenant de mon Atari ST, je m’aperçus assez vite que cela ne servait pas à grand-chose. J’avais énormément de retard et tout avait tellement changé. Il y avait toujours une souris et un écran, mais pour le reste, j’étais largué.
Je n’avais pas trop d’argent, moins de 8000 balles, il fallait donc ne pas être trop exigeant. Après m’être tâté sur un PC IBM Aptiva sous AMD K6-2, processeur assez faible déjà à l’époque, puis avoir sérieusement envisagé d’acquérir un iMac (mais oui ! Son prix était un argument imparable), je me décidais pour un PC made in Surcouf livré clé en main à 7990 frs. Au menu, Pentium 2 450mhz, 64mo de ram, carte graphique 8mo, disque dur 6Go, moniteur 17 pouces, le tout sous Windows 98 Second Edition. J’allais devenir le maître du monde...
Le PC fut commandé au mois d’août en VPC. Une semaine plus tard, on me confirma par téléphone que le livreur passerait à telle date « dans la journée ». C’est vague…
C’est fou tout ce qu’on peut s’imaginer quand on attend quelque chose dont on a vraiment envie. Le livreur ne va pas trouver la rue, il va le livrer à la mauvaise personne, il a eu un accident, il l’a foutu dans un fossé, il l'a gardé pour lui etc. Ne pouvant donc sortir, j’ai passé ma journée à la fenêtre à scruter la venue d'une camionnette. J’étais encore loin du compte, c’est un type limite VRP, dans une toute petite voiture, probablement la sienne en plus, qui se ramena chez moi en début de soirée, genre 19h. Il monta tout d’abord le moniteur puis le PC en lui-même. Malgré l’ascenseur, il était tout exténué le pauvre chéri.
N’y connaissant rien du tout, je me demande encore comment j’ai pu me débrouiller pour brancher tout ça tout seul et surtout, que ça puisse fonctionner du premier coup. Je plains les gens qui furent dans mon cas et dont le PC ne fonctionnait pas ou mal à la première utilisation.
Tout de suite, j’investissais Internet. Le PC ne comportait rien pour ça, ce qui expliquait son prix relativement bas, mais j’avais anticipé en achetant le mois précédent un modem 56K externe bas de gamme et souscrit à Internet chez Free. J’avais rapidement reçu par courrier mes codes. Il ne restait plus qu’à réceptionner le PC. C’était comme recevoir la télécommande avant la télé…
Une fois le modem installé, le login et le mot de passe entrés, chose qu’il fallait faire à chaque connexion, tout fonctionnait impeccablement. J'ai vraiment eu de la chance. Le bruit de ce modem restera l’un des sons phares de cette époque chez beaucoup de gens.
La page d’accueil de Free montrait à cette époque le nombre de « freenautes » déjà inscrits. On était à peine 150 000 à ce moment-là... La souris pris la même place que celle de mon ancien ST, dans le coin de la table, à gauche. Mais je n’avais plus de tapis. Qu’importe ! Le bouquin de Windows 98, avec la clé du produit inscrite dessus, fera l’affaire en attendant mieux !
Je surfais sous Internet Explorer 5, qui venait juste de sortir. Quelle modernité !...
Cette première soirée d’Internet à domicile se passa dans une zone de distorsion temporelle où le temps n’existait plus. Il était déjà minuit ??
J’envoyais mails sur mails à toutes mes connaissances ayant une adresse, même à celles qui n’étaient pas des amis et souvent pour ne rien dire. Ou plutôt si :
- Salut, j’ai eu un PC !
Imbécile.
Le type qui m’avait formé à tout ça, et qui râlait avant pour venir chez moi, parce que c’était loin pour lui, débarqua sur mon invitation dès le lendemain de la réception de ce PC… ‘Sont marrants les gens. Il regarda mon acquisition avec un mélange d’envie et de dégoût. Avec son Pentium 1, son écran 15 pouces, son 33K, il m’était inférieur en tout et cela lui était insupportable alors que je n’étais pas là pour l’écraser, mais juste échanger et apprendre. On se crée soi-même ses complexes je crois.
