THE CROW : 30 ans déjà !

[dami1]

En ce mois de mai, nous célébrons les 30 ans du meilleur film de tous les temps : The Crow.
À titre personnel, ce long-métrage m’a laissé une trace indélébile, d’autant que j’ai eu la chance de le découvrir à un âge anormalement jeune, lors de sa sortie. C'est en découvrant pour la première fois Mad Movies alors happé par la couverture de TOUT ce que je regarde à la télé (Loïs&Clark, Robocop, Batman) que je prend connaissance de l'arrivée prochaine de ce film.

Le film est alors "seulement" interdit aux moins de 12 ans mais grâce au mensonge d'un proche, je parviens à rentrer dans la salle (j'ai 10 ans, et franchement, rien à foutre du film sur les Pierrafeu qui passe au même moment). 

À la sortie, c’est un choc traumatique. Je n’ai pas la maturité qui permet une analyse filmique mais je comprends aisément que je viens de voir quelque chose d’atypique, et que le long-métrage possède d’indéniables qualités. Malgré son histoire simpliste (un musicien revient d’entre les morts pour venger son meurtre et celui de sa fiancée, la veille de leur mariage), sa morale  résonne fortement en moi puisqu'ici le protagoniste exécute froidement une vengeance largement compréhensible. La force du récit est donc d’investir le spectateur dans une vendetta parfois âpre mais paradoxalement juste.

Evidemment, le film aura un écho particulier à cause du drame qui aura émaillé son tournage avec le décès de Brandon Lee. Nous sommes alors en mars 1993, et ce rare cas de comédien décédé lors des prises de vue alimentera toutes les rumeurs, d’autant que, comble du hasard, ce drame intervient alors que le monde célèbre les vingt ans de la mort de Bruce Lee. Plus surprenant, quelques mois après l’accident, on découvre dans les salles de cinéma le biopic Dragon : l’histoire de Bruce Lee, produit par Universal, qui inclut une scène prophétique tournée presque un an plus tôt, où Bruce doit défendre son jeune fils contre un démon censé représenter une malédiction familiale.

En outre, la disparition de Brandon résonne étrangement avec l’œuvre dont s’inspire le film. The Crow, le comics a vu le jour parce que son auteur, James O’Barr a voulu exorciser un drame personnel (la disparition de sa fiancée dans un accident de la route). The Crow, le film a finalement vu le jour parce que la famille du comédien a voulu que le long-métrage soit finalisé dans un dernier hommage.

La résonnance schizophrénique est d’autant plus importante quand on compare le sort du héros fictif (Eric Draven) avec celui du comédien qui, lui aussi, reviendra d’entre les morts grâce à la magie du numérique. Le spectateur est donc condamné à voir la silhouette fantomatique de Brandon Lee revenir à la vie, puis re-mourir après 1h40 dans une boucle cinématographique intemporelle. En outre, si Eric Draven est assassiné la veille de son mariage, le comédien perd la vie deux semaines seulement avant l’officialisation de son idylle. Raison pour laquelle le film est dédicacé à Brandon et Eliza, sa fiancée d’alors.

Pourtant, si le film ne peut s’émanciper de ce drame, il est simpliste de ne le résumer qu’à ça. Malgré son faible budget initial, le film parvient à réunir un casting qui pue le charisme. Pour le reste, le long-métrage est, en 1994, plus qu’inhabituel. Visuellement, c’est sombre, l’ambiance est lourde, et le rythme est comparable à celui d’un énorme clip-vidéo...mature. En outre, l’atmosphère très rock, mélange d’heavy-metal et d’indus, relativement absente des productions cinématographiques, renforce la noirceur et la furie de l'oeuvre. 

Phénomène en salles puis, en vidéo, The Crow sera une puissante influence pour la majorité des films d'anti-héros qui débouleront par la suite (Spawn, Batman de Nolan...) et pour le fantastique en général (revoyez Matrix et Trinity) assujetti à l'obligation de franchise : quatre films, une série et un remake aux qualités disparates, des livres, des comics qui revisitent l'histoire originale ou qui proposent des histoires alternatives...

Reste que 30 ans après, le film d'Alex Proyas reste un GRAND film fantastique à la mise en scène résolument moderne qui tranche avec beaucoup de productions contemporaines sans âme. 

De votre côté, qui a vu le film ?
Quel souvenir en gardez-vous ?

[tilou]

j'étais allé au ciné le voir a sa sortie et la BO m'a accompagné un bon moment

[dami1]

Gros carton à l'époque cette b.o.

Il la réédite justement en vinyl !

[Paradis]

Ce film me rappelle pas mal d'émotion et aussi pas mal de frayeur.
J'étais tout jeune opérateur (Ciné) et c'était une de mes premières projections seul, en tout cas avec autant de monde dans la salle. 
C'était une 900 places, qui pour ce film était archi blindée.
Faut savoir qu'à l'époque, on travaillé avec du 35 mm (pellicule) et les incidents n'étaient pas rare du tout. Du coup, ce soir-là, grosse pression. J'en est étais malade plusieurs jours avant la projection. 
Cette belle époque, ou les salles fonctionnées encore à plein régime 

Perso, ce titre m'évoque beaucoup de choses au-delà du film en lui-même. Très bon souvenir ... rétrospectivement 

En parlant de la BO, j'ai d'ailleurs tjs le CD offert par le distributeur aux opérateurs.

