Laser Squad, l’avant XCOM (Spectrum, C64, MSX, CPC, Amiga, ST, DOS)

[Cormano]

Laser Squad

Designer & Programmer : Julian Gollop

1988: ZX Spectrum, C64, MSX
1989: CPC, Amiga, ST
1992: MS-DOS



Grand fan de XCOM, des tous premiers aux plus récents, je me suis lancé dans la découverte de leur ancêtre, Laser Squad. Contrairement à la célèbre série dont il est le précurseur, il n’y a pas ici de phase de gestion, il s’agit donc d’un pur jeu de combats tactiques au tour par tour, ce qui n’est pas pour me déplaire car c’est la partie que j’ai toujours préféré.

Le jeu a pour contexte un thème S-F dans lequel on joue les rebelles (mais pas forcément, voir plus bas) en lutte contre les corporations de l’Empire. Pour résumer le principe : on choisit une mission, on équipe nos troufions (de 5 à 8 selon les cas), on les place sur le terrain, et c’est parti pour « le film dont vous êtes le héros » qu’on va se jouer dans nos têtes !

Ci-dessous, la map d'action principale, l'interface en phase de tir, et la map globale de la mission:







Ce jeu est juste fou, d’autant plus si l’on pense qu’il s’agit d’un titre créé originellement pour ZX Spectrum (j’y joue sur C64 par commodité, mais il n’apporte rien de plus, même au niveau des graphismes). Jugez plutôt ces quelques features, en vrac :

- Les attaques d’opportunités : pendant la phase d’action de l’adversaire, si un soldat repère une unité ennemie, il peut l’attaquer instantanément s’il a économisé précédemment suffisamment de points d’action. Fonctionne pour les 2 camps.

- Les champs de vision : chaque unité dispose d'un angle de vision qui s'étend à 45° depuis l'avant. On peut voir à travers les fenêtres ou les portes ouvertes, et des éléments de l’environnement masquent au contraire les ennemis.
Fonctionne pour les 2 camps.

- Chaque unité a ses propres stats (8), l’équipement qu’on lui fournit, des points d’action affectés par son encombrement, …

- Gestion des munitions : penser à s’équiper au départ, à en récupérer sur les cadavres, à recharger ses armes.

- Gestion du moral : Le moral d'une unité est affecté si des unités amies sont éliminées ou si elle est blessée. Si une unité panique, elle peut échapper au contrôle du joueur. Le moral des droïdes n'est jamais diminué.

- 3 modes de tir, plus ou moins précis et létaux, et qui consomment plus ou moins de points d'action. On peut par exemple, avec le moins précis, indiquer 2 points de tirs qui vont faire une sorte de balayage sur la zone.

- Un arsenal conséquent et des combats gérés par plein de données : chaque arme dispose de plus d’une quinzaine de caractéristiques (poids, dimension, dégâts selon les situations, etc, …), la prise en compte des aptitudes de nos soldats, du type de tir choisi, de la défense de l’ennemi… Les calculs sont très complexes, mais au final ce qui compte c’est surtout l’expérience et le bon sens.

- Une intelligence artificielle de qualité : à bas niveau, les ennemis tendent à foncer sur nous en masse, alors qu’à haut niveau ils vont plutôt chercher à nous attaquer sur plusieurs fronts, à profiter des couvertures offertes par la map. Si on laisse une porte ouverte, ça éveille les soupçons des gardes qui passent par là, ...

- Destruction de l’environnement : avec des grenades, explosifs, roquettes, on peut faire péter des portes, des murs, et en gros tous les objets du décor.

- Missions et objectifs variés : assassiner un marchand d’arme de la corporation dans sa villa, infiltrer une base lunaire pour faire sauter des centres de données, libérer des alliés dans des mines, …

- Multijoueur asynchrone : on peut jouer à 2 en hotseat chacune des missions, les rebelles pour l’un et l’empire pour l’autre, avec leurs propres objectifs. Cette modalité est juste énorme !

…

Mais au-delà de toutes ces features étonnantes pour un jeu de 88, le truc vraiment ouf, c’est l’immersion incroyable qu’il offre.

Je parlais plus haut d’un « film dont vous êtes le héros », et c’est vraiment ça : faire progresser ses petits gars prudemment, élaborer des stratégies en exploitant la map, monter des embuscades, le tout en s’occupant des moindres détails, le jeu étant très accès micro-management, procure une véritable implication immersive. La liberté offerte au joueur renforçant encore cette dimension : exploiter les tirs d’opportunité pour contrôler un point de passage, tirer sur un objet inflammable pour le faire exploser en détruisant toutes les unités à proximité , ou encore ce qu'on appelle la « patate chaude » : programmer un timer sur une grenade et la passer de main en main à nos unités avant de le lancer à la face d’un ennemi, … L’imagination et la créativité sont à l’honneur.

Alors oui, sur bien des plans il est génial… mais il se mérite, car il faut en vouloir, surtout au début, pour passer outre les défauts inhérents à son grand âge :

- Évidemment pas de tutoriel, mais même en lisant le manuel, beaucoup de mécaniques restent opaques, et c’est finalement sur le terrain, après quelques parties qu’on commence à l’avoir en main. Perso il m'a fallu une à deux heures pour vraiment commencer à m'amuser.

- L’interface est rugueuse : on a pas un visuel immédiat de toutes les données importantes, il faudra entrer dans des menus pour voir par exemple combien de munitions il nous reste, au départ c’est pas clair. Et surtout on a pas le droit à l’erreur, une fois cliqué c’est trop tard (il m’arrive fréquemment de me planter), ou encore dans la phase d’équipement, on file nos armures aux gars, puis on les arme, mais si après coup on veut modifier l’armure c’est trop tard.

- Le plus gênant sans doute : on ne peut voir les stats de nos unités qu’une fois sur le terrain, après les avoir équipées ! Au bout d’un moment on les connaît puisque ça reste les mêmes pour chaque mission mais c’est pas franchement player-friendly.

- Les déplacements façon char : on fait pivoter nos personnages de 45° avec droite / gauche, et on avance / recule avec haut / bas, que ce soit au clavier ou à la souris. Perso ça ne me déplaît pas, mais c’est old-school.

- La représentation de nos unités : elles sont toutes pareilles. Rapidement ce n’est plus un soucis de savoir qui est le Caporal Jonlan ou le droide Barker, mais un peu de personnalisation n’aurait pas été un mal.

- Enfin un mot sur les graphismes et sons, c’est sans doute le plus beau jeu sur Spectrum mais pour les autres plateformes c’est le minimum syndical, mais personnellement j’aime bien ce côté minimaliste qui laisse place à l’imagination, et en tout cas c’est bien lisible. Les sons sont sympas, pas de musique ingame par contre, mais c'est sans doute mieux ainsi.

En conclusion Laser Squad est un jeu old-school qui peut faire le bonheur des amateurs de jeux tactiques façon XCOM ou Jagged Alliance, ses descendants, s’ils ne sont pas rebutés par son côté rugueux. Personnellement je trouve que cet aspect rétro lui apporte un charme, et contraste avec la profondeur de ce qu’il offre. En tout cas je m’y éclate énormément, voire plus que sur pas mal de jeux tactiques modernes.

[Arthesis]

Merci, je ne connais pas bien les jeux sur ces plateformes. J'aurai certainement adoré y jouer à l'époque.