Windows 98 oblige, j’eus mes premiers écrans bleus dans la semaine. « Erreur fatale ». Ça m’a fait flipper. Ça me rappelait les désagréables petites bombes de l’Atari ST. Je découvris tout seul la cause de ce premier bug. En plus de l’anti-virus offert, PC Vaccine un truc comme ça je crois, j’en avais installé un second, fourni sur le Cd d’installation de Free, le fameux Panda Antivirus. Entre le toubib et le mangeur de bambou, le conflit était inévitable… Une fois l’un des deux désinstallé, tout rentra dans l’ordre.
Un après-midi, en fouillant à l’aide du clic droit, je découvris qu’on pouvait changer les fonds d’écran, sans parler des thèmes (immondes), mais également s’amuser avec des économiseurs d’écran, dont la fameuse boule de verre. Ça m’éblouissait. J’avais encore un bon vieux fond d’Atari ST dans les yeux et ce genre de « prouesse technologique », façon démo, m’épatait…
Les mails prirent rapidement une place capitale dans ma vie. Configurer Outlook Express n’était pas une mince affaire à ce moment-là, surtout quand on n’y connaissait rien du tout comme c'était mon cas et ce n'était rien de le dire. Pour preuve, quand l’assistant évoquait le « client mail », je croyais qu’il parlait de moi…
Ces histoires de POP et de SMTP étant trop compliquées pour un noob comme moi, je laissais tomber tout ça pour me centrer sur des bals externes. Celle de Free, mais aussi une créée sur Yahoo et qui me sert toujours de mail quasi principal à l’heure actuelle.
Je découvris également les joies du téléchargement. Mon premier mp3 fut topé fin 99 sur un obscur serveur de P2P baptisé « Simba ». 20mn de téléchargement pour à peine 4mo. Et comment oublier l’intense émotion de revoir certains des épisodes les plus fameux de Goldorak ? Le robot de l’espace fut recherché dès mes premières connexions et les sites sur lui existaient déjà. Mais les épisodes manquaient. Cet oubli fut rapidement comblé par la générosité d’une nana qui mis à disposition ses enregistrements issus des dernières diffusions dans le Club Dorothée. A l’époque, la plupart des vidéos tournait sous Real Player.
Chaque épisode proposé tenait sur 5mo. 5mo pour 20mn. Imaginez la qualité et le son… Et pourtant, j’en avais presque les larmes aux yeux devant certains épisodes que je n’avais pas revus depuis des années. Pentium 2 oblige, je pouvais mettre tout ça en plein écran sans que ça rame, mais ça n’améliorait pas la qualité qui était épouvantable. Alors, pour palier à ça, je me reculais au maximum. Là, ça allait à peu près… Je regardais ces gros pixels baveux, en écoutant ce son compressé à mort, et je me disais que c’était formidable parce que les épisode étaient à moi. Je repensais au gamin que j'avais été et qui avait vu cet épisode à la télé des années auparavant sans pouvoir l’enregistrer, un visionnage en direct, juste sa mémoire en guise de magnétoscope ensuite. Là c’était bel et bien fini, je pouvais revenir sur un moment fort comme je le voulais. Magique!
Emmené par cette nouveauté, je doublais mes factures de téléphone déjà salée à cause du minitel ; minitel que j’avais rendu dans la semaine qui suivie l’arrivée du PC d’ailleurs, découvrant que je pouvais l'émuler directement. Mes chasses à la grognasse pouvaient donc continuer. J’ai reçu des factures de 4000 frs à cause de tout ça. J’ai bradé tout ce qu’il me restait de mon « ancienne vie » pour les régler : BD, bouquins, Cd, K7 audio et vidéo, fringues...
Le choix des FAI était multiple à ce moment-là, on se souvient des Freesbee, Club Internet, LibertySurf, WorldOnline, Respublica etc. La plupart ont été rachetés depuis ou ont coulé tout simplement. Certains se souviendront aussi de One.Tel qui lança une offre Internet « illimitée » qui ne l’était pas. Des gens se sont retrouvés avec plusieurs briques de facture de téléphone à la sortie à cause de ces enfoirés. Je n’ose imaginer si ça m’était arrivé.
Les hébergements étaient de rigueur chez Multimania, Tripod ou Geocities, avec souvent moins de 10 Mo alloués et une limite de bande-passante mensuelle. Tout cela sonne vieux désormais.