[dami1]

Le charme de la pellicule 35mm...
En tout cas, le distributeur était bien sympa d'offrir un cadeau comme celui-là !

[Kulten]

30 ans... vu deux fois à sa sortie. TOUT est bon dans ce film. J'ai aussi un coffret DVD collector chez moi. RIP Brandon Lee, et bravo à lui, à Michael Wincott, à david Patrick Kely, à Hernie Hudson, vous êtes de sacrés comédiens. Hands up pour la team des effets spéciaux. Ah ! et j'avais aussi ce numéro de Mad Movies.

[dami1]

À noter, la sortie limitée du film en salles pour les 30 ans...

[Paradis]

Elle a de bons arguments   



Dsl 

[dami1]

Pourquoi être désolé ?! 

[dami1]

Pour ceux que ça intéresse, The Crow est sorti ces derniers jours en Blu-ray 4K dans le cadre de son 30ème anniversaire. Il s'agit là d'un petit évènement, puisque le film restait inédit en blu-ray en Europe ! Seul, un BR avait vu le jour sur le sol britannique en 2007 par EIV. Il s'agissait alors d'un upscale du dvd et des bonus de 2002. Mouais.
En outre, l'intérêt de cette nouvelle édition est son master, supervisé par Dariusz Wolski, directeur de la photographie sur le film.

En France, ce 4K eu droit à trois éditions : une édition standard (voir au-dessus), et deux steelbook dont l'un est exclusif à la Fnac (celui que j'ai choisi). Dans cette version, deux disques sont proposés : un BR standard ne comprenant que le film et un "GROS" BR comprenant le film en 4k et tous les bonus.

Unboxing (sans blabla inutile) que j'ai trouvé sur YT:

Côté bonus, le disque propose du vieux et du neuf :

Côté anciens, nous trouvons :

- Un Profil sur James O'Barr
- Scènes Étendues

- Commentaire Audio du Producteur Jeff Most et du Scénariste John Shirley

- Bande-annonce                                                                 
Des bonus qui accusent leur âge aujourd'hui puisqu'ils étaient là dans le double DVD de 2002. On regrettera l'absence de toutes les bandes-annonces et teasers américains d'époque.


En revanche, nous trouvons deux gros bonus issus du BR de 2011 distribué par Lionsgate aux Etats-Unis et resté inédit chez nous: 
- Commentaire Audio du Réalisateur Alex Proyas

- Montage de Séquences Supprimées
Proyas, qui pendant longtemps ne voulait pas voir le film, avait manifestement fini par céder. En outre, les trois scènes supprimées témoignent de la violence du long-métrage qui avait dû se soumettre à la censure sous peine d'être classé "x".

Les deux nouveaux bonus sont à relativiser :
- NOUVEAU "Ombres et Douleur : Concevoir The Crow"
   - "Anges Tout Feu : Naissance de la Légende"
   - "Sur un Sol Sacré : Le Royaume Extérieur"
   - "Épave Tordue : Les Espaces Intérieurs"
- NOUVEAU "Figurines Sideshow : Une Interview avec Edward R. Pressman".
Le premier, "Ombres et douleur" est un témoignage plus qu'intéressant d'Alex MacDowell, chef décorateur sur The Crow (ayant bossé par la suite sur Fight Club, Minority Report, Watchmen, Man of Steal...) en trois parties dont la durée totale n'excède pas trente minutes.


Par contre, l'entretien avec le regretté Pressman, frôle le foutage de gueule tant celui-ci ressemble à un placement de produit et surtout, est déjà disponible sur YT sur...2021 !

Côté film, n'ayant pas de téléviseur 4K, je ne sais pas ce que donne le long-métrage dans ses pleines capacités. Néanmoins, selon certains, le noir paraît moins sombre que sur le BR standard, ce qui ne manque pas de décevoir. Mais, c'est sans doute, à la sensibilité de chacun.

Au final, voir le film en BR et dans une copie numérique de haut standing est un petit bonheur. À une époque où certains film se vautrent dans leurs versions 4K (coucou James Cameron), The Crow parvient à honorer son statut de film culte. Toutefois, 30 ans après, il est pénible de ne pas avoir entre les mains, ce qui ressemble à une version définitive. Certains bonus du DVD de 2002 ne sont plus là (story-board, gallerie...), nous n'avons toujours pas les deux clips vidéos (Helmet, Jane Siberry), ni le making of se trouvant sur la VHS sortie 1995.

[skwi51]

Moi je l'ai vu bien des années plus tard (fin 90) quand je regardais les films de Bruce Lee et grâce à certain magazine la tragédie (de lui et) de son fils et ma curiosité à fait le reste. 
Je n'ai hélas pas beaucoup de souvenir du film à part... les corbeaux 
Je vais me le re-mater.

Sinon petite mention à la couverture du Mad Movie qui est classe avec ce qui se faisait de mieux quand on est gosse (surtout Batman animated dans mon cas)

[Arthesis]

Vu à l'époque et revu il y a 3 ou 4 ans.
Très belle histoire, et triste pour l'acteur...

[dami1]

Ressortir les "vieux" films en salles pour en faire profiter les jeunes générations et les nostalgiques. C'est peut-être ça, l'avenir des salles...