Tout comme les FAI, on avait également nos moteurs de recherche favoris suivant la personne. Il y a eu une vie avant Google. J’ai longtemps tourné sur Yahoo puis Lycos que je trouvais performant. Va chercher!
Je n’avais pas acheté ce PC uniquement pour Internet mais aussi pour continuer mes fanzines et, cette fois-ci, avec un vrai matos digne de ce nom. Dans le colis du PC m’attendait un traitement de texte qui me fit de l’usage : le Corel Word Perfect 8. J’avais pour lui de beaux projets.
Les jeux vidéo reprirent une petite place chez moi. Non pas des jeux PC, car le mien était bien trop faible pour les faire tourner, mais de par l’émulation à laquelle je fus initié dès le premier mois qui suivit la réception de mon PC. En effet, on m’apprit que je pouvais jouer à des anciens jeux ST, Super Nintendo, Master System etc. sur mon PC. Des imitations ? Non, la même chose. Après tout, l'émulation existait déjà sous ST, on pouvait émuler le Mac à l’aide du programme Jade si je me rappelle bien. Ce fut une découverte majeure, tout d'abord avec la Super Nintendo. J’avais accès à tous les jeux déjà sortis. Je retrouvais les miens, ceux que j'avais vendus quelques années auparavant une poignée de clous, mais aussi ceux que je n'avais pas pu acheter ou tout simplement que je n'avais pas voulus ou que je ne connaissais même pas. Je me rappelais de ces après-midis passés au Virgin Megastore à choisir péniblement UN jeu parmi les dizaines devant moi. Je n’avais pas droit à l’erreur car je pouvais en acheter qu’un seul. Là, je n’achetais rien et j’avais accès à tout. Séance de rattrapage ! N’ayant pas de joystick à ce moment-là, je jouais au clavier.
J’étais une brelle en PC mais j’apprenais. Doucement. Et il y a quelque chose qui vous fait apprendre encore plus vite, ce sont les problèmes techniques. On dira ce qu’on voudra mais se mettre les mains dans le cambouis, ça fait gagner des points d’expérience, même si on s'en passerait bien sur le moment. Vers mars ou avril 2000 je ne sais plus, le PC déconna. J’avais des écrans bleus presque sans arrêt. C’était une panne très agaçante. Le PC tenait sur trois pattes. Il pouvait tourner pendant des heures sans problème et planter sans raison la minute suivante. C’était invivable.
Après une visite de mon pote expert qui me déclara ne rien pouvoir faire, je m’en allais, résigné, avec mon PC d’une dizaine de kilos sous le bras, mais toujours sous garantie, à Surcouf, rue Montgallet. Il y a toujours eu des gens dans ce coin-là avec un ordinateur dans un sac ou un caddy. Ceux-là, on sait que c’était direction le SAV !
Je confiais le mien à leur bon soin. Ça me rappelait ma panne Atari dix ans plus tôt. Il se passa un bon mois avant que je ne retrouve mon PC, que je dus aller chercher encore tout seul, à la force des bras. Je n'ai jamais su ce qu'il avait eu, un problème de mémoire sans doute. Mon disque dur n'avait pas été effacé, c'était déjà ça.
Toujours dans l'apprentissage, mais plus tard, fin 2001, j'appris tout seul, un dimanche soir, comment formater mon disque dur pour y réinstaller Windows après qu'il ait planté pour de bon. La belle soirée... On est tous passés par là. Petits jeunes qui me lisez, bénissez la restauration qui vous remet tout au propre en un clic.
Malgré la connexion faiblarde, j’avais tout de même un petit paquet de fichiers qui prenait de la place et je n’avais que 6go. De plus, pour partager, c’était pas évident. J’investissais donc dans un lecteur Zip et ses fameuses disquettes, « zipettes », mot que j’ai toujours trouvé ridicule, de 100mo chacune. Enfin, 95 une fois formatées…
Ce lecteur, dont je fis même acheter un exemplaire à ma nana de l'époque, me fut d’un grand secours car je venais de découvrir un excellent programme qui allait doubler, voire tripler, ma liste de fichiers et m’accompagner jusqu’en 2007 : MusicMatch. Il permettait de « ripper » les Cd audio et de les transformer en petits mp3 de qualité variable. Dans la version de démo obtenue, je ne pouvais monter que jusqu’à 96kbp/s. C’était trop juste. Les chansons semblaient comme avoir été enregistrées dans une boîte métallique. Pour aller au-delà, il fallait acheter la licence. J’y ai songé, jusqu’à ce qu’on m’apprenne qu’il fallait simplement entrer une « clé-produit » dans le programme pour le débloquer. C'est quoi une « clé-produit »? Une suite de chiffres et de lettres. Il suffit de la chercher sur le Net. Ah bon. Bon, on cherche. Et on trouve. On entre la suite et paf ! MusicMatch pouvait enfin encoder en pleine qualité! C'était si simple. Je venais de forcer la porte de la banque, les coffres étaient à moi !
J'avais mon plan. De suite, je m’inscrivais à la discothèque municipale de mon quartier. En l’espace de trois mois, et pour le prix d'un seul Cd en guise d'adhésion, je retrouvais virtuellement presque tous ceux que j’avais revendus quelques années auparavant. Ils étaient là sans l'être. Ça prenait bien moins de place en mp3, le son était le même et quelle rapidité pour les écouter, accéder à un moment de la chanson etc. Ça n'avait que des avantages.
Ils m’ont souvent vu dans cette discothèque, plusieurs fois par jour parfois. Je venais, choisissais, empruntais, rentrais, rippais, rangeais, repartais, rendais, réempruntais, repartais, rerentrais, rerippais etc. Je n'avais même pas le sentiment de voler quelque chose vu que j'avais acheté tous ces Cd auparavant, souvent au prix fort. Et comme en plus l’une des nanas travaillant là-bas m’avait tapé dans le slip, c’était double plaisir pour moi que d'y aller. J’appris également, et de par sa jolie bouche, qu'emprunter des Cd comme ça dans une discothèque et les copier chez soi, ce que tous les gens bossant dans ce lieu faisaient également m'avoua-t-elle en bonus, était parfaitement légal ! Vous copiez le Cd d'un ami, c'est interdit. Vous copiez le même venant d'une discothèque municipale, c'est autorisé ! Une absurdité de plus dans nos lois.
Pour lire tous ces fichiers audios, Winamp se révéla le programme parfait et devint mon lecteur de référence et, encore aujourd’hui, c’est lui qui lit tous mes fichiers audio et autres playlists dans sa version « lite ». Exit les usines à gaz façon iTunes. De toute façon, pas d’Apple chez moi.
Mai 2001 je crois, coup de fil chez moi de Wanadoo, "de la part de France Telecom"… Un type se présente et me sort son baratin commercial.
(...) Nous avons constaté que vous faites une très grande utilisation d’Internet.
Sans blague ?
- Seriez-vous intéressé pour souscrire à une offre ADSL ? C’est Internet ultra rapide, 512k, et illimité ! Votre département, le 92 , sert de pilote en plus pour ça.
Donc, en première ligne pour les emmerdes… Malgré tout, en ayant assez de recevoir des factures de malade tous les deux mois, et ayant quelques personnes autour de moi déjà en ADSL m'ayant dit à quel point c'était formidable, je dis oui. Je ne me souviens plus du prix mensuel, sans doute 25€.
Je reçus rapidement le matériel qu’il fallait pour cela, à savoir le modem Speedtouch, la fameuse « raie manta » qui en a marqué plus d’un. Je trouvais ce design très étrange et je n'aime pas trop ces formes bizarres car, à ranger ensuite sur un bureau ou dans une étagère, c'est pas toujours simple. Quand c'est un petit boîtier carré, ça passe toujours mais dès qu'on sort de cette forme, hum... On se souvient de cette connerie de Nabaztag. Mais bon, qu’importe ! Tant que ça marche, le modem peut bien ressembler à une limande ou un pommeau de douche…
Ma ligne ADSL ne devait s’activer qu’à tel jour à minuit pile. J’avais deux semaines à attendre je crois. J’attendis donc. Trois jours avant cette date fatidique, mon modem 56K, le troisième que j’avais depuis 1999, grilla. C’était un signe. Le changement d'une époque.
Le jour J arriva enfin et à minuit pile, je lançais la connexion. Tout fonctionnait, et quelle rapidité ! C’était ahurissant. Plus de limites, plus d’attention portée à la facture. On avait tous, ou presque à ce moment-là, un programme qui contrôlait notre consommation en temps réel. Terminé ! Ce fut désinstallé avec un rare plaisir !
Mon premier téléchargement sous ADSL fut un épisode de Goldorak de 80mo, chose que je ne pouvais me permettre avant. Il fut topé en moins de 20mn devant mes yeux ébahis. Je voyais la barre de téléchargement se remplir « rapidement », même si aujourd’hui, 80mo en 20mn, je trouverais ça très lent.
Les ports USB étaient capricieux avec ma carte-mère. Il arrivait que le modem ne s'initialise pas lors du démarrage, il fallait donc redémarrer, parfois 3 ou 4 fois de suite...
Je pus également m’initier au chat en direct avec ICQ, qui était le rival N°1 de MSN à l’époque. Je l'appréciais pour une raison bien simple, le transfert de fichier reprenait en cas de coupure.
C’était un nouvel Internet que je découvrais avec cet ADSL. Paradoxalement, en allant plus vite, je pus prendre mon temps. Tout ce que je ne pouvais pas faire avant, je le faisais cette fois-ci. Je pus déjà mettre à jour mon Windows 98 par les updates, chose que je n’avais jamais faite avant. Télécharger un patch-rustine d'1mo en 56K, et bien c'est chiant. On préfère utiliser ce temps à autre chose. Là, c'était bien fini. Je pus même passer au DirectX 6...
Je me mis à utiliser le programme WinMX. C’est grâce à lui que j’ai pu retrouver quasiment tous les Cd qu’il me manquait, sans parler de nombreuses chansons « à la pièce ». Avec un pote qui avait sa propre boîte, on laissait tourner son PC de boulot toute la nuit pour télécharger albums et films complets. J'ai toujours dit que pour endiguer le piratage, il fallait supprimer l'ADSL et revenir au 56K. Chose impossible évidemment mais c'est pourtant la solution.
Malgré la découverte du Torrent en 2002, je continuais d’utiliser WinMX jusqu'à ce que ses serveurs soient bloqués par décision juridique. Je l'ai bien regretté.
Les disquettes Zip de 100Mo étaient bien gentilles mais avec l'ADSL, et l'arrivage massif de gros fichiers, elles étaient devenue trop justes. Il fallut passer à quelque chose de plus gros pour stocker, et l'idéal, c'était le graveur de Cd à ce moment-là. Pour cela, j'ai bénéficié d'un énorme coup de pot chez Surcouf. Ils vendirent un graveur Toshiba interne à moins de 600 frs et qui faisait également lecteur de DVD. Je pense qu'ils ne le savaient même pas eux-mêmes sinon, ils ne l'auraient jamais vendu à ce prix-là, surtout en 2001.
Si le lecteur DVD a peu tourné, le graveur de CD, lui, a salement chauffé! Acheter des Cd vierges, c'était bien gentil mais par boîte de 10, ça revenait assez cher, surtout que les programmes de gravure étaient parfois capricieux à ce moment-là et on bousillait facilement deux ou trois Cd dans le lot. Il valait mieux les acheter par 100 et pour cela, les Chinois de Montgalet à Paris nous donnèrent un sacré coup de main! En effet, dans leurs (nombreuses) boutiques, ça magouillait sec et ils vendaient des piles de Cd Verbatim par 100 pour moins de 45€, boîtiers inclus. Forcément, c'était du black, ils ne déclaraient rien, pas de TVA etc. Ils pouvaient vendre ça en dessous du prix. Jusqu'à ce que Surcouf, situé plus loin, n'en ait ras le bol de cette concurrence déloyale et n'appelle la maréchaussée qui fit une descente musclée en 2006 chez les Chinois. Pendant ces quelques mois de prix ridicules, j'en ai bien profité, leur achetant des tonnes de ces Cd pour sauvegarder jusqu'à l'obsession (sauvegarde de sauvegarde de sauvegarde...) pour finalement tout foutre à la poubelle des années après... Un gâchis affolant.
Jacques Atari- Interne
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wulf- Patient incurable
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Re: Bonjour les gens!
M'est avis que tu devrais recopier ton histoire dans la partie Micro ou Dr. Fanatiques du forum, car je suis pas certain que beaucoup de gens viennent sur les pages de présentation.
Soliris- Patient incurable
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Re: Bonjour les gens!
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Nephilim- Patient contaminé
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